Les Conquérants du Cercle T3 - L'Ordre du Soleil

Chapitre 27

— Qu'est-ce que tu fais ? je demande à Nathaniel alors qu'il sort du bar vêtu de sa cape noir et de son foulard sombre.

Il est habillé de la même façon que lorsque je l'ai rencontré la première fois après que Sajjad m'ait kidnappé et enfermé dans le grenier du Retors.

— Ne t'inquiète pas, Princesse. Ce n'est qu'une balade nocturne.

— Où m'emmènes-tu ? je l'interroge, méfiante.

— Où nous emmènes-tu ? accentue Daerôn tandis qu'il me jette un regard.

Derrière Nathaniel, je remarque un éclat de lumière. Je plisse les yeux. Il s'agit d'un trident qu'il porte derrière son dos. Je pointe larme d'un doigt accusateur.

— C'est pour quoi ça ?

— Un moyen de dissuader les gens de me suivre. Enfilez-ça ! s'exclame-t-il alors qu'il nous jette deux capes noires semblables à la sienne.

— Pourquoi doit-on mettre ça ? l'interroge Daerôn à son tour.

— Parce que tu crois que les Namusiens ne vont pas te reconnaître dans la nuit ?! La vie nocturne des Camorrois pourrait te surprendre...

Une fois que j'ai revêtu la cape, et mis la capuche, je me sens comme une voleuse.

— Je peux savoir où on va ? enchaîne Daerôn après m'avoir imité.

Il est très secret sous sa cape. Ça lui donne un air mystérieux qui m'attire plus que ça ne devrait.

— J'emmène Elwing au cœur de Camorr. Toi, tu es là uniquement parce que ça me fait plaisir, déclare Nathaniel d'un ton narquois.

— Je ne savais pas que tu appréciais ma compagnie. Tu aurais pu en profiter si tu étais au palais, rétorque Daerôn d'un ton acerbe.

— Je t'ai déjà dit que j'avais mieux à faire, renchérit Nath.

— Vous allez arrêter de vous disputer, oui ou non ?! je m'exclame en les regardant tour à tour.

Les deux jeunes hommes me regardent et détournent le visage. Cependant, je remarque leurs sourires. C'est bien ce que je pensais. Ça les amuse de se chamailler tout le temps.

— Suivez-moi, lance Nathaniel en se dirigeant vers le Quartier de l'Opalia.

L'Opalia est majoritairement constitué de maisons en ardoises. La nuit est d'une immense obscurité dans le noir sombre des toits. Même Torelle ne s'y reflète pas. Nous marchons dans les rues calmes de cette partie de la capitale depuis une trentaine de minutes et je ne sais pas si le silence me rassure ou m'oppresse. Un lampadaire grésille à quelques pas de nous et me fait sursauter tant il n'y a aucun bruit.

— Je croyais que les rues étaient animées, chuchote Daerôn dans mon dos.

— Chut ! le coupe Nathaniel.

Il nous stoppe d'un geste de la main, et je m'aperçois qu'il est concentré. Il fronce les sourcils, ses yeux semblent se mouvoir rapidement et percer l'obscurité.

Des cris de corneilles nous parviennent. Je n'aime pas trop cette ambiance angoissante. Soudain, un son aigu comme un sifflement me fait reculer suivi d'un « bang » derrière moi. Daerôn m'attrape par la manche et me rapproche de lui. Je me retourne. Un couteau est planté dans le mur en bois.

Nathaniel s'empare de son trident rapidement et sonde les environs de son regard perçant.

— Tiens, tiens. Des pirates nocturnes, s'exclame une voix dans une petite ruelle.