Chapitre 5 : Le Château Des Protecteurs

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Le froid me faisait trembler de la tête au pied. Des flocons de neige s'entassaient sur les pavés de la cour centrale où les arbres nus avaient perdu toutes leurs couleurs. L'été me manquait. Non pour sa chaleur, sa faune sauvage, le son des vagues ou les rires des habitants de Phœnix profitant de leurs vacances, mais pour l'ancienne Ambre.

Mon innocence me manquait. Ma mère me manquait. Angie me manquait. Alec me manquait. Et même cet abruti de Leith me donnait la boule au ventre.

Je pinçais la peau de ma cuisse jusqu'au sang à chaque fois que je regrettais les retrouvailles avec mon père.

Il était là, sain et sauf, avec son habituelle chevelure brune indomptable et ses yeux qui ressemblaient tant aux miens. Il était là, et pourtant, j'avais affaire à un étranger. Un étranger qui avait abandonné sa famille et qui vouait une haine si profonde à l'encontre du monde entier qu'il m'était presque impossible d'y croire.

Je marchais en suivant un chemin imaginaire dans la cour. Laisser mes empreintes de pas dans la neige avait le don de m'apaiser. Cela faisait depuis presque une semaine que j'avais rejoins les protecteurs dans leur repère miteux. Aucun d'entre eux ne m'avait adressé la parole comme si j'étais une pestiférée, et c'était réciproque. Eux, pensaient que j'avais pactisé avec l'ennemi, et moi, je les voyais comme des meurtriers capable d'assassiner des enfants.

Seul mon père venait me voir de temps en temps dans la journée en me promettant qu'il me parlerait de tout. Sans oublier Anna qui s'amusait à me narguer lorsque je regagnais ma chambre dès la fin de l'après-midi.

J'avais été patiente, car comme avait dit la Dragonne, mon père devait s'occuper des protecteurs blessés lors du combat à Diafosa et gérer d'autres affaires « top secrètes ».

Mais aujourd'hui, je n'attendrais plus. Je voulais des réponses maintenant et si personne n'était capable de me donner ce que je voulais, je partirais.

Ambre ! cria mon père depuis l'escalier en colimaçon pour se faire entendre face au vent glacial. Viens !

Le repère des protecteurs était à faire froid dans le dos. Un vieux château abandonné avec des voutes et des donjons en pierre qui menaçait de s'écrouler à tout moment. Les murs étaient si ridicules que le vent s'engouffrait dans les pièces avec une facilité déconcertante. Pas de douche, ni de cuisine et encore moins d'eau chaude. Mes premiers jours ici avaient été catastrophiques, et j'étais loin de me douter que mon confort de vie pourrait tant me manquer.

Je veux te parler.

Mon père hocha la tête. Il avait certainement compris à mon regard que je n'attendrais pas davantage.

Très bien, ma puce. Ça tombe bien, j'ai du temps libre à t'accorder.

Soulagée, je le rejoignis à toute vitesse puis sautai la marche d'escalier manquante pour m'engouffrer dans le sinistre château. Un silence de mort nous accueillit, bien pire que les habituels cris que j'entendais depuis leur salle d'entraînement.

Le bureau de mon père se situait au dernier étage de la tour, si bien qu'il fallut une bonne dizaine de minutes pour y accéder. La cheminée faisait pale mine et était presque inutile lorsque je remarquai la bourrasque de vent qui s'engouffrait depuis une ouverture, mais je m'en approchais tout de même en tendant mes mains gercées par le froid.

Mon père resta debout en face de la fenêtre, un simple trou de pierre qui n'avait même pas de vitre avant de se tourner dans ma direction d'un air grave.

Ne t'attends pas à ce que les protecteurs t'accueillent les bras ouverts pour le moment, me dit-il de but en blanc. Cela fait une semaine que je négocie pour que quelqu'un t'entraîne. Anna est beaucoup trop occupée avec ses missions à l'extérieur, tu as du le remarquer.

Entraînement ? le coupai-je d'un air incrédule. Je ne resterai pas ici, papa. Je t'ai suivi seulement pour en savoir plus. J'ai attendu une semaine parce que tu as attendu des années avant de te montrer, mais si tu penses que je vais devenir une de tes fidèles tu te trompes.

Pourquoi m'avoir suivi dans ce cas ? Ambre, les protecteurs sont ta famille. Peut-être qu'ils ne le montrent pas encore, mais ils sont seulement méfiants à ton sujet. Tu es restée avec les descendants et à ce qu'on dit, tu étais ... tu allais te marier avec l'un d'entre eux.

Quoi ? hurlai-je en pivotant ma tête dans sa direction. Je n'allais pas me marier, jamais de la vie. Et je me fiche d'avoir la confiance des protecteurs. Je veux seulement éviter une guerre, papa.

La guerre est malheureusement inévitable, mais tu le comprendras bien assez tôt. Ici, les surnaturels qui ne sont pas sous la protection du conseil sont kidnappés dès leur plus jeune âge et sont esclaves toute leur vie. Il n'y a pas de place pour nous dans leur monde, mais tu es celle qui porte tous nos espoirs.

Je balayai d'un revers de la main sa dernière phrase qui avait le don de me rendre malade.

Je ne veux rien assumer du tout, d'accord ? Je ne suis personne et je n'ai rien de spécial non plus. Je sais à peine contrôler mes flammes et mon état de Berserk me fait faire des choses dont je n'ai même pas conscience. Qu'est-ce qu'il s'est passé avec le conseil et ... pourquoi est-ce que tu es parti ?

Mon père souffla longuement avant de s'assoir sur une chaise en bois à peine robuste pour supporter son poids. Il n'était pas ennuyé, il ne savait certainement pas par quoi commencer.

Le conseil est ... Ambre, je n'ai pas envie de prendre des pincettes comme lorsque tu étais enfant. Les choses que je m'apprête à te dire vont certainement bouleverser ton existence. Est-ce que tu veux tout de même les entendre ?

Oui, je veux tout savoir.

Mon monde avait déjà été bouleversé le jour de ma rencontre avec Alec. J'avais mis plus de temps qu'il ne fallait pour accepter la dure réalité, et y penser encore aujourd'hui me faisait presque sourire. Les descendants avaient d'abord été mes ennemies, puis avec le temps et ... de longs échanges tous plus rocambolesques les uns que les autres, j'avais appris à les apprécier malgré eux. Peu importe ce qui m'attendait pour la suite, j'avais déjà assez souffert de ce silence.

Le conseil a tenté de m'assassiner quand tu n'étais qu'une enfant. Ce sont les protecteurs qui m'ont sauvé ce jour là. Je leur dois la vie et ... vous auriez certainement subi le même sort si j'étais resté.

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Coucou !

J'espère que vous allez tous bien ( bientôt le week-end ! ) et que le chapitre vous aura plu. ON RETROUVE ENFIN AMBRE BORDEL ÇA M'AVAIT MANQUÉ 😭😭😭😭

À dimanche ! 🖤

GOD'S RETURN 2Where stories live. Discover now