Les Techs - Tome 2 : la Quatrième Guerre Mondiale

Partie 69 : amendements

Abhaya Singh :

Le retour à la base a été tout sauf triomphal, même si personne n'espérait obtenir mieux de la part du président Robertson. Au moins l'AGN devrait leur permettre de retrouver 5 et de détruire l'antenne. Mais ça ne résout pas la question des bombes T. Abhaya tente encore une fois de convaincre sa soeur :

"Je peux convaincre l'Hydre de repousser son attaque et de négocier si on fait un pas vers eux ! Tu sais que l'AGN n'acceptera jamais de détruire les bombes T. L'alien va s'en emparer d'un instant à l'autre ! Il faut agir et l'utiliser comme argument pour l'Hydre !

— Non ! On ne s'en mêle pas, comme on l'a dit. Tu ne te rends pas compte à quel point notre position est précaire ! Si on touche à un point aussi critique que les bombes, c'est nous que l'armée viendra chercher, ou qu'ils vont directement bombarder pour être sûrs de se débarrasser de tout le nid en une fois !

— Je suis d'accord, il faut qu'on s'en aille. Notre position est trop précaire, les gens que tu as recrutés ne sont pas fiables, et l'heure n'est plus à la reconstruction. Il faut qu'on se cache, voire qu'on se sépare. Mais on ne peut pas refuser de faire notre devoir alors que nous avons une occasion unique de sauver des millions de vie, Anura !

— Mon seul devoir est devant l'humanité entière ! Il faut rompre le contact avec cette chose, point final ! Maintenant ça suffit. Retourne dans tes quartiers ou rentre chez toi, ça m'est égal, mais tu en as assez fait comme ça. Je ne veux plus que tu parles avec les enfants. Ils ont déjà assez de soucis comme ça sans que tu ne leur mettes tête à l'envers en leur parlant de responsabilité ! Comment oses-tu leur mettre tout ça sur les épaules ? Ce ne sont que des enfants, ils n'ont rien fait de mal, et si l'AGN et l'Hydre sont assez stupides pour se sauter à la gorge, ce n'est pas de la faute des Techs !

— Arrêtez ça ! s'écrie 2. On s'en fiche de ce que les gens pensent de nous, de si c'est notre faute ou pas notre faute, ce qu'il faut c'est un plan qui marche ! On a dit à l'alien de ne pas envoyer les bombes T, mais on ne sait pas si elle va nous écouter nous ou les prières. On a dit à l'AGN de désamorcer les bombes T, mais ils ne nous écoutent pas. Alors il faut qu'on tente autre chose et que ça marche, cette fois !

— Et il faut qu'on évacue, insiste Abhaya. Si tu n'as rien à offrir à l'Hydre, ils vont mettre leur menace à exécution. On est en plein centre de Nava, on sera forcément touchés.

Anura jure et donne un coup dans le mur. De son côté, Abhaya serre les dents, mais elle doit rester diplomate. Jamais elle n'aurait cru que son entêtée de soeur se laisse à se point dominer par sa peur - ni que cette peur la pousse à se comporter de façon aussi stupide.

— Laisse-moi parler à l'Hydre, insiste Abhaya. Laisse-moi au moins gagner du temps.

— Les Techs n'iront pas dans le Sud, un point c'est tout !

— Ils iront s'ils le veulent, et tu es parfaitement incapable de les en empêcher. Si tu veux les garder en sécurité, c'est eux que tu dois convaincre en premier lieu !

— Qu'est-ce que tu racontes, on en a déjà discuté et on s'est bien compris, n'est-ce pas 2 ?

Anura se tourne vers la jeune fille qui ne retient pas son long soupir, les yeux levés vers le ciel :

— Professeur, ce que nous, nous voulons, c'est trouver un moyen d'empêcher l'alien de prendre les bombes T ! Et non, il ne faut pas détruire l'antenne ! On peut lui parler, c'est ce qu'on essaye de vous dire depuis le début !

— La preuve que non. Il ne vous écoute pas et c'est une menace !

— Il écoute les gens ! C'est pour ça que... Je vais essayer de faire comme madame Stuart l'a dit et de convaincre les gens directement d'arrêter de lui demander des choses, mais ça va prendre du temps ! Et on ne sait pas si les gens vont nous écouter. Et on pense qu'on devrait écouter Abhaya et tout faire pour que l'Hydre ne lance pas ses propres missiles. Si l'un d'entre nous doit y aller pour entamer les négociations, je veux bien le faire !

