Chapitre 49

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Nous passons par les portes larges et immenses du palais de l'Ivorus. Je n'ai pas le temps de me repérer, ni d'admirer l'entrée majestueuse que j'avais vue lors de notre séjour lors des Jeux. J'ai passé tout le trajet à essayer de ne pas tomber, tellement Calywen avançait vite et me tirait pour que je le suive. Dès que je relève les yeux, je croise le regard surpris de Nathaniel. Il porte la tenue de l'héritier parfait. Une cape blanche est accrochée à ses épaules larges. Son accoutrement princier est d'un blanc ivoire scintillant. Il porte même une couronne de saphir sur sa chevelure sauvage.

A ses côtés, son père et sa mère me dévisagent avec gène. Cela doit les embêter d'avoir logé une traîtresse dans leur magnifique château lors de la compétition. Ils détournent la tête dans un geste empli de mépris lorsqu'on me fait marcher devant eux.

Aegnor est assis sur le trône de la grande salle, comme si celui-ci lui avait toujours appartenu. Comme si tout ce qui se trouvait dans ce palais, sur cette planète et dans le Cercle entier, lui revenait de droit.

Lorsqu'il me voit arriver, son sourire devient mauvais. Sa chevelure brune grisonnante est coiffée à la perfection en dessous de sa couronne d'un noir brillant. Ses yeux sont à la fois satisfaits et vifs, comme ceux d'un reptile qui a enfin prise sur sa proie. Son visage est toujours abîmé et brûlé d'un côté.

Calywen ne se gêne pas pour me donner un coup à l'arrière des genoux pour que je m'agenouille devant son Roi. Pourtant, je ne courbe pas la tête. Je regarde cet homme si imbu de lui-même, qu'il a même refusé d'épouser la plus puissante des souveraines. Je peux voir dans sa posture que son orgueil est démesuré. Il a la même mâchoire carrée que Daerôn, un regard pénétrant et un charisme qui transparaît au travers de toute la pièce. Je devine qu'il a été un bel homme dans sa jeunesse. Je remercie intérieurement ma mère d'avoir fait preuve de discernement, au moment de faire son choix.

Quand il voit que je soutiens son regard, il se lève. Je sais que ce geste lui permet d'exprimer physiquement sa supériorité. Cela me fait plaisir qu'il se sente obligé de mettre une distance entre nous. Parce que cela veut dire qu'il m'accorde plus de pouvoir qu'il veut le laisser paraître.

— Votre Altesse, il semble que l'héritier a repris ses esprits et à retrouver la traîtresse, crache Calywen.

— C'est ce que vous pensez, Calywen ? demande Aegnor de sa voix tranchante.

Calywen se contente de s'agenouiller devant son dirigeant. Je lui adresse un regard amusé. Il fait moins le malin, lorsque son roi le remet à sa place

— Je connais mon fils. Il est audacieux et intelligent. Je les fais enfermer sous prétexte que cette jeune fille avait exercé une attraction sur lui. Je pensais retarder ses projets Cette peine de prison n'a pas eu l'effet escompté comme son stage dans les casernes lors de son enfance. Il ne cesse de me provoquer et il va le regretter. Il m'a amené cette rescapée, parce qu'il a une idée derrière la tête.

Il parle comme si je n'étais pas là ce qui a le don de m'agacer. Il m'a décrite comme étant une rescapée, mais j'ignore s'il désigne la prison dans laquelle il ma enfermé sur Cléone, ou si ce terme fait écho à ma véritable planète, qu'il a détruite sans regret. S'il ma reconnu, cela est bien plus grave que ce que nous pensions. Pourquoi est-il sur Camorr exactement ? Que va-t-il faire ? De plus, il semble savoir tout ce que Daerôn a entrepris depuis le début ! Il a déjà un coup d'avance sur nous !

Perdue dans mes réflexions angoissantes, je n'ai pas vu qu'Aegnor s'est approché de moi. Il prend mon bras entre ses mains rugueuses et me soulève brusquement. Je ne peux pas prendre le risque de dévoiler mes capacités devant lui. J'ignore ce qu'il sait à mon sujet.

Les Conquérants du Cercle T3 -  L'Ordre du SoleilWhere stories live. Discover now