GOD'S RETURN 2

Chapitre 120 : Transformation

Une quinte de toux menaça de faire recracher mes poumons. L'impact du feu et des éclairs avait créé une fumée épaisse et âcre qui m'empêchait de respirer. Je ne voyais plus rien, à commencer par Anna qui se tenait pourtant à quelques mètres de moi auparavant.

— Anna ! hurlai-je alors que ma gorge me brûlait.

— Par ici, me fit-elle.

Je remarquai avec difficulté une silhouette que je m'empressai de rejoindre. J'étais terrorisée à l'idée de me retrouver seule. La Dragonne titubait sur ses deux jambes et tenait son flanc d'où s'écoulait un liquide rouge.

— Il a réussi à me toucher. Ce n'est rien de grave, mais je ne pourrais plus bouger.

Je mordis aussitôt mes lèvres en regardant à gauche puis à droite.

— Il faut trouver un médecin, il doit bien y en avoir un parmi les Protecteurs.

— Nous n'avons pas de temps à perdre, c'est maintenant qu'il faut vaincre Vlad, pendant qu'il ne possède pas son arme divine.

Le silence s'abattît entre nous. Je savais que cette attaque n'avait pas mis à mal Vlad. Ne me demandez pas comment j'en étais aussi persuadée, mais je le savais, c'était tout.

— Maintenant, c'est à toi de jouer, me confia Anna qui s'allongea avec difficulté au sol.

Je l'aidai en retirant les débris de la cité détruite. Son attaque et celle de Vlad avait complètement réduit en cendre les bâtiments qui nous entouraient plus tôt. Un clocher menaçait même de tomber à plusieurs mètres d'ici.

— Tu arrives à lui tenir tête ! Je ne suis qu'une novice, comment est-ce que tu veux que...

— Ta gueule, me coupa-t-elle d'une voix autoritaire. Tu vas te battre contre Vlad et le tuer. Je t'en fous une si tu as encore un discours aussi négatif.

Je me tus et déglutis en grimaçant. Je me retenai de pleurer et je savais que le poing d'Anna s'écraserait sur mon nez si elle voyait une larme dégouliner sur ma joue.

— Je n'ai jamais cru en toi, poursuivit-elle. Quand je t'ai vu dans cette forêt aussi frêle et perdue, j'ai tout de suite pensé que tu étais une cause perdue.

Super, merci.

— Kallisté aurait dû me choisir, c'est ce que je me suis répétée pendant des jours.

Je lui lançai un regard de travers.

— Oui bon, t'es censée me motiver là, pas me descendre.

— C'est ce que je fais. Regarde-toi aujourd'hui. Tu m'as soutenue contre Vlad. Tu n'as pas été une gêne, tu m'as aidé. Tu ne te rends pas compte de tout ce que tu as accompli jusqu'à présent. Même si tu n'as pas nos années d'expérience, tu es une débrouillarde et je ne connais pas plus têtue que toi. Alors, je veux que tu me fasses confiance, tu vas y arriver.

Je me répétai ses mots comme un mantra même si j'y croyais à moitié. Un étrange bruit nous remit en alerte, comme si quelqu'un essayait de se dégager d'un éboulement. Vlad avait donc bel et bien survécu.

Je pris une grande inspiration et me mit deux bonnes claques pour me réveiller. Anna respirait avec difficulté, aussi décidai-je de la laisse se reposer ici pour ne pas que Vlad puisse la repérer. Les déclins fumaient encore, témoins de la féroce bataille qui venait de se dérouler. La poussière flottait dans l'air, créant un voile de peur autour des ruines de la cité. Il ne restait plus rien sauf les restes de la charette de ce pauvre marchand. J'espérai que les autres Protecteurs aient pu continuer les combats plus loin, mais je n'entendais rien d'ici mis à part une brise qui sifflait désagréablement à mes oreilles.