Chapitre 15 - Partie 1

7.3K 620 36
                                    

Bien emmitouflée dans une couverture, Océane regardait le Soleil se lever. C'était devenu un rituel quotidien, chaque matin elle venait observer les Plaines du Soleil se teinter d'ocre et de mordoré avec les premiers rayons de l'astre solaire. Ces couleurs chatoyantes se déployaient jusqu'à l'horizon, aussi loin qu'elle pouvait voir, les Plaines s'étendaient. On lui avait dit un jour qu'on pouvait même voir l'océan lorsque le ciel était dégagé. Elle ne l'avait jamais aperçu, peut-être étaient-ils à trop basse altitude pour distinguer quoi que ce soit.

Elle entendit des pas s'approcher d'elle, puis la main de William se posa sur son épaule. Il déposa un baiser sur sa joue avant de s'assoir à ses côtés.

— C'est ici que tu te cachais de si bon matin ?

La jeune femme hocha de la tête avant de répondre.

— Le jour se lève plus tôt ces derniers temps. La Lune laisse place au Soleil... Demain, ce sera l'équinoxe, alors ça sera au tour de l'astre du jour de régner, commenta-t-elle.

— C'est une jolie vision des choses, fit William en la prenant contre lui.

— Ma grand-mère me racontait ça quand j'étais petite... Chez nous on disait que la Lune et le Soleil étaient amant et que la terre était leur progéniture, qu'ils veillaient sur elle à tour de rôle, expliqua la jeune femme en se rappelant avec sérénité toutes les soirées passées au coin du feu à écouter Grand'ma Nora raconter ses histoires.

— Je n'avais jamais entendu ce conte auparavant, déclara-t-il en l'écoutant attentivement, pressant sa bouche contre le bord de son oreille.

— C'était peut-être une invention de Grand'ma... je l'ignore, ajouta la jeune femme pensive. Peut-être que le message était que les Filles de la Lune et du Soleil sont là pour veiller sur l'équilibre de la Terre. Je me pose beaucoup de questions en ce moment, et mes rêves ne m'aident pas totalement à comprendre. Pas encore. Mais je laisse venir les choses à moi.

— Tu as raison, dit-il en resserrant son étreinte avant de reprendre au bout de quelques instants. Tu fais toujours ce mauvais rêve ?

— Pas depuis quelques jours. Je n'arrive pas à voir qui est sur le bûcher, comme je n'arrive pas à savoir à qui me font penser ces yeux, confessa-t-elle comme si c'était une faute de ne pas y parvenir.

— Ne te torture pas trop, la rassura William. Tu comprendras tôt ou tard, et peut-être qu'il s'agit juste d'un rêve sans fondement.

— Peut-être oui, déclara finalement Océane peu convaincue.

Ils restèrent sans bouger jusqu'à ce que le Soleil commence à se stabiliser dans le ciel et que les Plaines perdent leur robe d'or et de pourpre. Puis William finit par se relever et annonça :

— Nous allons partir, le printemps est là et j'aimerais te montrer une dernière chose avant d'arriver à la cité royale.

Océane acquiesça, puis, en se relevant, elle affirma :

— Dans ce cas, je vais aller faire un tour dans le lac...

— Mais tu sais, il y aura des bains là où je t'emmène, dit William en riant.

— Et durant le voyage ? Tu comptes me faire découvrir les joies vivifiantes des torrents de montagne à la fin de l'hiver ?

— Ça va, ça va, se rendit-il. File ! Je rassemblerai les affaires !

Océane le remercia, puis se mit sur la pointe des pieds et posa un rapide baiser sur ses lèvres avant de décamper prestement. Quand elle remonta quelques minutes plus tard, les cheveux encore humides, William avait rassemblé toutes les affaires et éteint les dernières braises. La jeune femme fit un tour sur elle-même, pour s'imprégner des lieux.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Where stories live. Discover now