La légende des deux royaumes [TERMINÉ]

Chapitre 18

William était d'humeur optimiste en cette matinée, il venait de remettre le traité aux conseillers de Danector qui allaient vraiment l'étudier cette fois-ci. Le Roi allait signer d'ici peu et... Eh bien, l'histoire prendrait une tournure satisfaisante. La paix entre les deux Royaumes pourrait être prononcée et en plus, ce serait l'occasion de se débarrasser de Finwë. En vérité, le jeune homme avait eu tout ce qu'il désirait. Bientôt, tout ceci serait derrière lui, et enfin il tournerait cette lourde page pour pouvoir vivre sa vie. Il avait annoncé la bonne nouvelle à Océane dès son réveil et la jeune femme s'était réjouie avec lui. Par le Soleil, la Lune et les étoiles, qu'il avait de la chance de l'avoir à ses côtés.

Il était de si bonne humeur qu'il ne prêta pas attention à l'agitation en contrebas, dans la cour. Il se hâtait de rejoindre Océane qui était restée au lit. Elle avait passé une journée éprouvante la veille, sans avoir le temps de se reposer et durant le banquet, il avait bien senti qu'elle était épuisée et faisait un véritable effort pour être présente et souriante. Elle avait été parfaite, tout le monde l'avait remarquée y compris ce satané Gabriel. Si sa présence ne l'avait pas rassuré au départ, à présent, il se demandait ce que le second de Finwë pourrait faire contre lui. Peut-être devrait-il aller l'interroger pour être certain qu'il ne commettrait aucune action stupide au nom de son chef. Mais Danector devait déjà le surveiller et s'il l'avait laissé pénétrer en paix dans son château, ce devait signifier qu'il ne le craignait pas. Le Roi lui avait expliqué que la présence de Gabriel avait été justifiée par une énième demande de pardon par son neveu. Raison que tout le monde savait futile, Gabriel était là pour espionner. Mais peut-être par excès de confiance, Danector le laissait aller et venir entre les murs de sa cité sans paraitre le moins du monde anxieux. Oui, William devrait surement l'interroger. Mais pas tout de suite. Pour le moment, il voulait profiter de ce moment proche de la victoire avec Océane.

De son côté, la jeune femme avait plus de mal. Dès que William était parti, après le petit-déjeuner, elle s'était précipitée sur un seau et avait rendu son repas. Comme la veille au soir, les nausées la prenaient. Si elle avait encore eu un doute sur sa grossesse, ce n'était désormais plus le cas. Outre un retard dans ses menstruations, les haut-le-cœur confirmaient son état. La vieille Gemma avait raison : elle était bel et bien enceinte. Le futur père ne serait pas prévenu tout de suite, elle avait décidé cela quand il lui avait annoncé être sur le point de réussir sa mission. La jeune femme le préviendrait quand tout ceci serait fini, il allait devoir gérer des choses très importantes dans les jours à venir et elle ne voulait pas le perturber. Alors tant que rien de grave ou d'inquiétant ne se passerait, elle patienterait.

Océane avait fini par se sentir mieux après une brève toilette et s'être habillée et coiffée. Pour passer le temps et se concentrer sur autre chose, elle avait pris un livre. La jeune femme s'était rendu compte, quelques jours auparavant, qu'elle savait lire en parcourant les pages d'un ouvrage. Les mots avaient fait sens en elle et ça avait été un sentiment vraiment troublant. Elle n'avait jamais appris et jusque-là, n'avait jamais su. Cela devait être dû à sa mémoire de Fille de la Lune, une faculté que ses ancêtres avaient acquise et qu'elle avait assimilée après l'équinoxe de printemps. Cela la laissait toutefois perplexe et elle n'en avait parlé à personne. En attendant c'était un vrai plaisir de lire et Océane se régalait. Elle n'avait pas essayé d'écrire, sachant que ce serait plus difficile car cela demandait une action physique et ses mains, ses doigts, ses bras, n'avaient pas appris à le faire. Mais la jeune femme se promit d'essayer et de s'entraîner.

Quand William entra dans leurs appartements, Océane était en train de se coiffer. Elle avait les traits un peu tirés et le teint pâle, il s'en inquiéta mais pas outre mesure. Elle devait être encore fatiguée de la veille, songea-t-il. Ce fut donc avec quelques scrupules qu'il lui annonça que Danector les avait invités à partager sa table le midi.