La légende des deux royaumes [TERMINÉ]

Chapitre 9 - Partie 1

Océane s'émerveillait de la nature qui l'entourait. Elle avait l'impression que l'hiver avait été stoppé à l'orée de la Forêt des Songes, comme si le temps lui-même avait arrêté sa course lorsqu'ils avaient pénétré dans ces mystérieux bois. Ils donnaient l'impression d'être protégés de tout, aussi bien de la nature environnante que de l'homme. Des échos des légendes que lui racontait Grand'ma Nora affluèrent dans son esprit. « Quand la fille de la Lune sentit ses derniers instants arriver, elle fit une dernière chose pour aider les siens... Elle protégea cette Forêt, dernier rempart de sécurité pour ceux qui chercheraient refuge. » Cela expliquait peut-être la quiétude de ces lieux, pourquoi elle se sentait tant en sureté. Un calme l'envahit et son esprit se vida pour la première fois depuis des mois.

Quant à son maître, elle ne parvenait pas à savoir s'il se sentait rassuré ou non. Son visage était indéchiffrable et elle n'arrivait à lire aucune émotion.

Océane porta de nouveau son regard sur la nature qui l'entourait. Il y avait quelque chose de majestueux et d'impressionnant dans cette forêt. Les arbres semblaient si vieux, mais elle pouvait voir le soleil à travers leurs cimes émeraude. Des tas de feuilles cuivrées jonchaient le sol et pourtant, sur les arbres, aucune ne manquait. Les rayons dorés, qui venaient du ciel et se reflétaient sur le sol, ajoutaient un peu plus d'étrangeté à l'aura de mystère qui planait.

Océane et William avancèrent pendant des minutes, des heures peut-être, sans que la jeune femme puisse se repérer. Il était impossible pour quelqu'un ne connaissant pas le chemin d'arriver jusqu'à la demeure de la Reine. Les arbres se ressemblaient trop pour qu'elle puisse capter les différences. Elle ne savait combien de temps s'était écoulé puisqu'elle ignorait dans quelle direction ils allaient. Et la lumière restait identique, toujours ce même doré à longueur de journée. Elle se demanda combien de personnes avaient pu errer sans fin dans cette forêt enchantée, car il était clair que celui qui ignorait le chemin ne trouverait jamais sa route. Peut-être était-ce cela, le sort lancé par Ninnië cinq cents ans auparavant.

William, lui, ne doutait pas. Océane le regarda une nouvelle fois se demandant ce qui les attendrait une fois arrivés chez Lysianna. Elle ignorait quelle était la place du Seigneur au sein de ce Royaume, si elle allait continuer d'être à son service, ou alors serait séparée de lui. Était-elle toujours à son service, d'ailleurs ? Une angoisse persistait dans cet endroit de quiétude parce qu'elle méconnaissait son rôle dans cette aventure. Que venait-elle faire dans cette histoire de vengeance inter-royaumes. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle devait se trouver aux côtés de William. Il s'agissait de sa seule certitude.

William ralentit le pas et se tourna vers la jeune femme. Il lui accorda son premier regard depuis qu'ils étaient entrés dans la forêt. À sa vue, l'expression de son visage se radoucit.

— Nous voilà arrivés, déclara-t-il.

Océane fit rapidement un tour sur elle-même, mais ne vit que les arbres qui l'entouraient.

— Je ne vois rien, constata-t-elle.

Le jeune seigneur tendit la main à sa servante, qui la saisit.

— Viens là, fit-il en l'approchant de lui, et regarde bien face à toi, continua-t-il en désignant dans sa main libre un point devant lui.

Océane d'abord ne vit rien, puis... à quelques dizaines de mètres, cachés dans les arbres, une sublime demeure tout en bois s'étendait sur des pieds à la ronde. Jamais elle n'avait vu de telle construction : aucune ligne droite, que des courbes, pas de petites fenêtres étriquées mais d'immenses ouvertures arquées. Pas de pierre, que du bois. Aucun arbre n'avait été rasé, au contraire, la bâtisse était construite autour d'eux, avec eux, et elle s'étendait du sol jusque dans leur cime. Les différents modules étaient reliés par des ponts, des arcs ou parfois de simples escaliers en spirales implantés à même le tronc de l'arbre. Tout n'était qu'harmonie, la cohabitation parfaite entre la nature et l'homme.