Chapitre 17

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Je suis réveillée aux aurores. Un rayon de lumière vient percer par la petite fenêtre de ma chambre. Une douce lueur orange qui m'incite à me lever plutôt que de renoncer et de me cacher sous mes couvertures. Je me redresse doucement, en appréciant le sol froid sous mes pieds nus. Puis, je me lève pour écarter les rideaux. Le ciel est parsemé de nuages rosés comme un matin d'hiver sur Dell. Les oiseaux volent déjà haut dans la brise de l'aube. J'entends les bruits de la ville qui se réveille, des marchands qui installent leurs stands, des promeneurs matinaux qui se prélassent dans les rues pavées. Je pourrais presque apprécier ce doux moment. Mais je n'y arrive pas. La nostalgie de mes matins avec Miriel me rattrape. L'odeur du chocolat chaud, des pages de journal qu'elle tourne en attendant que je descende la rejoindre dans la cuisine...

Me sentirais-je un jour à nouveau chez moi quelque part ?

Aujourd'hui, notre mission d'espionnage commence et je ne peux pas me permettre de rêvasser. Je ferme les rideaux avant que la mélancolie ne m'atteigne complètement. Je fais mon lit, me lave rapidement. J'entends qu'on frappe à ma porte. Je m'habille précipitamment avec la même tenue que la veille et ouvre. Lox me tend un tas de vêtements propres et clairs. Il est lui-même vêtu d'une tunique similaire. Il porte aussi un pantalon en lin resserré aux chevilles et des babouches.

- Habille-toi et rejoins-moi en bas. On déjeunera en allant vers le pont qui sépare l'Ivorus de la Sphénie, dit-il avec un sourire plein d'excitation.

Je souris en retour en le remerciant. Ses cheveux sont encore en bataille et ses yeux ensommeillés. Je le soupçonne de s'être réveillé, il y a, à peine quelques minutes.

Je descends les escaliers particuliers, au ralenti. Ma nouvelle tenue est plus confortable que celle que je portais auparavant, mais ces escaliers sont vraiment dangereux. Ma tunique écrue est en réalité une longue robe dont les bretelles s'entrecroisent dans le dos. En dessous, je porte un pantalon similaire à celui de Lox. Mes babouches, au contraire, sont plus pointues que les siennes. Ce qui ne facilite pas ma démarche.

Il n'y a aucun client dans la salle à manger, mais Handrel est devant son comptoir et me fait un léger signe de la main.

Lox m'attend à la porte. Il trépigne d'impatience.

- Pourquoi tu marches comme ça ? demande-t-il en pouffant.

- Je n'ai pas l'habitude de marcher avec des chaussures si pointues. Je réponds en lui adressant un coup de coudes dans les côtes.

Nous franchissons la porte ensemble alors que Lox grimace exagérément de douleur. Je peux déjà sentir l'air marin de Camorr. Le paysage est maintenant lumineux, ce qui me permet d'apprécier la beauté de l'architecture d'ivoire de notre quartier. Je suis bientôt obligée de plisser les yeux pour y voir clair, tellement le paysage est blanc et éblouissant.

- Tu as pris la carte ? m'interroge Lox en s'étirant.

- Oui. Elle est dans mon sac, je rétorque d'une voix amère.

J'ai dû faire un effort considérable quand il m'a demandé d'arracher la page du livre pour ne garder que la carte.

Je lui tends le morceau de papier et observe à nouveau les environs. La plupart des habitants sont déjà sortis de chez eux. Ils semblent commencer leurs journées assez tôt. Les seules personnes que je croisent sont les femmes au foyer qui flânent devant les petites échoppes, ou les enfants qui s'arrosent dans les flaques d'eau formées par les nombreuses fontaines présentes dans les rues.

- On doit aller à gauche. Le pont n'est pas très loin. On va passer par l'avenue principale.

- D'accord. Je te suis.

Les Conquérants du Cercle T3 -  L'Ordre du SoleilWhere stories live. Discover now