Les Conquérants du Cercle T3 - L'Ordre du Soleil

Chapitre 50

Lorsque j'entends des pas dans le couloir des cachots, je me redresse. Le bruit est régulier, calme. Quelqu'un approche. J'expire un grand coup, pour me tenir prête.

C'est Bélèm que je distingue dans la faible lumière du jour. Il se rapproche de ma cage.

— Elwing, je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai réussi à sortir des cachots.

Alors Aegnor a écouté son rapport, et il l'a ensuite jeté comme moi... Je soupire, agacée. Il se permet de prendre ce qui l'intéresse de ses alliés et ensuite, il les renvoie sans aucun remerciement ni aucune récompense...

— Où est Daerôn ? Son père veut le combattre, ou le tuer, je ne sais pas !

Je ne dois pas laisser la panique m'envahir.

— Je sais. La majorité des soldats n'attendent que ça, depuis hier. Ils sont partis pour regarder le spectacle.

Il cherche quelque chose, accrochée à sa ceinture. Les clés ! Il a réussi à prendre les clés ?

— Comment as-tu fait pour ne pas être repéré ? je lui demande, impatiente.

— Les soldats kalisses ne font pas attention à un orphéen qui perd la tête, explique-t-il alors qu'il tourne la clé dans la serrure.

Je ne comprends pas ses paroles. Ne devait-il pas retrouver un semblant de logique et d'humanité après mon intervention ?

— Bélèm... je croyais que tu allais mieux.

Il ouvre la porte le plus silencieusement possible, sans rien dire.

— Daerôn est parti, il y a quelques minutes, pour rejoindre son père. J'ai pensé que tu voulais le voir avant. Tu arriveras peut-être à le rejoindre.

Un frisson d'angoisse me parcourt à l'entente de son nom. Je lance un regard inquiet vers Bélèm, ce nouvel allié, inattendu.

— Ne t'inquiète pas pour moi, ajoute-t-il simplement.

Je m'échappe du cachot, cette petite pièce humide et me mords la lèvre. Je ne sais pas quoi faire.

— Tu as dit que quelque chose avait changé, je réponds.

— Oui... Ce qui a changé, c'est que maintenant, j'ai conscience de devenir fou. Ses pensées nouvelles se faufilent dans le manège sans que les anciennes ne le quittent. Il y a trop de monde dans le carrousel, Elwing

— Qu'est-ce que je peux faire ? je demande alors que je serre les poings.

J'ai échoué terriblement. Je n'aurais pas dû l'aide. C'est bien pire qu'avant.

— Rien. Personne ne peut rien faire, conclut-il.

J'essaye de penser à la suite du plan de Daerôn. Il sait que nous devons nous rendre dans la baie avec Bélèm pour y déterrer le trésor. Il a sans doute accepté de combattre son père pour le détourner de ce que nous ferons. Mais si Bélèm va mal, comment pourra-t-il m'aider ?

— Bélèm, j'ai besoin de toi pour la baie. Je ne peux pas contrôler ma capacité de télékinésie.

— Je sais, Daerôn m'en a parlé avant de venir me libérer.

Alors c'est lui qui a délivré Bélèm ? Il a bien l'intention de retenir son père pendant que nous cherchons la pierre...

— Nous devons nous y rendre pendant qu'Aegnor est occupé ! Viens avec moi ! je m'exclame alors que je m'élance dans le couloir.

— Je te rejoindrai bientôt. J'ai les clés autant en faire profiter les autres prisonniers.

Je me stoppe, je n'y avais même pas pensé. J'étais trop concentrée sur Daerôn, sur son duel avec son père et ses conséquences.