Chapitre 92 : Sous l'Eau

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La première chose qui me frappa aux yeux fut la lumière. Une douce lumière qui me fit plisser les paupières pendant de longues secondes, mais qui eut au moins le don de réchauffer mes doigts gelés. J'avais l'impression de câliner le soleil dans mes bras comme un vieil ami sans m'inquiéter de sa puissance.

La seconde chose qui me figea sur place fut l'odeur. D'habitude régnait une effluve de pins et de vieux bois humides à Diafosa, mais ce n'était pas le cas aujourd'hui malgré le petit bois qui s'étendait sur plusieurs kilomètres.

Ça sent ton odeur, murmurai-je en me tournant vers Leith.

Le descendant de Zeus me lança un regard curieux avant de hausser les épaules.

Je passe beaucoup de temps ici en ce moment.

La brise fraîche fit battre mes cheveux en tout sens que je ramenai derrière une oreille. Sentir l'odeur de Leith, quand bien même il s'y reposait souvent, ne justifiait pas qu'elle soit aussi forte. J'ignorais pourquoi l'endroit m'était aussi familier, mais j'aurais juré l'avoir déjà vu quelque part. Mes doutes se confirmèrent lorsque d'étrangères lucioles papillonnèrent sous mon nez.

L'herbe à mes pieds dansaient au rythme du vent et je mourrai d'envie d'ôter mes baskets pour entrer en contact direct avec elle. À première vue, nous avions atterri sur des plateaux où silence, soleil et créatures magiques étaient seuls habitants. Au loin, un moulin aux briques jaunâtres continuait son travail. La roue à aubes animait le moulin grâce à la force de la rivière, mais aucun son ne me parvenait d'ici.

Moi qui m'attendais à une salle de torture, je suis agréablement surprise.

Leith éclata de rire en secouant la tête. Son sourire n'avait jamais été aussi sincère. Il semblait si détendu que j'en oubliais presque d'être en compagnie du redouté descendant de Zeus. Ici, il n'y avait rien de tout ça. Ici, il était lui-même.

Je peux toujours te la montrer, c'est mon deuxième endroit favori.

Ça ira, merci. Je suppose que le portail nous a emmené dans un autre pays, pas vrai ?

C'est exact, mais lequel ?

Leith fit danser ses sourcils pour m'inciter à lui donner une réponse rapide. Les devinettes l'avaient toujours amusées.

— Nous sommes en Europe, c'est certain. Ces collines me sont familières, mais je ne pourrais pas te dire où nous sommes exactement.

Je réfléchis longuement en me remémorant le peu de voyage que ma mère et moi avions fait. Il ne faisait pas assez chaud pour être en Espagne ni assez froid pour être en Pologne. Je me souvins alors d'une discussion avec Leith où il me contait sa rencontre avec Sophie, sa gouvernante.

— La France ?

— Pas mal pour une campagnarde.

— Phœnix est beaucoup plus grand et moderne que ton vieux bled, le contredis-je avec un pincement au cœur en repensant à mon ancienne ville.

Y retourner serait comme regarder de vieilles photos de mon père et ma famille attachée à une chaise sans pouvoir m'y échapper. Pourtant, j'étais certaine que ma mère avait fait le bon choix désormais. Enfin, peu importait que notre déménagement ait été provoqué par je-ne-sais qui  afin de servir les plans des Protecteurs. Ma mère vivait heureuse dans notre petit coin et avait reconstruit sa vie, et moi aussi.

Nous sommes dans le sud de la France, j'y allais régulièrement avec Sophie. Cet endroit n'est pas répertorié sur les cartes puisqu'il s'agit d'un territoire propre à sa famille. J'en ai hérité lorsqu'elle est décédée.

GOD'S RETURN 2Where stories live. Discover now