Chapitre 15

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Finwë ouvrit la porte de son épouse à la volée. Il était dans une rage noire, comme il l'avait rarement été et il désirait des réponses. Non. Il les exigeait. Au prix du sang s'il le fallait. Il savait que son épouse s'était jouée du lui, l'avait toujours su.

Il l'avait épousée parce que jamais elle ne serait complètement sienne et il aimait qu'elle lui résiste, il admirait cela. Toutes les décisions qu'il avait prises pour elle étaient des risques calculés. Il pimentait ainsi leur relation.

Mais jamais il n'aurait pensé que ça puisse aller aussi loin. Jamais Finwë n'aurait songé qu'elle eut une telle avance sur lui. Elle l'avait pris à son propre jeu. Alors, quand il apprit qu'Inwë s'était enfuie, il lâcha un cri de rage qui figea les gardes sur place.

— Depuis quand n'est-elle plus là ? cracha-t-il à un garde en l'empoignant par le col avant de le rejeter en arrière.

— J'ai voulu lui apporter son repas tout à l'heure, elle n'était plus là, fit Geosef en s'approchant. J'ai prévenu la garde immédiatement.

Son ton calme trancha avec la fureur du roi et la panique des gardes.

— Toi ! s'exclama Finwë en s'approchant dangereusement de lui. Tu es un proche de ma femme, vieil homme. Peut-être l'as-tu aidée à fuir !

Gabriel s'avança vers son ancien ami et posa une main sur son épaule.

— Finwë, tenta-t-il de l'apaiser comme s'il en avait l'habitude. Geosef n'y est pour rien, il est fidèle aux tiens depuis sa naissance.

— Et toi, fulmina Finwë à l'intention de son second. Tu m'avais dit qu'elle était fiable et qu'elle n'avait rien fomenté.

— Elle nous a trompé tous les deux, fit Gabriel de sa voix froide. Ce n'est pas parce qu'elle t'a trahi que tout le monde l'a fait.

Les deux hommes restèrent à se fixer ainsi durant un long moment où rien ni personne ne bougea dans la pièce. Les respirations étaient coupées et le temps suspendu.

Puis, finalement, Finwë se détendit retrouvant son flegme naturel après un léger signe de tête à son ami.

— Allez voir Kaarl et dîtes-lui que j'ai donné l'ordre de doubler la garde dans le palais et en ville. Elle n'a pas pu aller bien loin. Puis vous vous posterez à nouveau devant la porte, je veux que personne ne pénètre ici. Et faîtes fouiller ses jardins, ajouta-t-il aux deux gardes. Si ça se trouve, elle est même plus près que ce que l'on pense.

Ensuite, il se tourna vers Gabriel, réfléchissant.

— Elle a quelqu'un avec elle, j'en suis certain. Si ce n'est pas le vieux Geosef, c'est sûrement Samios. Fais-le suivre. Je veux connaître tous ses faits et gestes. Et vous, reprit-il à l'intention des gardes qui quittaient la pièce, dîtes à Kaarl de passer à la vitesse supérieure avec le prisonnier. Je veux savoir ce qu'il nous cache.

Gabriel se crispa mais ne montra rien. Voilà ce qu'il craignait. Il allait devoir trouver un moyen rapide de sortir son frère de là, sinon, ce dernier n'y survivrait pas.

Kaarl n'était pas seulement doué pour détruire physiquement les personnes qu'il torturait. Il s'amusait à les anéantir moralement, également. Il attendait de voir ses victimes le supplier de les achever en pleurant. Il effaçait en eux le moindre désir de vivre.

Se ressaisissant, il fit signe à Geosef de quitter la pièce avant que l'attention de Finwë ne se porte à nouveau sur lui, pour le pire cette fois-ci. Le vieil homme ne se fit pas prier et fila discrètement.

Alors qu'il quittait les appartements, il faillit bousculer Alyse qui entra comme une furie pour se jeter dans les bras de son amant. Celui-ci subit son étreinte quelques secondes sans ciller avant de l'écarter brusquement.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant