Chapitre 41

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Point de vue Noa Nianga

Paris, Juin 2022

Le calme dans mon ton était uniquement possible parce que je savais que cela allait le rendre fou. Il savait pour Charles, il ne savait pas pour Lewis et même s'il ne s'était rien passé, cela non plus il ne le savait pas.

Alors j'observais sa mâchoire se contracter sous l'effort qu'il devait faire pour ne pas s'emporter. Il avait toujours eu un mauvais tempérament. Lewis était sept fois champion du monde de formule 1, même l'ego de Clément ne pouvait le convaincre qu'il était encore « l'alpha » dans cette circonstance. Charles était trop jeune, sa carrière trop récente, pour empêcher Clément de se croire supérieur.

Je venais de changer le ton de la conversation et j'y prenais plaisir.

-Non pas lui l'autre.

-Quel autre ?

-Le pilote Ferrari, il cracha acide.

Sa carapace de gendre idéal commençait à se craqueler. Nous savions tous les deux qu'il lui avait fallu plusieurs années avant d'être en mesure d'acheter sa propre Ferrari après qu'il ait eu monté sa société. Ce qui pour quiconque serait d'une banalité sans nom. Pas Clément. Clément était au-dessus du petit peuple que Charles soit pilote pour Ferrari était un nouveau pique dans son ego. Si nous étions encore ensemble, il me l'aurait fait payer.

Dieu merci, nous n'étions plus ensemble.

Parfois, je m'interrogeais sur mes capacités cognitives. Comment avais-je pu tomber aussi bêtement dans le marasme qu'était l'homme face à moi. À une époque, sa condescendance, la manière qu'il avait de se croire meilleur que tout le monde le plaisait. Il avait une confiance en lui presque inégalement et puis ce côté irrévérencieux que j'adorais.

J'avais moi-même une tendance facile à la condescendance, j'avais eu l'impression de le connaître. J'avais tout faux. Si ma condescendance prenait source dans mon indifférence au reste du monde, la condescendance de Clément venait de son besoin d'écraser toute personne l'entourant, il devait affirmer sa « virilité ». Il n'avait pas confiance en lui, il s'illusionnait, il n'était ni aussi beau, ni aussi riche, ni aussi drôle qu'il aimait le prétendre.

-Oh ! Tu veux parler de Charles. À notre stade, c'est un peu plus qu'une lubie.

-Je pensais que vous n'étiez plus ensemble.

-Pourquoi est-ce que tu penserais ça ?

Il n'avait pas non plus besoin de savoir que Charles et moi n'étions plus ensemble. Surtout si je pouvais me servir de son ignorance pour l'emmerder. Pour ne rien louper, j'ajoutais :

-D'ailleurs, je suis ravie que tu aies accepté de signer les papiers du divorce

Son poing cogna contre la table, premier signe évidemment de sa colère. J'avais gagné cette manche.

Le problème avec le fait de gagner la première bataille c'était que cela ne signifiait pas qu'on allait gagner la seconde, ni même la guerre. Ce qui était l'objectif ultime.

Clément avait d'autres AS dans sa manche. Le premier qu'il joua me glaça le sang. À un tel point que je fus replongée pendant de longues secondes des mois en arrière presque incapable de m'opposer à sa volonté.

Après son mouvement de colère, il parvint à se calmer plus rapidement que ce que j'avais espéré.

-Pour être honnête Princesse, il débuta en accentuant le surnom qu'il savait que j'avais en horreur. Comme pour moi, tu n'étais plus avec ton pilote, je pensais que ce serait l'occasion de discuter. Tu t'es bien amusée, il est temps de rentrer à la maison.

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