GOD'S RETURN 2

Chapitre 59 : Leith le Vierge Casse-Pied

Leith n'avait rien compris. Je ne me voilais pas la face vis à vis d'Alec et sa sœur. Alec avait sacrifié toute sa vie pour elle, et essayai tant bien que mal de la préserver des descendants et des autres dangers qui la guettaient. Oui, Alec choisirait sa sœur. Oui, je le savais depuis le départ. Non, ça ne me rendait pas triste. Si demain ma mère était en grave danger, je n'hésiterais pas une seule seconde à partir avec elle loin d'ici, loin d'Alec.
Alors je comprenais tout à fait son choix.

Ce qui me rendait à ce point de mauvaise humeur ne venait donc ni d'Alec ou d'Hélène à proprement parlé, mais de mon impuissance. J'aurais aimé pouvoir crever l'abcès entre ces deux-là pour qu'ils soient à nouveau réuni. Balancer toute la vérité à la figure d'Hélène et d'Alec, voilà ce que je voulais, mais je leur avais fait une promesse à chacun d'eux et je ne pouvais pas briser cette confiance. Alec se sentirait trahi, d'autant plus que nous avions eu quelques problèmes au sujet des cachoteries trop fréquentes. Et ne parlons pas d'Hélène, à qui j'avais promis de préserver son secret.

Sa sœur avait besoin d'y voir plus clair, de se retrouver avec elle-même pour savoir qui elle était vraiment, et ce qu'elle voulait pour son frère et ses parents. Je ne devais pas la brusquer, je me l'étais juré. Et voilà que Leith met son nez dans des affaires dont il ignore tout. D'accord, dans le fond il avait raison, mais comment pouvais-je le reprocher à Alec ou même Hélène ? Ces deux-là n'y étaient pour rien.

Je pris une brindille sur le sol et commençai à lui faire part de mon ennui ... en la tordant dans tous les sens. Quelques minutes passèrent durant lesquels le vent balayait agréablement mes cheveux. La lune, tapis derrière un nuage, reflétait sa belle couleur sur la jungle en contre bas. Je lâchai un long soupir, cette fois plus calme. Rien ne servait de se mettre dans un état pareil en ce moment. Après tout, il y avait beaucoup plus important une épreuve sanguinaire dans une jungle peuplée de monstres !

— Tu comptes dormir ici ?

Je ne me retournai pas lorsque Leith s'assît à mes côtés. Son odeur de savon fut bientôt remplacée par celle d'une cigarette.

— Désolé, je ne voulais pas te rendre aussi triste, s'excusa le descendant de Zeus d'une petite voix. Je m'exprime mal.

Ses excuses étaient sincères, et l'incident déjà oublié.

— Je l'avais remarqué, lui répondis-je avec un sourire.

— Je ne sais pas comment faire pour attirer ton attention, avoua-t-il sans mâcher ses mots. Et ça m'énerve qu'Alec te néglige par moment. Quand je nous imagine ensemble, je sais que je n'aurais jamais fait une chose pareille.

— Leith, j'ai une question pour toi. Réponds-moi honnêtement, lui demandai-je en le regardant dans les yeux. Est-ce que tu pourrais sacrifier les descendants, ton père ... tout ce que tu as construis à Diafosa pour moi ? Tu comprends pourquoi est-ce que la situation n'est pas aussi évidente ?

— Bien sûr que je le pourrais, me répondit-il aussitôt avec une telle assurance que j'eus un mouvement de recul.

— T-tu ... Ce n'est pas normal. Notre relation serait toxique quand on y réfléchit bien. Tu ne peux pas seulement être attaché qu'à moi. Les descendants ne comptent pas pour toi ?

— Je n'ai jamais dit le contraire, me coupa-t-il aussitôt. J'aime les descendants, ils sont ma famille, même si certains d'entre eux sont parfois agaçants. C'est la même chose pour mon père à qui je voue un grand respect. Mais toi, tu es encore plus spéciale. Quand je te parle de choix, je ne te parle pas de sacrifice comme tu l'as énoncé. Je te parle de priorité et de confiance. Si j'étais Alec, je me débrouillerais d'une façon ou d'une autre pour concilier les deux, surtout en voyant que la situation te fait autant souffrir.