Chapitre 89 : Moral Zéro

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Je connaissais la route par cœur. Le chêne en forme de danseuse, les buissons roux qui s'écartaient sur notre passage et l'habituel daim qui retroussaient les oreilles. Je connaissais la route par cœur, et pourtant tout me semblait nouveau.

J'essuyai mes mains moites sur mon jean et déglutis péniblement. Mes yeux restaient braquées sur le lacet défait qui pendouillait mollement à ma chaussure. Les brindilles qui craquaient sous nos pas constituaient la seule source de bruit dans la forêt. Tout était calme, trop calme à l'exception de mon cœur qui battait à tout rompre dans ma poitrine.

Tu vas mieux ?

Alec venait de rompre le silence après plusieurs minutes de marche. J'aurais aimé demandé à quoi il faisait allusion exactement. Est-ce que j'allais mieux après cette soirée arrosée ? Ou est-ce que j'allais mieux depuis notre rupture ? Dans tous les cas, la réponse était non.

Ça va, je languis juste qu'on finisse enfin les élections.

Il faudrait être fou pour vouloir continuer ces épreuves.

Va dire ça à Connor, répondis-je en secouant la tête.

Je sentis un faible sourire marquait son visage, mais il disparut en un instant.

J'aurais aimé que les choses se passent différemment.

Je serrai les poings et crispai la mâchoire.

C'est moi la responsable dans toute cette histoire. Tu as toujours eu le choix, mais c'est moi qui ai été trop stupide de penser que tu ferais le bon pendant tout ce temps. J'aurais du prendre mes distances à l'instant même où tu m'as plu.

Ne dis pas des choses pareilles, me coupa alors Alec d'une voix empli de tristesse. Tu ne peux pas regretter les sentiments que tu as éprouvé pour moi. C'est ... je sais que je t'en ai fait baver, mais je pensais pouvoir rattraper le coup plus tard. J'ai été emporté dans toute cette merde et je regrette tellement aujourd'hui.

Arrête, Alec. Tout ce que tu dis ne fait qu'empirer les choses. J'ai besoin d'avancer, tu comprends ? Tu ne peux pas me trahir à ce point, devant des milliers de personnes, faire un choix aussi drastique puis me dire que tu regrettes !

Mais c'est le cas, Ambre ! Tu crois que je ne penses plus à toi depuis ce qu'il s'est passé ? Tu crois que j'ai passé l'éponge et que m'occuper de ma sœur me rend heureux ? Ce qui me fout la rage, c'est qu'on pourrait être bien ensemble si les descendants n'existaient pas !

Je m'arrêtai net et lui fit face en pointant du doigt les portes de Diafosa.

Sauf qu'ils sont là, et j'en ai assez que tu utilises les autres comme excuse. TU es le seul responsable de tes choix ! Je sais que ta situation est compliquée, mais nous aurions pu trouver une solution ensemble si tu avais voulu me faire confiance dès le départ.

Le descendant d'Hadès n'osait même plus me regarder dans les yeux. Je serai une menteuse si j'affirmais ne plus vouloir lui pardonne et le laisser partir. Mes ongles s'enfoncèrent dans ma paume pour empêcher cette pulsion irrationnelle de me jeter dans ses bras. Ambre, ne te laisse pas avoir. Ce n'est pas toi qu'il a choisi. Maintenant, à toi de créer ton propre chemin.

J'aurais aussi aimé que ça se passe autrement, Alec. Malheureusement, nous nous sommes rencontrés au mauvais moment. Prends soin de toi et de tes proches, terminai-je en me dirigeant d'un pas déterminé vers les portes.

Je ne t'abandonnerai pas, Ambre. Tu en fais aussi partie.

Durant mon avancée, je priai les dieux pour me donner la force de ne pas me retourner. Un soupir de soulagement me fit vider mes poumons lorsque j'arrivai enfin dans les jardins. Cette fois, j'étais seule et j'en profitai pour enfin lâcher ce trop de larmes.

GOD'S RETURN 2Where stories live. Discover now