Chapitre 110 : À moi

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Mon putain de cœur venait de taper contre ma cage thoracique au point où j'eus un mouvement de recul. Je ne voulais pas que Leith sache ce que je ressente quelques heures avant le procès. Ce n'était pas comme s'il l'ignorait néanmoins. Après tout, dès les premiers instants où Leith m'avait fait comprendre qu'il me désirait, je lui avais dit exactement la même chose. Mais aujourd'hui, notre relation avait évolué. Nous n'étions plus seulement deux ennemis qui se jaugeaient. Toute cette animosité avait disparu. Enfin, c'était ce que je croyais, avant que Leith prenne la parole :

Que tout le monde sorte.

Sa voix, bien qu'elle ne soit qu'un murmure, avait été entendue par tous les étudiants. Son calme à faire peur aurait pu faire réveiller les morts des enfers. Mes yeux n'avaient pas quitté les siens qui me sondaient d'un bleu dont j'ignorais la signification. J'entendais à peine le grincement des chaises contre le parquet, les bruits de pas qui s'éloignaient vers la porte et les lumières tamisées qui tressautaient au rythme de ma nervosité.

Écoute, Leith, je ...

Tais-toi, me coupa-t-il.

Je me levai, sur mes gardes. Leith ne me ferait jamais de mal, mais il ne m'avait pas parlé comme ça depuis que nous avions fait la paix. Je remarquai que le tabouret à mes côtés était vide. Sean aussi avait obéi sans broncher.

Tu vas écouter attentivement ce que je vais te dire.

Le descendant de Leith posa ses mains sur mes épaules pour me forcer à me rassoir. Il les laissa là, répandant une agréable chaleur dans tout mon corps. Ses yeux bleus électriques n'avaient jamais été aussi proches.

Je t'aime, Ambre Riva. Et ça me rend fou que tu puisses croire le contraire.

La chaleur de la pièce monta de plusieurs degrés. J'avais chaud, froid, puis chaud à nouveau et mes joues devaient très certainement être rouges fluorescents malgré le manque de lumière. Pour la première fois de ma vie, je recevais une déclaration digne d'un film hollywoodien. J'avais toujours imaginé cette scène et savais mot pour mot ce que je devais dire. Après tout, je ne m'étais pas entraînée dans ma chambre avec mes poupées pour rien. « Et moi, je ne t'aime pas, Brandon. Laisse-moi ma liberté ». Sauf que les mots ne sortaient pas.

Dis-moi ce que je dois dire pour t'en persuader, me supplia Leith.

En fait, Leith n'avait rien besoin de dire du tout. Il me l'avait prouvé avec des actes. La prise en considération de mes sentiments, son changement de comportement envers les étudiants, sa patience, ses petites attentions... Leith avait quitté le conseil pour moi. Il avait renié ce qu'il était juste pour me sauver, moi, la petite Dragonne qui ne savait même pas qui elle était il y a quelques mois. C'était lui qui avait veillé à s'occuper de ma mère en pensant à mon bien-être sur le long terme. C'était lui qui avait révélé ses faiblesses lors des épreuves. Et c'était lui qui se tenait encore une fois devant moi avec des yeux aussi tristes et implorants. Alors, quelle putain d'excuse j'allais trouver cette fois ?

Non. Leith ne méritait pas ça. Il s'était livré à moi, lui qui devait montrer aucune faiblesse, et je devais autant lui donner en retour.

Tu veux savoir ce qui m'en empêche ? Oui, j'ai des sentiments amoureux pour toi, Leith, et je n'ai jamais voulu me l'avouer parce que je culpabilisais. J'ai l'impression d'être une putain de tarée d'aimer quelqu'un qui ne considérait même pas les étudiants comme des humains il y a quelques mois. Sauf que tu as changé, je le vois chaque jour, et... ça ne fait qu'augmenter ce que je ressens déjà pour toi !

GOD'S RETURN 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant