Chapitre 3 : Moraï, l'esclave

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Point de vue de Leith

Les étudiants avaient pour habitude de lancer des regards inquisiteurs lorsque je marchais dans les couloirs. Certainement parce qu'en fonction de mon humeur, je pouvais faire des choses totalement irréfléchies, mais ce n'était pas le cas aujourd'hui. Tous les regards étaient rivés sur Alec, qui me suivait à la trace et qui avait totalement disparu de la circulation depuis une semaine.

Les rumeurs allaient bon train et étaient toutes plus tordues les unes que les autres. Certains affirmaient qu'il s'était enfui, d'autres qu'il avait été enlevé avec Ambre et, ma préféré, qu'il s'était fait tuer. J'aurais presque pu y croire à sa démarche traînante et les cernes qui assombrissaient ses yeux. Il ressemblait véritablement au Dieu de la mort désormais.

J'esquivai de justesse un cuisinier qui courrait en sens inverse. Depuis maintenant une semaine, tous les membres du staff gesticulaient avec des montagnes de dossiers dans les bras, loin de leurs tâches​ habituelles. Ils se moquaient éperdument de manquer de nous rentrer dedans tant ils étaient occupés. L'agitation ambiante me stressait encore plus et n'allait pas en s'arrangeant.

Vous avez trouvé une piste ? me demanda finalement Alec après des minutes à parcourir les étroits couloirs jusqu'aux bureaux.

Sa voix éraillée ne manqua pas de me surprendre, mais sa question me fit néanmoins lâcher un sourire. ​

Donc, ça t'intéresse, lui répondis-je sur un ton ironique. Tu aurais peut-être dû ...

C'est de ma faute, me coupa-t-il. C'est de ma faute si elle a été enlevée, je l'ai compris et c'est pour ça que je veux réparer mon erreur.

Je me retournai brusquement en croisant son regard dégoûtant. Ses yeux verts étrangement clairs m'avaient toujours rebuté depuis mon plus jeune âge.

Tu ne vas rien réparer du tout, tu en as déjà assez fait ! le contredis-je alors qu'un elfe essayait de se frayer un chemin dans le couloir.

Alec m'ignora, il avait l'habitude de se faire sermonner et le châtiment corporel ne lui ferait ni chaud ni froid dans son état misérable.

Les protecteurs ne travaillent pas seuls. J'ai pu remonter jusqu'à des sales types qui n'ont pas voulu me dire pour qui ils bossaient. Mes illusions n'ont pas fonctionné sur eux, comme s'ils s'attendaient à ce que je leur rende visite.

Je lâchai un long soupir. L'ancien Leith aurait très certainement répondu qu'il se moquait du menu fretin, et franchement, je me retenais de lui cracher à la figure que je m'en moquais éperdument. Nous avions déjà localisé la zone où était Ambre, qu'est-ce qui pourrait me stopper ?

Pourtant, les mots ne voulaient pas sortir de ma bouche. J'avais bien trop sous-estimé les protecteurs et leurs moyens. Hors de question de refaire la même erreur et risquer la vie d'Ambre. Il me fallait le plus d'informations possible pour en finir rapidement et efficacement, et si pour cela je devais collaborer avec l'être le plus abject sur cette terre, je le ferais.

Qu'est-ce tu as vu ?

Alec ne perdit pas une seconde pour répondre à ma question.

Des sorciers pour la plupart et des nains. Ils fabriquaient des fioles avec un étrange liquide, certainement une potion, sans parler de leurs armes étrangement similaires à celles des protecteurs.

Tu y as fait une descente ? Ils savent qui tu es ?

Il mit étrangement de temps avant de répondre.

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