GOD'S RETURN 2

Chapitre 21 : Malice ou Délice

Si les jardins avaient changé au point que je ne reconnaisse presque plus le campus, les salles de classe étaient encore pires. Plantée devant le nouveau plan des salles, je cherchais mon cours de mythologie. Même si ma matière favorite faisait toujours partie de mon agenda, deux problèmes s'imposaient.

D'abord, les matières avaient été complètement changées pour le second semestre qui venait de commencer. Les matières communes qui m'étaient familières se comptaient sur le doigt d'une main : mythologie grecque, mathématiques, littérature anglaise et les entraînements quotidiens avec sa section. Adieu l'histoire de la civilisation humaine, à croire que mon peuple ne valait rien. Honnêtement, cette décision ne m'étonnait pas de Gwenn.

Le deuxième problème était moins grave, mais tout de même embêtant. Les notes de mon premier semestre ne suffisaient pas pour le valider. Je devais donc mettre les bouchers doubles ce semestre pour espérer avoir mon année.

J'ignorais encore comment avouer la nouvelle à ma mère, mais j'espérais secrètement que mon père lui efface la mémoire à ce sujet. Je n'avais qu'une hâte d'ailleurs, voir si ma mère allait bien. J'aurais pu l'appeler avec le téléphone portable que j'avais pu récupérer hier, mais honnêtement je craignais d'entendre la voix d'un robot au téléphone. Heureusement, Alec m'avait rassuré la veille en me donnant de ses nouvelles. Ma mère pétait la forme et s'amusait comme une folle à son nouveau travail. Elle ne se doutait pas une seule seconde que sa fille avait quitté Diafosa pendant 3 mois ...

— Comment va notre revenante ?

Angie se tenait juste derrière moi et étudiait le plan d'un air ennuyé. Au vu de ses petits yeux et ses cheveux emmêlés, il avait très mal dormi.

— La revenante ne sait pas où est sa classe. Aurais-tu la gentillesse de m'escorter ?

— Bien sûr, si vous promettez de ne pas dormir dans les dortoirs des garçons à nouveau.

J'ouvris une bouche béante lorsqu'Angie m'accabla d'un regard accusateur.

— C-comment est-ce que tu ... Oh, mon odeur ?

— Ouais, ton odeur. Il devrait sérieusement penser à me désigner responsable de dortoir, me répondit-il en tapant dans ses mains comme s'il avait trouvé la meilleure idée du monde.

— Tu es pire qu'un chewing-gum, râlai-je. Et, je peux savoir ce que tu fais là ? Je suis déjà en retard de dix minutes.

— Moi aussi j'ai eu du mal à sortir du lit. Allez viens, avant que la terrible Gwenn nous tombe dessus.

Au moins, être aussi en retard avait un avantage : aucun étudiant ne m'avait encore bousculé. Avec la présence des journalistes, j'avais sûrement fait un bon choix. Angie s'arrêta devant une porte métallique qui ressemblait presque à celle d'une prison, avant de poser une main sur mon épaule pour me donner son soutien. Je ne réfléchis pas une minute de plus et ouvris la porte.

Mon professeur m'adressa un regard soulagé, et hocha la tête pour me saluer. J'avais complètement oublié que j'étais une élève portée disparue jusqu'à hier, évidemment que les professeurs n'allaient pas m'enguirlander pour un retard de dix minutes.

Les Tilion étaient sagement assis à leur table. Il y régnait une ambiance sérieuse contrairement à d'habitude. Allez savoir quelle mouche les avait piqués, mais j'avais au moins la satisfaction de trouver une chaise libre sans que tous les regards soient posés sur moi. Je notai la présence de Diana qui me fit un coucou timide depuis le premier rang et Ali, à moitié affalée sur sa table qui faisait une bonne sieste. Tous les descendants étaient présents, mais mon regard restait planté sur le dos d'Amael. Les manches de sa chemise étaient relevées, révélant ainsi ses tatouages à l'encre noire. Contrairement aux autres, ses cheveux étaient bien plus courts qu'avant et toujours d'un blond vénitien éclatant qui lui donnait l'air d'un surfeur tout droit sorti de Californie.

— Avant que Mademoiselle Riva nous interrompe, reprit le professeur en se grattant la gorge, je disais donc que les cours seraient banalisés pendant la période des élections. Il s'agit d'un moment unique dans l'histoire de Diafosa qui se doit d'être suivi par tous les élèves et notre communauté. Les futurs membres du conseil sont responsables de votre avenir, alors ne négligez pas cette semaine si particulière.

