Chapitre 56

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Point  de vue Noa Nianga

Août 2022 , Monaco

L'été était définitivement arrivé, même les embruns de la mer ne parvenaient pas à faire descendre la chaleur qui s'était installée sur la place alors même qu'il n'était pas encore 9 heures du matin. Je n'avais rien fait de ce qui était prévu après mon entretien avec Clément. Le contre coup m'avait coupé les jambes. J'étais donc resté prostré au fond de mon lit le temps du week-end plutôt que de me rendre en Hongrie. Sur ce point, je reconnaissais sans difficulté que j'avais été égoïste. Mais j'avais eu besoin de ce temps, pour me remettre les idées en place.

-Tu sais, je dis en prenant place sur la chaise face à lui. C'est pas bien d'avoir ce genre d'habitude, c'est hyper facile de te retrouver. Imagine, je te veux du mal ? J'ai tout de suite su que tu serais là.

J'étais arrivée la vieille au soir dans la principauté, mais mon culot ne m'avait pas autorisé à débouler chez Charles, en revanche, je savais en me réveillant ce matin que si je me rendais au café ou nous nous étions rencontré des mois plus tôt j'avais de grosses chances de le retrouver en terrasse à boire son café. Ce que j'avais fait, ma déception étant qu'il n'avait pas paru plus surpris que cela de me voir débarqué.

-Est-ce que tu me veux du mal ?

Même s'il entrait dans mon jeu, il était aisé de comprendre que sa question était bien moins innocente que ma réflexion.

-Je ne te veux jamais du mal.

-Je suis presque sûr que c'est déjà arrivé, au moins une fois.

-Yeah, je soupirais. Pas mon meilleur moment, je finis par répondre.

Aucun mot supplémentaire n'avait besoin d'être échangé, je savais parfaitement à quoi il faisait référence, et je ne pus m'empêcher d'enfoncer le clou quelque part.

-Ça a fonctionné ?

-Ça fonctionne toujours. J'ai vu passé les stories instagram, il ajouta

-Yeah, je soupirais à nouveau. Entre nous, il est en train de me rendre célèbre et ça me rend mal à l'aise. Je ne suis toujours pas fan du concept.

S'il était clair qu'entre Lewis et moi, il ne se passerait rien, le pilote n'avait pas pour autant renoncé à sa volonté de m'entendre chantée à l'une de ses soirées privées. Pour faire pencher la balance de son côté, il avait décidé de partager certaines de mes interprétations en musique de fond sur plusieurs de ses stories. Je n'avais aucun pouvoir sur ce que faisait ou ne faisait pas Lewis Hamilton. Charles le savait aussi bien que moi, mais j'avais planté une graine dans son esprit. Du doute, encore et toujours du doute. Là où, il n'y aurait du avoir que de la confiance.

C'était un peu à l'image de la tension qu'il avait entre nous. S'il y avait bien une chose qui avait toujours était simple, entre nous c'était notre complicité, l'aisance avec laquelle nous étions l'un pour l'autre. J'étais tendue, il était tendu. Nous marchions sur des œufs, enfonçant des portes ouvertes plutôt que de parler sérieusement du mal.

-C'est que le concept dont t'es pas fan ?

Finalement, il voulait provoquer la conversation. Je ne savais pas trop où il voulait en venir. Mais j'étais là, prête à me faire violence. J'espérais qu'il en était de même de son côté.

-Non, c'est pas que du concept dont je ne suis pas fan. Je ne suis pas fan non plus de l'idée que désormais tu vas croire qu'il y a quelque chose entre moi et Lewis. J'ai joué un jeu dangereux et j'ai perdu.

-Un jeu ? Pour toi, c'était juste un jeu.

-Oui pour moi c'était un jeu, mais pas contre toi, contre moi-même. Le but c'était de coucher avec quelqu'un d'autre pour me prouver que je pouvais passer à autre chose. Et j'ai perdu.

-On n'aura pas cette conversation en public.

Soudainement consciente, d'où nous nous trouvions, je jetais un regard autour de moi, effrayée que quelqu'un ait pu m'entendre. Rapidement rassurée, je me tournais à nouveau en direction de Charles, qui s'était déjà levé de sa chaise. Le trajet jusqu'à son appartement fut aussi rapide que rempli de tension. Et pour la première fois, en passant le pas de la porte, je ne m'y sentis pas comme chez moi. Parce que c'était lui chez moi, pas un droit quelconque sur cette Terre. Je retirais tout de même mes chaussures et déposer mon sac à main sur le meuble présent dans l'entrée, avant de me débarrasser de ma veste et de la déposer sur le fauteuil le plus près comme j'avais pris l'habitude de  le faire. Et comme d'habitude, j'entendis Charles râler alors qu'il attrapait mes chaussures pour les mettre dans le placard et ma veste pour l'accrocher à la patère.

-Tu l'as fait exprès, il dit en finissant par se planter devant moi

-Je pensais détendre l'atmosphère.

-Est-ce que j'ai l'air détendu ?

-Absolument pas. Ça m'inquiète d'ailleurs, je ne sais pas dans quel état d'esprit tu es.

J'étais redevenue sérieuse à l'instant où j'avais compris que la blague n'était pas passée. Il n'était pas question que je sois la seule à fournir des efforts  pour que nous soyons en mesure de réparer ce que nous avions brisé. Son état d'esprit était donc crucial pour la suite des évènements. J'avais passé tellement de temps à le repousser que je n'étais pas sure qu'il veuille toujours de moi. Et cette pensée faisait mal plus que tout autre chose.

-Dans quel état d'esprit je suis ? M'enfin Noa, c'est toi qu'est partie dîner avec ton ex, toi encore qui disparaît pendant trois jours et réapparaît comme si de rien n'était. Tu te moques de toi ! Exactement comme pour cette histoire avec Lewis j'étais quoi moi là-dedans hein ?

-Un dommage collatéral espéré ? J'haussais les épaules.

-Tu te moques de moi, il dit à nouveau en secouant la tête.

-Non, je ne me moque pas de toi. J'essaye d'être honnête. Je suis désolée si ma vérité ne te plaît pas. Elle ne me plaît pas particulièrement non plus. Est-ce que je suis fière de ce qui s'est passé avec Lewis ? Non, mais c'est arrivé. Tu voulais que je fasse comme si de rien n'était ? Je préfère ne pas insulter ton intelligence et te dire les choses telles qu'elles sont. Même si elles sont moches. Je savais exactement ce que je faisais. L'objectif de mon rapprochement avec Lewis était de me prouver quelque chose, te faire du mal dans le même temps..., je laissais la phrase en suspens un moment avait de conclure. Deux oiseaux, une seule pierre.

Il poussa un long soupir et je comprenais qu'il tentait de maîtriser la colère qui montait en lui. Je ne savais même pas pourquoi il était en colère. Il y avait désormais tellement de facteurs que j'en perdais le compte. Lewis n'était qu'une variable parmi tant d'autres.

-Et le dîner avec ton ex ?

La Prima DonnaWhere stories live. Discover now