Chapitre 16 - Partie 2

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Ils partirent de bonne heure le lendemain matin, la route en fiacre étant plus longue qu'à cheval. Océane s'était vêtue d'une magnifique robe crème ornée de perles que Lysianna lui avait donnée. Elle était élégante et restait toutefois confortable pour un voyage. William avait enfilé un simple pantalon noir glissé dans ses bottes cirées de la même couleur et une veste de cuir ébène, piquée de vert sombre, qui lui cintrait la taille. Une tenue d'apparat que la jeune femme ne lui avait jamais vue. Ni chez Mordrais, ni chez sa sœur. De plus, il s'était rasé de près. Il n'avait jamais eu l'air plus royal qu'en cet instant.

Ils purent profiter du lever du Soleil et de ses rayons matinaux sur le Fleuve aux Mille Reflets qui n'avait jamais si bien porté son nom qu'en ce moment. On aurait dit des milliers de lucioles dansant à la surface des eaux.

Là non plus, ils ne firent presque pas de pauses. Une seule en réalité, pour désaltérer les chevaux et se dégourdir les jambes. William semblait plongé dans ses pensées et Océane ne le dérangea pas.

Elle était plutôt fascinée par les dizaines de bateaux qu'elle voyait. Chez elle, il en passait peut-être deux par Lune, certains continuant leur route sans s'arrêter et les bateaux de pêcheurs n'étaient que de simples barques en comparaison de ceux qu'elle voyait ici. Süryell et son château, qu'on apercevait au loin, grossissait à vue d'œil. Ils étaient encore à une heure de route et pourtant il paraissait déjà aussi imposant qu'une montagne. Fatiguée, Océane ferma les yeux quelques instants, puis finit par s'assoupir.

Elle marchait dans un long couloir sombre. Des torches brûlaient accrochées le long des murs. Pourtant tout semblait si noir. On lui prit la main, elle était terrorisée. Le danger lui oppressait la poitrine. Elle voulait faire demi-tour, toute son âme le voulait. Mais la main la tirait inexorablement vers l'avant. Elle voulait fuir, partir en courant. Mais ses pieds avançaient. Puis soudain, la douleur. Le froid. La nuit. Et ces yeux... Toujours ces yeux cyans.

Océane se réveilla en sursaut, la main sur sa poitrine. Elle sentait son cœur battre à tout rompre et une fine goutte de sueur perla le long de son dos. William, inquiet, lui prit la main, elle le rassura en lui disant qu'elle avait simplement fait un mauvais rêve. Mais au fond d'elle-même, la Fille de la Lune savait que c'était bien plus que ça, qu'il s'agissait d'une mauvais présage. Océane choisit cependant de taire cette peur qui semblait infondée. Elle sourit de nouveau à son amant, ou plutôt, à son nouvel époux. Ce dernier l'attira contre lui pour lui montrer le paysage. Durant son somme, ils avaient presque atteint leur destination. Ce ne fut qu'à cet instant qu'Océane se rendit compte de l'ampleur de la cité, car ce n'était pas un château, mais bel et bien une ville entière construite dans de larges pierres grèges. Des centaines de maisons étaient construites de façon pyramidale pour arriver à la demeure Royale, à proprement parler, au sommet. En y regardant de plus près, les maisons du bas tiraient vers l'anthracite, jurant avec le blanc immaculé des hauteurs. Grand'ma Nora lui avait vanté les beautés de Süryell, mais jamais elle n'aurait imaginé faire face à de telles constructions.

L'entrée se faisait par un pont à mi-hauteur qui enjambait les deux cours d'eau. Océane songea qu'ainsi on pouvait cacher la misère des bas quartiers aux invités de prestige. A l'extérieur l'œil était attiré par les merveilles architecturales de la haute ville et une fois à l'intérieur, de par le jeu des plateaux, on ne voyait plus au-dessous.

On les laissa monter sans problème, le fiacre et leurs tenues faisaient office de passe-droit. Ils traversèrent encore trois plateaux avant d'arriver au dernier. Il y en avait au moins huit, du moins à ce qu'elle avait pu compter. Plus ils grimpaient, plus les résidences étaient espacées, et, fait totalement étranger à la jeune femme, il y avait même des jardins emplis d'arbres et de fleurs odorantes.

