Chapitre 49

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Point de vue Noa Nianga.

Juillet 2022, Monaco

Surprise par l'interruption, je réussis à rattraper de justesse la tarte que je sortais du four, mais me brûlais une partie de la main dans l'entreprise.

-Merde Lorenzo, je dis en me précipitant vers l'évier pour mettre ma main sous l'eau froide. Je commence à croire que tu me veux vraiment du mal.

Il avança dans la cuisine et souleva les couvercles des casseroles encore sur le feu, jeta un œil à la tarte abandonné sur le plan de travail, puis posa ses yeux verts sur moi. Le même vert que ceux de Charles.

Au cours de mes trente ans de vie, je ne m'étais jamais fait dévisager, avec une telle intensité sans que je sois en mesure de déterminer quelle était l'émotion derrière le regard. C'était un peu ennuyant, j'avais beaucoup de facilité à lire en Charles et même en Arthur, mais Lorenzo restait un mystère.

-Ce sont ses plats préférés, il dit au bout d'un moment.

-Je le sais ça.

-Et tu ne ressembles à rien, il continua en pointant un doigt vers  mon visage.

-Mon physique vraiment ? Je n'avais déjà pas beaucoup d'estime pour toi, mais je ne pensais pas que tu pouvais descendre aussi bas.

En réalité, je dramatisais clairement pour l'emmerder, j'avais conscience de mon état physique catastrophique. Ce qui était bien avec ma non-relation  avec Lorenzo c'est que je pourrais lui dire absolument ce que je voulais sans me sentir coupable. Ses sentiments, ses états d'âme, me passaient loin au-dessus de la jambe. Qu'est-ce qu'il allait faire ? Le dire à sa maman ?

-Je ne critique pas ton physique

D'un geste machinal, il attrapa un tube de crème de la trousse à pharmacie se trouvant dans l'un des placards puis retira ma main de sous l'eau froide.

-T'as l'air de pas avoir dormi depuis des jours.

Quelques heures seulement depuis ma rencontre avec Clément. J'étais tout de même un peu vexée, c'était une chose de savoir que j'avais l'air d'un mort-vivant c'était autre chose de se l'entendre dire. J'avais toujours été très près de mon physique, être jolie était une armure pour moi dans ce monde. Il y avait, évidemment, quelque chose de superficiel là-dedans, je ne niais pas ma vanité. Mais à mon sens, se présenter au monde forçait une forme de vulnérabilité et pour limiter cette vulnérabilité j'avais besoin de me présenter à lui sous mon meilleur jour en toute circonstance. C'était plus difficile ces derniers temps, je trouvais moins en moins de plaisir à m'habiller, à me maquiller, et puis j'étais fatiguée en permanence. Ma patience limitée par la fatigue ne me permettait pas de respecter l'ensemble des étapes de ma Beauty routine. J'étais en train de me perdre.

-Charles ne peut pas te voir dans cet état.

J'apprécie nos échanges peu cordiaux, il avait de la répartie et je me fichais de son opinion. Mais pour la première fois, Lorenzo provoqua une véritable émotion en moi. Même si, tout s'était passé rapidement, quand j'avais entendu sa voix similaire à celle de Charles, mon esprit s'était laissé à imaginer mes retrouvailles avec le pilote.  J'avais nourri l'espoir de pouvoir lui voler (avec son consentement bien évidemment), deux ou trois baisers. Cette envie avait pris la forme d'une boule de chaleur se logeant dans mon estomac. Lorenzo venait de retirer cette boule, me laissant vide à nouveau, glaçant mon corps à nouveau. J'avais froid à nouveau.

-Tu veux que je parte avant qu'il arrive, je dis d'une voix chevrotante.

Je détestais être aussi à fleur de peau devant lui. Mais ça non plus, je n'étais plus en mesure de le contrôler. Lorenzo ne me répondit pas tout de suite, préférant essuyer ma main avec un torchon avant de  s'atteler à étaler la crème que sur la partie brulée de ma main. Une fois, cela fait, il soupira longuement.

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