Chapitre 58

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J'ouvre les yeux et me demande si je suis encore vivante, si tout ce dont je me souviens n'est pas qu'un rêve. Lorsque mes yeux arrivent à s'accoutumer à la lumière blanche de la pièce, je découvre que je suis dans une chambre d'hôpital. Les petits bruits et les allées et venues des couloirs m'angoissent. Je me redresse trop vite si bien qu'un vertige me fait fermer les paupières. Je sens une main se glisser dans la mienne.

— Je suis heureuse que tu sois enfin réveillée.

Je reconnais la voix de Jo, ce qui m'incite à me concentrer pour la regarder. Elle a l'air épuisé. Ses cheveux semblent plus blancs que d'habitude. Ses pupilles me détaillent avec attention comme si elle attendait un signe, quelque chose qui lui permette de savoir que je suis bien consciente.

Je serre sa main dans la mienne alors qu'elle m'aide à m'installer plus confortablement.

— Jo... Où sommes-nous ? je lui demande d'une voix rauque.

— Dans la clinique de Glow.

Je fronce les sourcils. Comment est-ce possible ? Ai-je été si terriblement touchée par la blessure infligée par Aegnor ?

— Depuis combien de temps, suis-je ici ? je redemande, inquiète.

— Trois jours, déclare Jo d'un ton rassurant.

Elle devine que je ne vais pas me contenter de cette réponse et enchaîne avec une explication plus détaillée.

— Aegnor a été détruit par la pierre, mais il t'a blessé à l'abdomen. J'ai réussi à te guérir grâce à mon pouvoir torélien, mais je crois que ton corps n'a pas supporté le processus. Tu t'es évanouie au moment où Daerôn arrivait dans la baie Malorelle.

Elle me coupe avant que je ne pose la question.

— Naie crainte. Il va bien. Il se remet de ses blessures, comme toi. Il arrive à marcher depuis hier.

Mes yeux s'agrandissent de stupeur. Il ne pouvait plus marcher ?! Que lui est-il arrivé exactement ? Qu'à fait Aegnor ?

— Où sont les autres ? je demande encore.

J'essaye de ne pas me concentrer sur les blessures de Daerôn. Jo ma assuré qu'il allait bien. En revanche, je m'inquiète pour les différents peuples du Cercle. Aegnor n'est plus... Comment vont-ils réagir ? L'un des dirigeants va-t-il prendre sa place de dictateur ? Je me sens à la fois soulagée et apeurée. Libérée d'un joug sur mes épaules, alors que j'ai peur d'en recevoir un nouveau.

— Cela fait trois jours que tu es ici, trois jours que le temps semble s'être suspendu. Les dirigeants de toutes les planètes qui constituent le Cercle se sont réunis, mais ils attendent de pouvoir converser avec toi et Daerôn.

— Nous devons aller à leur rencontre. Je ne sais pas comment...

— Non, pas encore. Nous t'attendions pour...

Sa voix se brise sur ces mots. Que veut-elle dire ?

— Pour quoi ? Jo, que se passe-t-il ?

— Pour enterrer nos morts, Elwing. Cette bataille n'est pas différente des autres. Elle a fait des orphelins, des veuves, des endeuillés.

Mes yeux accrochent les siens alors qu'une nouvelle vague d'inquiétude s'empare de moi.

— Les infirmières ont dit que tu pouvais quitter ta chambre dès ton réveil. Je t'ai apporté des vêtements. Change-toi et rejoins-moi dans le hall.

Je réponds par un hochement de tête silencieux. Je me lève alors qu'elle quitte ma chambre. Je me dépêche de m'habiller. Mes vêtements ressemblent à ceux que j'avais l'habitude de porter sur Dell. J'ai l'impression de me glisser dans un déguisement après tout ce qu'il s'est passé. C'est comme si je revenais chez moi alors que mes souvenirs sont encore marqués au fer rouge dans ma mémoire.

Les Conquérants du Cercle T3 -  L'Ordre du SoleilWhere stories live. Discover now