Chapitre 51

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Point de vue Charles Leclerc.

Juillet 2022, Monaco

-Qu'est-ce que tu veux dire elle va revenir.

-Elle t'aime, elle va revenir.

-Tu agis comme si tu savais un truc que j'ignore .

Suite au diner que nous avions eu avec maman après le grand prix de Monaco, j'avais placé mes pions de manière stratégique pour récupérer Noa. Arthur devait lui rappeler le plus souvent possible que le fait que nous nous remettions ensemble était inévitable, Nathan devait s'assurer que j'ai toutes les informations dont j'avais besoin pour lui envoyer les bouquets de fleurs, Sissi m'avait permis de la revoir à Londres. Lorenzo ne m'avait pas aidé. Il n'avait rien dit ni fait  de particuliers, pour me mettre des bâtons dans les roues non plus, mais il n'avait pas bougé. J'étais donc sceptique. Qu'est-ce qui lui permettait de me promettre qu'elle allait revenir, s'il ne savait pas quelque chose que j'ignorais ?

-Je sais quelque chose que tu ignores, il dit avec la même honnêteté que plus tôt. Mais tu vas devoir me faire confiance. Vois ça comme ma manière de m'excuser de m'être mêlé de ce qui ne me regardait pas.

-Je veux savoir.

-Je peux pas te dire.

-Lorenzo, tu peux pas me laisser dans le flou comme ça.

-Elle va revenir, c'est tout ce que tu dois savoir, il dit en me tendant la cuillère.

Ces mots ne me rassurent pas du tout. Au vu du peu d'interaction entre lui et Noa et de son désamour pour la chanteuse d'opéra, le fait qu'il ait trouvé un terrain d'entente était non seulement surprenant, mais aussi inquiétant quoiqu'il ce soit passé ça devait être grave.

-On se ferait pas les pâtes aussi ? Il changea de sujet. Elle m'a donné des instructions pour les réchauffer. Elle rigole pas avec la bouffe ta meuf.

Je secouais positivement la tête alors que je déplaçais le reste de tarte pour me permettre de mettre la table. 

-Faut lui dire. Si la musique ça marche pas, elle peut ouvrir un restaurant. Je crois que c'est les meilleures pâtes que j'ai mangé de ma vie.

-Tu lui diras toi-même, puisque de toute évidence à toi elle te parle, je répondis incapable de retenir l'aigreur dans ma voix.

J'étais jaloux. Noa et moi étions ensemble, mais au cours des derniers mois elle avait plus parler avec Arthur qu'avec moi et désormais même Lorenzo avait ses faveurs. Lorenzo. Pendant que je devais encore et toujours faire preuve de patience. Je n'avais pas envie d'être patient. Je voulais qu'elle revienne et qu'elle le fasse immédiatement.

-Je vais rien lui dire. Elle se sentirait plus pisser après. Je pense c'est mieux si on continue de se déteste cordialement.

Nous terminâmes le repas en silence. Mon humeur sombre m'empêchant d'être d'une compagnie agréable.

Quand Lo finit par quitter l'appartement, je me retrouvais seul avec mes pensées sombres. Je ne comprenais pas. Que ce soit le comportement de Lorenzo, qu'il soit passé de « je ne peux pas me la voir » à « c'est mieux si on continue de se détester cordialement » était un pas en avant phénoménal, qui avait nécessairement une origine qu'il avait refusée de me partager. Puis, le comportement de Noa. Pourquoi être venu jusqu'ici pour me faire à manger si elle ne voulait plus jamais entendre parler de moi, s'il n'y avait plus rien à sauver entre nous ? Mais pourquoi partir, alors que j'en étais persuadé, elle m'avait vu ? Quelque chose était forcément arrivé, que ce soit, entre maintenant et Londres ou avant même que l'on se retrouve à Londres. Quelque chose était arrivé, Lorenzo savait, mais ne m'avait rien dit. Je ne le voyais pas me cacher quoique ce soit, s'il n'estimait pas que cela avait un intérêt pour moi. Mais je connaissais quelqu'un qui aurait moi de scrupule à me dire la vérité.

Je quittais mon lit dans lequel, je n'avais fait que me retourner depuis que j'y étais entré, et attrapé mon téléphone posait sur la table de chevet.

-Pour être honnête, je pensais que t'allais m'appeler plutôt, dit Nathan d'une voix énergique malgré l'heure tardive.

