Chapitre 16

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La chambre dans laquelle je me trouve n'est pas très grande. Il y a un lit simple et un canapé qui lui fait face, un bureau en bois clair et quelques étagères sur lesquelles trônent plusieurs livres. Les murs sont blancs, mais avec les rideaux fermés et la nuit au-dehors, ils apparaissent d'un gris morne.

Je commence par poser mon sac dans lequel j'ai mis une bouteille d'eau et un sachet de viande séchée du vaisseau. Puis je m'empare d'un livre assez poussiéreux. Il s'agit d'un documentaire sur les différentes techniques de pêche et les diverses espèces de poissons qu'on peut trouver sur Namus. Je tourne rapidement les pages, mais je ne trouve rien qui puisse nous renseigner sur la situation ou sur la géographie de la capitale. Je replace l'épais volume sur l'étagère et en prends un nouveau. Celui-ci est plus intéressant. Il parle de l'histoire de la capitale.

Je lis les pages avec une curiosité renouvelée. Il ne s'agit pas d'un livre de légendes, mais de comment la ville s'est peu à peu divisée au fil des années. Il existe maintenant un côté pauvre et un côté riche, tous deux séparé en deux quartiers. Ce qui signifie que Camorr est répartie en quatre zones.

La page suivante offre une carte assez lisible. Le plan est assez détaillé.

La ville est en forme de cercle divisé en quatre quarts, bien distincts. La partie droite est la plus riche, située près du port. C'est évident, puisque Namus tire sa richesse du commerce de sa pêche. Chaque quart, de droite, à son opposé « pauvre » à gauche en diagonale. Si bien que les appellations des rivières, des mers, des quartiers changent en fonction du quartier opposé. Le plus riche est situé en haut à droite et est appelé l' »Azurie », car son architecture revêt des couleurs bleutées tirant vers le turquoise. Son opposé, en bas à gauche est « La Sphénie ». Ce quartier tient son nom d'une pierre : la Sphène. Cette pierre grise et terne à été utilisée par les premiers colons pour construire leur village. En bas à droite, se situe le deuxième quartier riche : « l'Ivorus ». Tous les bâtiments sont construits avec de l'ivoire blanc éclatant. C'est d'ailleurs le matériel qui a été utilisé pour construire le palais, situé au centre de la capitale. Celui-ci est entouré d'un cercle d'eau. Il est le point de ralliement de chaque rivière ou fleuve. 

L'opposé de « l'Ivorus » est l' »Opalia ». C'est le quartier moyen de Camorr. On y trouve des familles de pêcheurs pas assez fortunées pour habiter dans l'Azurie ou l'Ivorus. Dans ce quartier, les habitations sont construites d'ardoises noires.

Le fleuve qui sépare les quartiers riches des plus pauvres est le fleuve Nânré du Nord au centre, ensuite, il prend le nom de Naîlé, du centre vers le Sud. Pour ce qui est du fleuve allant de l'Ouest à l'Est, il se nomme Naîru jusqu'au centre puis, son nom se transforme en Nânru du centre vers l'Est.

Ensuite, le livre explique que la ville est emprisonnée dans une barrière de corail. Chaque fleuve se répand dans les mers alentours par une cascade. Au nord, se trouve la cascade Litus, elle se déverse dans une baie presque impénétrable puisque la glace recouvre les coraux de la barrière. Elle tient son nom d'une espèce de poisson assez rare et délicieuse qui n'apparaît qu'a une certaine période de l'année. A l'Est, on trouve le port, sa promenade et le célèbre Quai des Muses sur lequel les artistes locaux cherchent leur inspiration.

Au sud, on trouve la cascade Perlie. Elle tient son nom d'un coquillage dans lequel on peut trouver des perles d'une grande valeur.

Enfin, plusieurs cascades se déversent à l'Ouest. On les appelle « les chutes de sels », car l'eau y est très salée. Les marchands les plus pauvres récoltent ce condiment, le nettoient et le vendent.

Avec Arwen, je m'étais promené sur le cercle aquatique interne. Celui qui entoure le palais. Mais avec Lox, je sens que je vais explorer les faubourgs et les bas-fonds de Camorr. C'est sûrement dans les quartiers de La Sphénie et de l'Opalia que nous trouverons des réponses. C'est à la fois excitant et angoissant. J'aime cette sensation.

