Chapitre 20

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Erid reprenait des forces, toujours allongé sur la couchette de Meij. La cabine était sommaire, mais fonctionnelle. Près d'une légère ouverture vitrée se tenait un bureau avec quelques papiers dessus, à côté duquel se dressait une grande armoire certainement fixée au sol et à la paroi. Il y avait aussi une malle et quelques sièges. Rien de superflu, même pour un roi, ce qui signifiait qu'il devait avoir l'habitude de naviguer.

Erid observait ce lieu avec curiosité, lui qui n'avait pris la mer qu'une seule fois se demandait quel sentiment on pouvait ressentir au milieu d'une vaste étendue maritime avec pour seul horizon une surface bleutée. Son attention revint à quai lorsque son regard s'arrêta sur la princesse rousse. Elle l'attirait, comme la lumière attirait un papillon. Il y avait quelque chose dans ce visage farouche qui l'émouvait, une fragilité enfouie et bien cachée qu'il parvenait toutefois à déceler.

Il savait trop camoufler ses failles pour ne pas comprendre quand quelqu'un en faisait de même. Ces fêlures lui saisissaient les tripes. Il sourit, secoua la tête pour se changer les idées.

Percevant son mouvement, Alhyx tourna le regard vers lui pour voir s'il n'avait besoin de rien. Elle semblait si hésitante derrière ses traits volontaires qu'Erid n'eut pas le cœur à la taquiner comme il le faisait avec tout le monde.

— Pourquoi, toi et ton frère, êtes-vous venus me chercher ?

— Parce que ton ami nous l'a demandé, répondit-elle vivement sur un ton brusque.

— Pourtant, tu n'as pas l'air de faire tout ce qu'on te dit.

— Qu'est-ce que ça peut te faire ? T'es vivant.

— Pardonne-moi, tempéra-t-il d'une voix douce et en souriant. Je ne voulais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, je souhaitais juste comprendre ce qui t'avait poussé à sauver un inconnu.

Loin de la rassurer, Alhyx semblait hésiter encore plus. Elle n'était pas du genre à se confier, même auprès de ses frères. Meij devait lui tirer les vers du nez, seul Arhys parvenait à ses fins, mais il devait s'armer de patience. Erid sembla comprendre que ça la gênait de se dévoiler et battit en retraite.

— Ne t'en fais pas, si tu ne veux rien me dire, je comprends. Je voulais juste te remercier. Je te suis extrêmement reconnaissant tout comme j'apprécie que tu sois restée à mes côtés.

Pour une fois, Alhyx céda du terrain et détourna le regard. Ils restèrent silencieux quelques instants.

— Pourrait-on monter sur le pont ? finit-il par demander. Je m'inquiète du retour de Géron et sa famille et de Julyne et Luna.

— Pourquoi ? interrogea Alhyx à brûle pourpoint avant de se rendre compte de sa question.

Elle hésita quelques instants avant de reprendre plus hésitante :

— Pourquoi ça t'inquiète ?

— Parce qu'ils sont mes amis, expliqua patiemment Erid, comprenant que pour la princesse guerrière il devait s'agir de notions étrangères. Parce qu'il y a plusieurs enfants et que je m'inquiète pour eux, et parce que Luna est ma fille.

Alhyx lui jeta un regard perçant à la fin de cette phrase et il ne put s'empêcher d'ajouter :

— Ma fille adoptive. Son père était mon meilleur ami et il a été tué par Finwë. Océane... enfin Inwë l'a envoyée à l'abri et je l'ai recueillie et adoptée. Je la considère comme ma véritable fille.

Alhyx garda les sourcils froncés. Elle ne comprenait pas tout mais semblait percevoir combien cela était important pour lui. Elle vint l'aider à se mettre debout et, vacillant un peu au départ, Erid put rapidement avancer seul. Véritable miracle lorsque l'on repensait à son état quelques heures plus tôt.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Where stories live. Discover now