Chapitre 50

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Point de vue Charles Leclerc.

Juillet 2022, Monaco

Il y avait des jours ou il fallait simplement rester dans son lit. Ce matin, j'aurais mieux fait de rester dans mon lit. Ça aurait été moins humiliant. Dix-huit tours et moins d'une demi-seconde pour foutre en l'air des années de travail. Dégoût ne recouvrait pas ce que je ressentais à l'instant. Je voulais m'enfermer chez moi et ne plus jamais en ressortir. Je remerciais le chauffeur de taxi et récupérais mon sac avant de sortir de la voiture.

En faisant claquer la portière, mon regard se posa sur un peu plus bas dans la rue et mon cœur loupa un battement.

-Noa, je dis d'abord doucement. Noa, je criais pour attirer son attention. Noa !

Elle ne se retourna pas, mais je compris qu'elle s'apprêtait à monter dans une voiture, alors naturellement mon corps se porta dans sa direction. Je n'avais pas halluciné, c'était elle. Je traversais la rue pour m'approcher de la voiture.

-Noa !

Cette fois, j'étais à portée de voix. Sa main qui s'apprêtait à saisir la poignée de la portière s'arrêta. Son dos se tendit, comme si elle hésitait à se tourner dans ma direction. Tout était flou autour de moi, m'empêchant de voir ce qu'il y avait devant moi  à l'exception de sa silhouette sur laquelle je me concentrais.

-Noa, j'appelais à nouveau.

Ma voix sonnait comme un appel à l'aide. Elle était là, devant moi, devant chez moi. Et j'avais besoin d'elle, presque désespérément.

La journée avait été absolument merdique, je voulais la tenir dans mes bras, sentir à nouveau ses caresses dans mes cheveux, son odeur autour de moi.

Elle était là.

Malgré ce qu'elle avait pu me dire quand nous nous étions retrouvés à Londres, elle était là. Il m'avait fallu des jours pour me convaincre de ne pas abandonner. Si elle était là, c'est que j'avais eu raison de ne pas le faire. 

Peut-être que je pourrais la convaincre de monter dans l'appartement, de passer la soirée avec moi. N'importe quoi, pour m'apporter un peu de réconfort. J'allais devoir faire le deuil de ma saison, saison qui pouvait s'avérer être ma seule chance de gagner un titre de champion du monde. Les efforts de toute une vie. Ouais, j'avais enfin de pleurer toutes les larmes de mon corps, je voulais l'avoir dans mes bras. Si je l'avais elle, je pouvais me remettre de cette perte. Je ne savais pas comment j'allais pouvoir avancer si je ne l'avais pas elle et si je n'avais plus jamais l'occasion de gagner un championnat.

Sa main finit par attraper la poignée de la portière et elle monta dans la voiture. Arrivant à la hauteur de la fenêtre, je tapais dessus comme un demeuré.  Les vitres teintées m'empêchaient de voir ce qu'il y avait à l'intérieur, mais je savais qu'elle me voyait, je savais qu'elle pouvait m'entendre.

-Ouvre la porte Noa, j'entendis le moteur démarrer. S'il te plait, Noa, ne me fais pas ça, ouvre la porte. Noa !

La voiture commença à avancer, je la suivis me mettant presque à courrier à côté, jusqu'à ce qu'elle ne soit trop rapide pour que je puisse la suivre. Immédiatement, je sortis mon téléphone portable et commençais à l'appeler.

Quand j'avais décidé de tout faire pour le reconquérir, je m'étais mis des limites et l'appeler en était une. Je ne voulais pas passer pour un harceleur, ne pas l'appeler était le meilleur moyen d'y parvenir. Mes barrières venaient de sauter. C'était la femme de vie dans cette voiture. Elle était tout ce que j'avais toujours voulu, tout ce dont j'avais besoin.

La Prima DonnaWhere stories live. Discover now