Chapitre 3 - Partie 1

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— Que pouvez-vous nous dire sur Somgysaï, demanda le Seigneur Mordrais.

Il était assis sur un siège rembourré de coussins brodés de ses armoiries aux fils d'or. Autour de la table se trouvaient ses conseillers généraux et tous étaient très attentifs à ce que le Seigneur William allait dire. Ce dernier, aux côtés de Mordrais, ne paraissait pas très intéressé par ce qui se déroulait dans la pièce. Tranquillement, il se pencha sur la carte déroulée devant lui et détailla tout ce qu'il était possible de détailler.

— Pour finir, le palais de la Reine Lysianna et de son époux, Fenhrir, se trouve au cœur de la Forêt des Songes, elle-même au centre du Royaume de Somgysaï. Impossible d'y accéder par le Nord, ou par le Sud vous seriez repéré à peine un pied dans la Forêt. A l'Ouest, il n'y a qu'une route pour traverser les montagnes et elle est surveillée. De plus, elle se perd à l'entrée de la Forêt. A l'Est, les tours de garde le long de la côte repèrent chaque navire qui approche du rivage. Il n'y a pas de point stratégique pour y rentrer, c'est pour cela que la cité des Songes est imprenable.

— Pardonnez-moi, coupa un conseiller. Vous nous avez dit être passé par un autre chemin non surveillé. Pourquoi ne pas nous en parler ?

— C'est exact, affirma William. J'ai traversé les montagnes par un passage peu connu. Et pour cause. C'est un chemin très escarpé qui laisse à peine passer un homme sur son cheval. Il ne résistera pas à toute une armée.

— Peut-être, reprit le conseiller. Mais il permettrait d'envoyer quelques espions...

— Qui ne connaissent pas la Forêt, interrompit le jeune Seigneur. Ils pourraient ne jamais trouver la Cité car il n'y a aucune route tracée, comprenez-le bien. Êtes-vous déjà entré dans une forêt inconnue qui n'avait aucune route ? Je vous garantis qu'il est impossible de se diriger, on peut s'égarer en quelques minutes. J'ai moi-même perdu mon chemin durant ma jeunesse et pourtant, j'ai grandi là-bas. J'ai mis huit jours à rentrer chez moi, uniquement parce qu'on a fini par me retrouver. Et quand bien même vos hommes trouveraient la cité, continua-t-il sur un ton qui montrait bien la faible probabilité de cette option, Lysianna ne mettrait pas longtemps pour les repérer, vous pouvez lui faire confiance. Vous avez le meilleur des espions chez vous, pourquoi vouloir en envoyer là-bas ?

— Parce que nous ne faisons pas confiance à quelqu'un qui trahit les siens, rétorqua un général assis à sa gauche.

— Assez ! déclara le Seigneur Mordrais amusé. Ne doutons pas de notre ami. Après tout, n'est-il pas venu de lui-même nous aider ? Ses informations sont intéressantes. Très bien, mon cher William, continua-t-il en lui donnant une grande claque dans le dos. Que nous proposeriez-vous ?

— De ne pas les attaquer chez eux, fit-il en se massant l'épaule. Même avec toute mon aide, vous ne sortirez jamais vivant de ces bois. En revanche, une guerre ouverte vous permettrait de les faire sortir de leur forêt et ainsi de les battre sur votre terrain.

— Vous ne nous servez à rien dans ce cas ! s'exclama un conseiller face à lui.

— Vous le voyez ainsi, railla William. C'est vrai qu'un espion de mon rang, chez vos ennemis ne servirait à rien. Je fais seulement partie du conseil royal, ironisa-t-il. Je peux les influencer, tout comme je peux vous informer. Mais si vous doutez de moi, je peux toujours partir dès maintenant.

Mordrais explosa d'un rire tonitruant, d'autres se contentèrent de pouffer discrètement.

— Bien ! mugit le maître des lieux. Je crois que notre jeune ami en a assez dit pour aujourd'hui. Nous pourrions mettre en place quelques stratégies et vous nous direz si elles sont réalisables. Si vous voulez bien rester avec nous, évidemment, plaisanta-t-il. Vous nous aiderez de vos précieux conseils.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Where stories live. Discover now