Les Conquérants du Cercle T3 - L'Ordre du Soleil

Chapitre 6

Voilà maintenant, deux jours que je suis au QG de l'Ordre sur Kalisto. Comme à mon habitude, je me réveille d'une nuit sans rêve où je m'assoupis d'épuisement. Je n'arrive pas à m'endormir. Je pense sans arrêt à Ardalôn. Je me demande s'il s'est réveillé et s'il se souvient de moi. Je pense à ce qu'il m'a laissé. A Inti autour de mon oreille.

Et j'attends Daerôn... Que lui a demandé son père ? Est-il si mal en point ? Que se passera t-il quand nous nous reverrons ?

Cela fait deux matins que j'interroge Jared du regard et qu'il me fait signe qu'il n'a reçu aucune nouvelle. Que se passera t-il si Daerôn ne revient pas ?

Qu'adviendra-t-il de l'Ordre ? J'ai l'impression que beaucoup de ces gens qui m'entourent comptent sur moi. Mais je ne sais pas ce qu'ils attendent. C'est Daerôn qui est à la tête de cette organisation secrète et il ne m'a rien confié. C'est même plutôt l'inverse, il ne m'a rien dit du tout, à part me tatouer la paume d'un dessin éphémère qui s'est déjà effacé et me confier son bracelet en cuir.

Je me dirige vers le réfectoire. Jared m'a fait visiter leurs locaux et je me suis vite adaptée. Chaque Kalis, dort dans une cavité creuse à un mètre du sol environ. La pierre forme une sorte de couchette. Il n'y a pas de séparation entre les hommes et les femmes. J'imagine qu'en tant que soldats, on se concentre sur l'essentiel. Manger, dormir... Le reste n'a pas vraiment d'importance.

J'ai choisi la couchette la plus éloignée. Je voulais être seule pour réfléchir calmement. Ce n'est pas aussi confortable qu'un vrai lit même avec le fin matelas qu'on m'a fourni. Mais ça fait l'affaire. Je ne peux pas me plaindre. J'ai survécu à tant de choses grâce à ces gens. Dormir dans cette cavité au plafond très bas, me rappelle le grenier dans lequel je dormais dans notre petite maison sur Dell...

Je soupire longuement. Je ne devrais pas penser à ça.

Je longe les couloirs qui forment les différents dortoirs. Certains Kalis me saluent de la main et d'autres préfèrent s'incliner. Je déteste qu'ils me rappellent inconsciemment mon nouveau statut. Je me sens si petite, face à ses soldats qui refusent de servir Aegnor et qui préfèrent oeuvrer pour un avenir meilleur. Je ne mérite pas leur respect, ni leur confiance. Je n'ai encore rien accompli de marquant. J'ai délivré leur leader. Mais je l'ai fait avec bien plus d'aide qu'ils n'imaginent. Je ne veux pas gagner leur respect juste par un titre, mais par mes actions.

Le réfectoire est déjà animé. Les Kalis sont assis sur les tables rondes en pierre. Certains n'ont pas l'air très réveillés. D'autres comme Jared sont déjà en pleine conversation. Je me dirige vers le comptoir où Zak découpe le pain braisé du petit-déjeuner. Depuis que j'y ai goûté, je ne peux plus m'en passer. Le petit goût fumé que ça apporte en plus est divin. Zak me fait un clin d'oeil complice lorsque je me sers dans le panier. Je lui souris en retour et j'essaye de trouver une place. D'habitude, j'essaye de m'asseoir seule, mais plusieurs soldats finissent par se joindre à moi pour que je leur raconte comment j'ai délivré Daerôn. Je ne veux pas être impolie alors je le leur raconte. Mais à chaque fois, je revois la blessure d'Ardalôn et je m'efforce de ne pas pleurer pour ne pas paraître faible devant eux. A la fin de mon récit, ils me tapent vigoureusement dans le dos pour me féliciter.

Je les trouve parfois un peu brusque dans leurs actions et je ne me rappelle pas que Daerôn, ni Ingwé agissent de la même façon. Je me demande si leurs missions en dehors de Kalisto leur ont permis de s'adoucir et d'être moins barbares.

Ce qui est sûr, c'est que les problèmes sont vite réglés. Pas de discussion. Les soldats se jettent deux ou trois coups de poings à la figure et c'est déjà terminé. Les conflits se terminent toujours pas des égratignures et des éclats de rire. C'est étrange. La plupart des tensions viennent du fait que beaucoup aiment contredire et contester tout et n'importe quoi. J'imagine que désormais, ils se sentent plus libre de se rebeller. Ils ne sont plus obligés d'obéir aveuglément à des ordres royaux.