-Tu savais que j'allais appeler, je dis

J'étais à la fois surpris et pas tant que cela dans le même temps. Nathan devait déjà savoir que j'avais aperçu Noa, et s'il estimait qu'il ne lui appartenait pas de m'en informer ce que je comprenais, je savais aussi qu'il allait répondre à l'ensemble de mes questions.

-Bien sûr, j'étais à deux doigts de prendre les paris avec Victor, mais on s'est dit que ça manquait un peu de classe. Parier sur la vie sentimentale de Noa. Comment-est-ce que je peux t'aider ?

-Je veux juste savoir où est-ce qu'elle est, le reste je me débrouille.

-Chez Gianlu, je t'envoie son adresse. Si elle demande, l'info ne vient pas de moi.

-Est-ce que quelqu'un d'autre à part toi sait où elle se trouve ?

-Merde ! Elle va me pourrir pendant des jours à cause de ça. La prochaine fois, laissez-moi en dehors de vos histoires.

-Y'aura pas de prochaines fois.

-C'est tout le mal que je vous souhaite.

Nous mîmes fin à la conversation et je me dirigeais vers mon dressing pour mettre un jogging. Quand je rentrais à nouveau dans ma chambre, Nathan venait de m'envoyer un message avec l'adresse de Gianlu. Je n'hésitais une seconde et descendis dans mon garage pour me mettre en route. En principe, il y avait peu de choses que j'appréciais plus que de conduire la nuit dans Monaco, j'appréciais, le calme qui habitait la ville, j'appréciais, le temps que j'avais devant moi, surtout pendant une saison comme celle que je vivais. J'avais beau visiter presque le monde entier, il n'y avait rien que j'aimais plus que d'être chez moi.

Ce soir-là, conduire de nuit ne m'apaisa pas, au contraire, plus les kilomètres défilaient plus j'angoissais, je n'avais aucune idée de comment j'allais être reçu. Gianlu m'appréciait, mais j'allais débarquer chez lui en plein milieu de la nuit, pour régler une situation qui ne le concernait pas. Même Noa, ces derniers temps, ces comportements avaient été bien trop imprévisibles, pour que je puisse m'attendre sereinement à une réaction en particulier.

-Je suis ravie que tu sois là.

L'accent italien épais qu'avait Gianlu était si familier qu'en sa présence aussi je me sentais presque à la maison. Surtout avec la manière chaleureuse dont il me prit dans ses bras avant de me laisser passer la porte d'entrée.

-Elle est inconsolable depuis qu'elle est arrivée. Je ne sais plus quoi faire. Dans le salon, il ajouta en pointant la pièce sans que j'ai besoin de lui demander.

L'appartement avait été design dans un style entre le rococo et la dolce vita qui criait Gianlu si fort que cela en était presque gênant. Quand, je franchissais la porte menant au salon, mon souffle se coupa à la vision de Noa au fond de son canapé un plaid sur les jambes, le regard perdu en direction de la fenêtre plutôt que sur la télévision devant elle.

-J'ai reconnu ta voiture avant même que tu en sortes, elle dit d'un ton morne sans me regarder.

-Noa, je dis

C'était plus un ordre qu'une demande, je voulais qu'elle me regarde. Ce que sa bouche refusait de me dire, je savais que son regard me le dirait. Cela fonctionna puisque lentement, son visage se tourna dans ma direction, ses yeux se noyèrent presque immédiatement de larmes, me surprenant. Noa était insensible, bien évidemment, mais elle n'était pas du genre à se laisser submerger par ses émotions de cette manière. Il me fallut plusieurs secondes pour réagir. Mais une fois que mon cerveau fit la connexion, je me précipitais dans le canapé, pour la prendre dans mes bras.

-Je suis désolée, elle parvint à glisser entre deux sanglots, je suis tellement désolée.

Je ne dis rien me contentant de la serrer plus fort contre moi, déposant des caresses sur la peau nue de ses bras, laissant glisser mes doigts sur ses jours pour balayer ses larmes. Ces propos continuèrent d'être incohérent pendant un long moment, mais je ne bougeais pas, me contentant de lui murmurait que j'étais avec elle, que je n'irais nulle part. Et c'était vrai, à cet instant j'étais convaincu que je n'irais nulle part. Nous avions assez joué à je t'aime moi non plus je refusais de jouer une minute de plus. Tant que nous n'aurions pas une véritable conversation, je ne partirais pas.

La Prima DonnaWhere stories live. Discover now