Une fois le dernier barrage passé, ils arrivèrent dans une cour intérieure. Leurs cheveux furent pris en charge, le fiacre fut garé et les bagages, transportés. On les conduisit tous deux devant l'intendant du palais, un vieil homme, les cheveux blanchis par les années passées. On pouvait lire la gentillesse dans ses yeux et il se tenait si droit qu'on avait l'impression qu'il était rigide. Il se présenta sous le nom de Geosef, avant de leur demander plus de renseignements.

— Je suis le Prince William, annonça le jeune homme alors qu'Océane savait combien il répugnait à utiliser ce titre. Frère de la Reine Lysianna de Somgysaï. Je suis ici comme ambassadeur pour apporter les prémices d'un traité de paix entre nos deux Royaumes.

Cette déclaration jeta un froid dans la pièce pourtant active jusque-là. Seul Geosef resta impassible, il se tourna vers Océane attendant qu'on la présente.

— Et voici ma toute jeune épouse, Inwë. Je n'ai pu me résoudre à venir sans elle.

— Et je vous comprends, Prince. Vous avez une femme tout à fait charmante, répliqua aimablement le dénommé Geosef.

Océane sourit, la remarque semblait sincère et le vieil homme lui était sympathique.

— Je crains, Prince, qu'il me faille vous conduire immédiatement devant un conseil avisé, au vu de votre requête. J'espère que vous n'êtes pas trop fatigué. Votre belle épouse pourra, quant à elle, rejoindre directement l'appartement mis à votre disposition, annonça-t-il.

William grimaça à l'idée d'être séparé d'Océane.

— Ne vous inquiétez pas, compris aussitôt l'intendant. Votre épouse ne risquera rien aussi longtemps que je vivrai.

— Ça va aller, lui dit Océane tout bas.

Finalement, le jeune homme acquiesça. Océane suivit des domestiques qui la conduisirent jusqu'à leur suite, tandis qu'il emboitait le pas de Geosef. La jeune femme admira l'architecture complexe du palais. Il émanait une telle clarté des grandes ouvertures, les vitres étaient si claires, presque transparentes et la pierre était si finement sculptée que cela semblait presque irréel.

Après avoir traversé quelques couloirs, elle arriva enfin à ses appartements. C'était une immense pièce ou se trouvait le plus grand lit qu'elle ait jamais vu, recouvert d'une multitude de coussins et de duvets épais. Une cheminée se trouvait dans un coin et des fauteuils confortables s'arrondissaient autour. Il y avait aussi une bibliothèque, une baignoire encastrée à même le sol ainsi qu'une table, une commode et une coiffeuse. Tout dans cette pièce respirait l'opulence et le confort. Pourtant, ce qui l'attira de prime abord, ce fut le balcon. Elle s'approcha de l'immense baie vitrée et l'ouvrit avant d'enfin accéder à l'extérieur.

La vue y était sublime, le Soleil était en train de se coucher et le ciel prenait des carnations roses et violacées, éclairant la cité de nouvelles teintes. Elle faisait face au confluent et même en cet instant, le Fleuve illuminait de ses mille couleurs. La jeune femme resta quelques instants subjuguée par ce spectacle avant de frissonner. Les soirées étaient encore fraiches, surtout quand le ciel était aussi limpide qu'en cette soirée. La Lune avait déjà fait son apparition, à peine entamée.

Océane se retournait pour rentrer quand elle aperçut quelqu'un sur le balcon jouxtant le sien. Un homme aux cheveux sombres, tombant sous les omoplates, et qui cachaient son profil. Elle pouvait cependant distinguer une barbe sur ses joues. Il était complètement vêtu de noir, ce qui lui fit penser à Erid et elle ne put empêcher un sourire de naitre sur ses lèvres. Lui aussi semblait observer le spectacle de la vue et comme s'il avait senti sa présence, il se tourna vers elle. Elle vit à peine son regard, avant qu'il ne s'incline pour la saluer. Océane en fit de même et quand elle releva la tête, il avait disparu. Perplexe, elle entra dans ses appartements pour attendre William.

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Voilà le début des problèmes qui commence... Ils sont enfin arrivé à Süryell.
Vous avez rencontré Geosef, le vieil intendant que j'aime beaucoup, parce qu'il est pince sans rire.
Mais aussi un mystérieux homme vêtu de noir, mais toute ressemblance avec Erid s'arrête là, ce type là est drôlement moins sympathique...
À mardi !

(Ps : je suis dans le top 10 aventure et je trouve ça trop cool et un peu foufou, alors merci à vous 😘)

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Where stories live. Discover now