La légende des deux royaumes [TERMINÉ]

Chapitre 9 - Partie 1

Lorsqu'Erid vint réveiller Inwë le lendemain matin, la lumière de l'aube filtrait à peine au travers des branches des arbres. La jeune femme peina à émerger et à se lever.

Inwë fut étonnée qu'ils ne soient pas les seuls, mais quand elle s'aperçut des personnes présentes, elle sourit. On pouvait compter Julyne, Luna, Elio et Gabriel. Elle se sentit ravie de partager ce moment avec ses proches, quant à Gabriel, si elle ne se réjouissait pas de se présence, la Fille de la Lune ne la rejetait pas non plus. A défaut de le tolérer pleinement, elle avait accepté qu'il fasse parti du groupe.

Une carriole, harnachée de deux chevaux, trônait au centre de la petite cour.

— Préfères-tu monter à bord avec Julyne et Luna ou avoir ton propre cheval ? demanda Erid.

— La carriole m'ira très bien, décida-t-elle pour rester auprès de sa fille et de sa cousine.

— Choix surprenant, se permit Gabriel.

Inwë tourna la tête vers lui, surprise. Rapproché d'eux sans qu'elle s'en rende compte, il tentait de cacher un sourire amusé par sa remarque. Il faisait référence au faite que la Reine des Plaines du Soleil avait, par deux fois, contesté le choix de sa litière comme moyen de transport, préférant monter à cheval. La jeune femme fut étonnée qu'il plaisante avec elle et ne sentit pas de réelle moquerie dans sa voix, plutôt un accent de sympathie qui l'embarrassa.

On décida donc que la gent féminine monterait dans la carriole guidée par Elio et qu'Erid et Gabriel les accompagneraient à cheval. Quand tout fut prêt, Inwë prit place. Luna, installée entre elle et Julyne, collait sa mère adoptive tout en somnolant. Puis Elio lança l'attelage et ils quittèrent le palais de Lysianna.

— J'ignorais qu'il existait de telles routes dans cette Forêt, fit Inwë à Elio.

— Pourtant, il y en a partout au travers des bois. Mais j'ai pris soin de les éviter. Je ne voulais pas que Gabriel les découvre.

L'intéressé tourna la tête à la mention de son nom et le jeune Prince lui adressa un sourire contrit avant de continuer.

— Et puis... La Forêt sait garder ses secrets, elle nous protège.

Cette sentence, quasi mystique sans pour autant être dénuée de fondement, amusa Erid. Les personnes qui ne méritaient pas de trouver refuge au cœur de ces bois enchantés pouvaient tourner en rond des jours durant, sans succès. La légende racontait que Ninnië elle-même l'avait enchantée pour y cacher la dépouille de sa sœur et que seuls les êtres dignes de Lyssa pourraient s'y abriter.

La première partie du trajet se déroula dans la bonne humeur. Erid et Elio racontaient des anecdotes à propos de leurs vies dans ces bois et quand elles concernaient aussi Julyne, cette dernière intervenait pour rectifier les dires de son amant ou décrire des situations amusantes. Inwë remarqua qu'Elio les fréquentait de façon plus intime qu'elle ne se l'était imaginé de prime abord. Il voyait en Erid une figure masculine à qui il pouvait demander conseil, sans se référer à son père. Aussi surprenant que l'on pouvait s'imaginer si on ne connaissait pas Erid, ce dernier prenait ce rôle très au sérieux.

Luna, généralement très pipelette, restait plutôt silencieuse, à demi endormie. A un moment, Erid lui proposa de monter à cheval avec lui et la fillette s'empressa d'accepter. Il recula au maximum sur sa selle et la fit grimper devant lui. A partir de cet instant, Luna s'éveilla et repris son habituel pépiement.

Alors que la fillette et son père adoptif s'éloignaient pour observer quelque chose un peu plus loin, Julyne se pencha sur sa cousine.

— Hier soir, nous lui avons révélé que nous n'étions pas ses vrais parents et que nous l'avions recueillie. Nous lui avons aussi dit que ses vrais parents étaient des amis à nous et que, lorsqu'elle voudrait en parler, nous répondrons à ses questions. Mais la seule chose qui l'inquiétait, c'était de savoir si nous l'aimions vraiment.