La légende des deux royaumes [TERMINÉ]

Chapitre 4 - Partie 2

Elle s'éveilla en sursaut. Elle se retrouva assise sur la banquette à l'intérieur de la cabane, Elio à ses côtés. Son premier geste fut de voir s'il allait bien. Il dormait toujours mais il n'avait plus besoin de son aide, il était sauf. Finalement, elle se tourna vers Gabriel, qui sembla rassuré de la voir éveillée. Il les avait transportés jusqu'à l'intérieur pour être au chaud et à l'abri alors qu'il s'était retrouvé devant une situation inédite. Il avait dû se demander quoi faire mais avait réagi de façon calme et réfléchie. Elle réussit à se lever du premier coup, mais tangua un peu avant de retrouver sa stabilité. Sans parler, Gabriel lui servit une assiette de ragoût et la lui posa sur la table. La jeune femme vint s'asseoir et commença à manger avec appétit. Au bout d'un moment, quand elle se sentit mieux, elle demanda :

— Combien de temps suis-je restée endormie ?

— Plusieurs heures, l'informa-t-il.

Quand son assiette fut vide, elle remarqua son poignard à l'autre bout de la table. Il avait été nettoyé, plus aucune trace de sang ne souillait sa lame.

— Merci, fit-elle en le saisissant et le remettant dans son fourreau.

— Joli poignard, répondit-il en retour.

— En aviez-vous déjà vu un semblable ?

— Jamais. Pourquoi ?

— Il appartenait au premier homme que j'ai tué, je l'ai gardé pour me souvenir de ce que j'avais éprouvé ce jour-là. Oter une vie n'est jamais un acte anodin.

Puis, se rendant compte de la personne à qui elle disait cela, elle se tut. Gabriel ne répondit pas, il continua de ranger quelques affaires, jeta l'eau usagée dehors. Elio bougea dans son sommeil et finalement, le second de son époux se tourna vers elle et demanda.

— Comment avez-vous fait ?

— C'est ma nature, expliqua Inwë. Je suis Fille de la Lune et il semblerait que ce soit mon don.

— Il vous épuise toujours ainsi ?

— Non. D'habitude je me contente de placer mes mains au-dessus de la blessure et celle-ci se guérit, développa-t-elle. Au pire, je ressens quelques vertiges. Mais soigner quelqu'un dont la vie s'échappe est toujours plus compliqué, je suppose que je dois convaincre la mort de ne pas faire son œuvre immédiatement. Mais avec lui, ça a été différent, cela ne m'était jamais arrivé avec une autre personne. J'ai dû le ramener moi-même jusqu'ici.

Gabriel hocha la tête avant de continuer.

— Cela vous est-il déjà arrivé d'échouer ?

— Oui. Me posez-vous toutes ces questions pour ensuite faire un rapport à mon époux ?

— Vous êtes la femme qui soigne ces gens dans la ville basse.

— Je suppose que nous venons de gâcher notre première conversation agréable, soupira Inwë en se relevant.

Elle avait su dès l'instant où elle avait commencé à se servir de son don qu'il comprendrait.

Elle alla récupérer sa besace avant de rejoindre Elio. Ce dernier avait le sommeil agité, mais il n'avait pas de fièvre et son cœur battait de nouveau à un rythme normal. Sa blessure à la gorge laissait une trace violacée sur laquelle elle plaça une mousse pour que la marque s'atténue et cicatrise d'une façon plus discrète.

— Nous ne pourrons pas partir demain, finit-elle par déclarer. Il va avoir besoin de reprendre des forces, mais nous pourrons repartir dans deux jours. Le rythme sera moins soutenu, je le crains.