Chapitre 39

669 56 4
                                    




Point de vue Charles Leclerc

Monaco, Mai 2022


Dès que j'ouvris les yeux, je compris que la journée serait merdique. Le temps menaçant à l'extérieur, les vibrations de mon téléphone sur ma table de chevet.

De Arthur :

Maman a appris pour Noa, on est convoqué après ta course.

À Arthur :

Qu'est-ce qu'elle sait exactement ?

De Arthur :

La totale, que vous êtes plus ensemble, que les textos étaient faux, qu'elle divorce de son ex.

Comment t'as pu lui cacher que vous n'étiez plus ensemble ?


Parce que le simple fait d'y penser me donnait la nausée,  alors je ne pouvais pas envisager de le dire à voix haute. Encore moins à maman qui adorait Noa. Je soupirais longuement, avant de me redresser.

J'avais une course à préparer.

Malgré tous les drames dans ma vie personnelle, dans la voiture je me sentais bien, je me sentais en confiance. C'était Monaco, obtenir la pole position c'était quatre-vingt-dix pour cent du travail. Nous avions fait le travail la veille en obtenant ladite pole position.

J'avais oublié un détail crucial qui me rattrapa à la vue de la pluie s'installant sur la piste.

J'étais certain de m'imposer jusqu'à ce que ma poisse me rattrape.

Le grand prix ne fut qu'une déception supplémentaire à une longue liste de merdes, qui m'étaient tombées dessus tout au long de la semaine. Je ne m'attardais pas trop après le naufrage.

Le plus dur dans tout cela, c'était que cette année devait être la mienne. La voiture était rapide, et j'avais Noa à mes côtés, rien ne devait m'arrêter et tout s'était effondré en l'espace de quelques semaines. Je ne savais plus qui rendre responsable de la situation dans laquelle je me trouvais. Dieu, le karma, ou le destin. J'étais pourtant dans l'obligation de sourire et d'être reconnaissant, en quel honneur avais-je le droit de me plaindre avec la vie que je menais ? J'avais envie de me  plaindre, j'avais envie de hurler ma colère, de vomir ma peine.

Ma colère était palpable, et je ne voulais pas arriver chez maman dans cet état. Je repassais donc par chez moi, pour prendre le temps de me calmer, une douche et changer de vêtements avant de me rendre chez elle.

Ce n'était jamais bon signe quand elle prenait le temps de nous « convoquer ». Elle-même n'employait pas ce terme, elle préférait « repas de famille », la vérité c'est qu'elle avait sans doute des choses à nous communiquer qui n'allait pas nous faire plaisir.

J'avais à peine passé le pas de la porte que je fus mis à contribution pour préparer la table du diner. J'appréhendais la suite de la soirée. Je n'avais pas revu ni parlé à Lorenzo depuis qu'il était venu me chercher jeudi matin. Je ne fus donc pas étonné quand en entendant le son de sa voix depuis la salle à manger, je sentis tout mon corps se tendre.

C'était peut-être Dieu, le karma ou le destin, mais ce qui était sûr, c'est que je ne pouvais pas mettre la responsabilité de la situation dans laquelle je me trouvais sur lui. Je  ne pouvais pas non plus nier qu'il m'avait beaucoup poussé dans cette direction. Je déposais le dernier couteau avant de prendre place sur ma chaise.

-Tu devrais avoir l'air encore plus misérable, on n'a pas bien compris que tu ne veux pas être là.

-Ne commence pas Arthur, je dis alors qu'il s'installait sur la chaise à côté de la mienne.

La Prima DonnaWhere stories live. Discover now