La légende des deux royaumes [TERMINÉ]

Chapitre 19 - Partie 2

Océane tournait en rond. Cela faisait longtemps, trop longtemps que William était parti à la rencontre de son frère. Toute cette histoire allait mal finir s'ils ne partaient pas très, très vite. Elle savait que ce n'était qu'instinctif, intuitif, mais il fallait qu'ils quittent cet endroit au plus tôt. Ils avaient finalement décidé de prendre la route à la nuit tombée, c'était leur meilleure opportunité. Elle était dans un état de fébrilité qui, elle le savait, lui permettait non pas d'oublier, mais de reléguer au second plan la mort de sa famille. Elle n'avait pas le temps de pleurer, de penser à eux, elle ne devait pas y songer pour le moment, il fallait qu'elle se concentre sur William. Quand ils seraient à l'abri, elle craquerait, mais pas avant.

De son côté, William aussi tournait en rond. Finwë le faisait patienter, mariner plutôt, songea-t-il. Il faisait exprès de le faire attendre, il le savait. C'était pour cette raison qu'il s'exhortait au plus grand calme, mais le pouvait-il vraiment ? Il s'était préparé des années durant à l'affronter, cependant, face à lui il redevenait le gamin de cinq ans terrorisé. Que faisait-on face à un frère que l'on n'avait pas revu depuis plus de deux décennies ? Face à ce frère qui avait réduit une partie de son existence en cendre, qu'on avait envie de tuer sur le champ ? Le jeune Prince était on ne peut plus tendu. Mais il voulait des réponses à ses questions restées en suspend depuis si longtemps. Il voulait que Finwë sache que, désormais, il faudrait compter avec lui, qu'il ne le laisserait pas faire.

Enfin, on vint lui ouvrir la porte. Il se retrouva dans un bureau où, la veille encore, il mettait en place un traité pour l'éliminer. Il n'y avait que Finwë, installé dans un fauteuil, les bras croisés parfaitement à l'aise et Gabriel, debout, dans un coin qui observait sans rien dire. Finwë se leva, une mine joviale sur le visage pour accueillir William.

— Mon frère ! Quelle joie de te revoir !

— Ne m'approche pas, s'exclama le jeune homme qui n'était pas dupe.

— Tant de rancœur que je ne comprends guère... s'amusa Finwë. Qu'ai-je fait pour mériter cela ?

— Qu'as-tu fait ? explosa William incapable de se contenir face à lui. Tu as tué nos parents, tout ça pour prendre le trône quelques années en avance et tu me demandes ce que tu as fait ?

— Tu étais loin il me semble, comment peux-tu savoir ce qui s'est véritablement passé ? déclara l'aîné, sûr de lui.

— Heureusement, parce que je serais mort à l'heure qu'il est.

— Jamais. Je ne l'aurais pas permis, affirma Finwë abandonnant son ton amusé.

— Notre oncle meurt et toi tu arrives dans la foulée, est-ce une coïncidence ? contre-attaqua William.

— Ne compte pas sur moi pour m'apitoyer sur sa mort, il l'avait amplement méritée ! lâcha Finwë faussement détendu. C'était le plus grand traitre que la famille est portée. Et pourtant, crois-moi, le niveau était élevé, s'amusa-t-il. D'ailleurs, à ce propos, j'ai découvert ceci, fit-il en désignant le traité. Intéressant. Visiblement, je devrais t'appeler William, désormais. Tu as dû avoir la belle vie, auprès de Lysianna pendant que je me cachais... déclara-t-il amer.

— La faute à qui ? demanda William avec une moue amusée.

Il sentait que l'orgueil de Finwë ne s'était pas remis de son exil. Il n'avait certainement pas dû apprécier d'être pourchassé comme un brigand, un fugitif et de vivre dans de dures conditions alors qu'il se considérait comme le Roi légitime.

— Tu as tué nos parents, reprit-il.

— Ne parle pas de ce que tu ne sais pas, s'exclama Finwë en se relevant, imposant sa volonté. Que crois-tu ? M'être supérieur ? Allons... Regarde-toi, petit frère, le railla-t-il. Tu étais ici pour les mêmes raisons que moi, comploter et t'emparer du trône.