Un vampire aux dreadlocks leva la main.

— Les cours n'étaient pas banalisés avant, pourquoi ce changement ? Est-ce que vous comptez virer ces sales journalistes du campus ?

Ce garçon avait vu juste. La présence des journalistes, bien que j'aie réussi à les esquiver ce matin du fait de mon retard, devait peser sur tous les élèves.

Le professeur parut gêné, lui aussi ne supportait pas que des adultes aient un droit de regard sur ses enseignements et la vie sur le campus. Il allait répondre lorsqu'il fut interrompu par Gwenn qui venait de se lever de sa chaise. Son uniforme lui allait parfaitement et aucune mèche ne dépassait de sa queue de cheval. Elle s'avança au tableau telle une reine lors de son couronnement et plaça ses mains jointes devant elle.

— Je vais me permettre de répondre puisque je suis responsable de la présence des journalistes. Je dois d'abord vous rappeler l'état catastrophique de Diafosa après l'attaque de ces bandits. Nous avons d'ailleurs réussi à en savoir plus à leurs sujets. Les Protecteurs sont des surnaturels extrêmement violents qui s'en prennent à tout le monde sans distinction, ne vous fiez pas à leur nom. Ils comptent parmi leurs rangs des espèces rares et non répertoriées par le conseil. Nous ignorons donc tout de leur capacité, mais une chose est sûre : ils sont un danger pour l'école. Votre camarade, Ambre, peut d'ailleurs en témoigner, n'est-ce pas ? Comment étaient les protecteurs ? Ils sont armés jusqu'aux dents, ça devait être terrifiant !

Les élèves de la classe se tournèrent immédiatement dans ma direction. Gwenn se fichait éperdument de mon sort. Elle savait certainement beaucoup de choses au sujet des protecteurs. Je la soupçonnais même de savoir mon identité et mes origines surnaturelles. Mais, là n'était pas vraiment le problème pour le moment. Les protecteurs n'étaient pas responsables du traffic d'armes, et elle les accusait tout en sachant qu'elle était derrière tout ça. Quel était son but exactement ? Savait-elle que je jouais aussi un double jeu ? Défendre les protecteurs d'une quelconque façon était une très mauvaise idée dans cette situation. Ma couverture devait rester secrète jusqu'à ce que je trouve une solution.

— Heureusement, Ambre s'en est sortie, mais je ne veux pas que ce genre de choses se reproduisent, poursuivit-elle. Aussi, ce tragique événement a été forcément remarqué par l'OIS, c'est d'ailleurs pourquoi je suis ici. Si jamais je quitte le campus, attendez-vous à ce que les agents occupent les lieux jour et nuit.

— Et donc, tu vas nous dire que tu es notre sauveuse, c'est ça ? cracha Ali qui venait apparemment de se réveiller.

— Je ne suis pas votre sauveuse, lui répondit-elle en secouant tristement la tête. Je veux seulement préserver l'école et ses étudiants. Les journalistes sont la seule condition pour que l'OIS nous laisse tranquille. Ils veulent se tenir au courant de ce qu'il se passe ici, et je m'engage à les faire partir aussitôt une fois que ...

— Une fois que tu seras élue ? la coupai-je. Je crois que tu n'es pas la seule dans ce cas là.

Sa bouche se crispa pendant quelques secondes, mais elle reprit son sourire de jeune fille innocente et prête à tout sacrifier pour les autres.

— Bien, toussa le professeur, vous pouvez vous asseoir. Le campus doit malheureusement supporter la présence des journalistes, mais si tout se passe bien, je suis certain qu'ils partiront illico presto. Alors, tenez-vous bien ! Je tenais également à vous prévenir d'une dernière chose. Ces épreuves seront extrêmement dangereuses, bien plus que les années précédentes. Ne vous inscrivez pas pour épater la galerie, réfléchissez-y bien car il n'y aura aucun retour en arrière.

Les étudiants se turent. Certains détournèrent les yeux, leurs ambitions partirent en néant avec ces simples paroles. Mais, ça ne fit que me motiver davantage et je compris en remarquant Gwenn me fixait d'un œil féroce, qu'elle était aussi résolue que moi.

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Coucou !
J'espère que vous avez passé de bonnes fêtes, merci beaucoup pour vos messages ( et vos fanarts en guise de cadeaux 😏❤️ ). Dites moi si le chapitre vous a plu !

À bientôt !