Soudain, un coup se fait entendre à la porte et me fait sursauter. J'en fais tomber le livre sur mes pieds. Je boite jusqu'à la porte et réponds au code. Lox entre immédiatement après que j'aie dévérrouillé la serrure.

Nous parlons au même instant.

- J'ai trouvé une...

- Je crois que...

Nous nous regardons en souriant. Il semble que nous ayons tous les deux découverts des choses intéressantes. Je lui lance un bref regard.

- Vas-y. Toi d'abord !

Il sourit. Son regard d'habitude si sombre semble s'illuminer aux propos qu'il s'apprête à me révéler.

- Je crois que ce que j'ai entendu en bas va te plaire ! Les soldats m'ont raconté que les émeutes ont commencé juste après un incident peu ordinaire. Une partie des collines de sel, qui recouvrent les cascades de l'Ouest, est tombée. A ce qu'il paraît, c'est vers ces cascades que les malfrats se livrent au marché noir. Tous les Camorrois pensent qu'il s'agit d'une explosion provoquée par les soldats kalis afin de mettre un terme à ce trafic illégal. Sauf que les soldats m'ont bien dit qu'aucun d'eux ne s'aventure dans ces quartiers. Ils laissent les marchands régler eux-mêmes leurs affaires. Par contre, il y a eu plusieurs disparitions mystérieuses depuis cet incident. Plusieurs jeunes pêcheurs ont disparu. Mais, écoute-bien, ce qui est le plus surprenant, c'est que ces pêcheurs habitaient le quartier opposé. Le plus riche, en fait. Je crois que c'est dans ces quartiers qu'on doit commencer à chercher. Pourquoi ces pêcheurs ont disparu ? En quoi consiste ce marché noir ? Et surtout, quel est le lien entre les deux.

Plus il me parle, plus son sourire s'élargit. Ses yeux sont agités comme s'il était déjà en train d'élaborer un plan dans son esprit vif.

Je lui souris en retour. Je suis impatiente de lui expliquer que je suis devenue experte en géographie.

- Eh bien, mon cher Lox, je crois que nous allons faire un tour du côté de La Sphénie.

- La Sphénie, dis-tu ? demande-t-il en se frottant les yeux comme s'ils étaient déjà trop fatigués à force d'exprimer son enthousiasme.

- Nous nous trouvons actuellement dans l'Ivorus. Il nous faudra juste traverser le pont qui surplombe le fleuve Naîlé.

Je lui montre la carte que j'ai trouvée dans le livre. Il me l'arrache presque des mains et tourne la page. Il suit la lecture avec son doigt. Et me montre une ligne en particulier.

« Les Camorrois ont l'habitude de se retrouver le Vendi, afin de vendre les produits de leur pêche. On assiste alors à un échange de produits plus ou moins luxueux qui attirent les foules de tous les quartiers. »

- C'est la diversion parfaite !

- Quel jour sommes-nous, ici ? je demande en essayant de trouver une réponse dans le livre.

- Le Judus, la veille du Vendi, dit-il en souriant.

Nous échangeons un regard complice. Il a raison. La foule nous protégera des regards un peu trop curieux et nous pourrons plus facilement atteindre notre but. En plus, j'ai l'impression que nous aurons plus de chance de trouver la confrérie secrète dans les faubourgs de la capitale.

- Où peut-on trouver des vêtements plus discrets ? je demande inquiète.

Si nous continuons de porter nos uniformes de l'armée kalisse, nous attirerons les regards au lieu de les éviter.

- Ce cher Handrel à plus d'un tour dans son sac ! s'exclame-t-il en me faisant un clin d'oeil.

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Hello les lecteurs !

Le chapitre est un peu plus complexe que les autres avec la géographie de Camorr. J'espère que vous réussirez à bien vous imaginer la ville.

Au passage, j'en profite pour vous remercier pour les 100k de lectures pour le tome 1, c'est vraiment un truc de dingue ! On vous prépare une petite surprise.

A bientôt !

Holly & Lou (en direct de Namus)

Les Conquérants du Cercle T3 -  L'Ordre du SoleilWhere stories live. Discover now