Chapitre 19

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Fuir. Fuir le plus loin possible. La voix d'Inwë résonnait dans la tête d'Elio tandis que le premier coup s'abattit sur lui. Il n'avait aucune chance et il le comprit instantanément. Pourtant, il se tenait là, incapable de faire demi-tour. Le monstre face à lui venait de tuer son père, la seule famille qui lui restait. Aveuglé de chagrin et de rage, il ne désirait pas voir plus loin. Il cherchait les heurts, la douleur physique pour remplacer celle qui oppressait son cœur et son âme meurtris.

Le premier coup engourdit presque son bras. Il faillit manquer de parer le second et ne vit pas Finwë passer dans son dos pour le frapper de son pommeau dans les omoplates. Il suffoqua, chancela. Son adversaire fut de nouveau sur lui. Il voulut stopper l'affront, recula, trébucha et tomba de tout son long, son séant heurtant durement le sol. Finwë, un rictus amusé sur le visage, avait sa lame qui menaçait s'abattre sur lui.

— Ne jamais se frotter à plus fort que soit, petit. Ça finit toujours mal... Surtout quand on ne sait pas se battre.

Elio revint à lui et la terreur emplit son corps. Il ne voulait pas mourir. Il souhaitait vivre. Ses parents venaient de perdre la vie, pour eux il devait rester en vie. Cela lui semblait tellement injuste, tellement stupide. Non, il voulait vivre. Ce fut avec cette ardeur retrouvée que l'épée de Finwë fut stoppée juste sous son nez. Au-dessus de lui, Gabriel venait de parer le coup tout naturellement.

— Dégage de là, lui ordonna-t-il en lui lançant à peine un regard.

Le jeune homme ne se fit pas prier. A l'aide de ses mains et de ses jambes, il recula le plus loin qu'il put et lorsqu'il fut hors de portée des armes, il se releva. Finwë, qui avait assisté à sa débandade d'un œil moqueur, se tourna enfin vers son second. Sur son visage, plus aucune trace d'amusement, mais plutôt une colère sourde. La proximité de Gabriel ne le laissait pas de marbre.

— Et que vas-tu faire à présent ? railla-t-il d'une voix trainante. Tu vas te battre à sa place ?

— Oublie cette tradition débile. Affrontons-nous.

Le visage de Finwë se tordit dans un rictus de haine.

— Je t'ai offert une nouvelle vie, celle que tu n'aurais jamais eue mais dont tu rêvais. J'ai brisé tes chaînes...

— Tu as assassiné ma famille.

Finwë balaya ses paroles de la main, comme si elles n'étaient pas valables à ses yeux.

— Tu n'es qu'un faible qui a embrassé la cause d'une femme pour ce qui se trouvait entre ses cuisses. Tu ne vaux rien ! Je ne regrette rien.

Un sourire naquit sur le visage de Gabriel, narguant son ancien ami.

— Tu es jaloux parce qu'elle m'a offert ce que tu n'auras jamais et que je l'ai choisie plutôt que à toi. Tu tenais à elle... Sa trahison est plus difficile à accepter que celle de quiconque, tout comme la mienne. J'espère que malgré ce que tu es, tu souffres !

Le visage de Finwë devint livide à ces mots. Un grognement de rage prit naissance au fond de ses entrailles avant de rugir aux oreilles de tous. Gabriel recula d'un pas pour se mettre en garde, tandis quand son adversaire passait à l'assaut.

***

Arhys avait remis le foulard devant son visage lorsqu'il frappa à nouveau à la porte pour entrer dans l'enceinte de la cité. Il espérait que ce soit Géron en faction ou au moins un des hommes qui l'avait vu se battre un peu plus tôt et qu'il serait susceptible d'être reconnu, malgré son accoutrement. Heureusement, ce fut le frère de la reine Inwë qui rappliqua et qui reconnut sa stature. Il lui ouvrit la porte, lui demandant si tout allait bien.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Where stories live. Discover now