— C'est hors de question !

— Il faut bien que quelqu'un fasse quelque chose et si vous ne voulez pas qu'on suive notre plan, alors trouvez-en un autre !

Cette fois, Milley semble accuser le coup, et l'angoisse pointe dans son regard plutôt que la colère. Elle finit par lâcher :

— Déjà, fais ces annonces pour arrêter les prières, ça nous fera gagner un peu de temps. De mon côté, je vais préparer notre évacuation. Quant à toi, Abhaya, tu peux tenter de négocier avec l'Hydre, mais aucun Tech ne viendra les aider. S'ils veulent notre aide face à la SRAM, à eux de se débrouiller pour se relier au Réseau, ensuite les Techs les aideront à distance."

Abhaya acquiesce avant de filer vers sa chambre, priant pour qu'il ne soit pas trop tard...

Elle a si peu à proposer, et tant à obtenir. Elle sait que l'Hydre a bien l'intention de mener une guerre de terreur pour forcer l'AGN à capituler. Tout est fait pour pousser au maximum le Nord à la panique : un coup de semonce qui fait peu de dégâts mais prouve que les missiles peuvent passer les protections de l'AGN, une promesse de plusieurs attaques simultanées au bout de 24 heures qui vont fuir la population dans le chaos total, c'est une escalade bien calculée. Qui cache sans doute un manque d'équipement : rien ne dit combien de temps l'Hydre pourra continuer à attaquer après cette première salve ni même s'il pourra se défendre. Mais il continuera à tirer jusqu'au dernier missile, préférant réduire les deux camps en cendre que de garder ses chaines. Abhaya comprend ce sentiment. Lorsqu'elle a intégré Aurore, c'était aussi avec la ferme résolution d'aller jusqu'au bout.

Mais aujourd'hui, grâce aux Techs, elle a une autre solution à proposer, une solution qui les libérerait tout en restant pacifique. Elle doit les convaincre coûte que coûte...

Tandis que la connexion sécurisée se met en place, 2 la recontacte sur son ordinateur :

"Abhaya ? Vous n'avez pas encore envoyé le message ?

— Je suis en train, mais...

— 1 s'est réveillé. Il est choqué, mais il va bien. On a parlé tous ensemble, et on a décidé de vous faire confiance.

— De me faire confiance ?

— On va désamorcer les bombes T nous-mêmes. Convaincre les gens c'est trop long, et l'AGN fait n'importe quoi. Mais il faut que l'Hydre n'attaque pas. Dites-nous ce qu'on doit faire pour ça, on est prêts à faire n'importe quoi en échange, mais il faut qu'ils acceptent ! Sinon, on devra s'occuper de la défense du Nord nous-même.

— Comment ça, s'occuper de la défense ?

— On n'est pas vraiment sûrs de comment faire, pour être honnête. Mais si on arrive à convaincre l'alien de nous aider, on peut faire quelque chose de très grand avec le tech. Quelque chose qui pourra arrêter toutes les attaques...

Abhaya ne sait pas quoi répondre, ébahi par l'idée même d'un immense filet tech arrêtant les missiles... et de l'alien utilisant la matière tech récupérée de maison en maison, à la surface de pays entiers, en une masse dépassant complètement le contrôle humain. Ça ne risque pas d'apaiser la foule, mais ça pourrait parer au plus urgent.

— L'alien acceptera ? Tu disais qu'il devenait bizarre depuis que les gens paniquaient !

— Aucune idée. Mais parles-en quand même à l'Hydre. En tous cas on va essayer. Et on a une piste pour retrouver 5. Ce n'est pas une piste très fiable, mais c'est déjà mieux que l'AGN. Ils ne nous prendront pas notre soeur ! On a décidé qu'on n'allait pas rester enfermés dans notre nouveau bunker ou allez savoir où ! Dès qu'on commencera à évacuer, avec les autres, on va s'enfuir ! On ne veut plus écouter les ordres de tout le monde !

Abhaya a une vision des Techs dans la nature, en pleine guerre, bouleversés et la main sur l'épaule mentale d'un alien complètement déséquilibré. Quelles que soient leurs bonnes intentions, les conséquences pourraient être terribles.

— Non, ne faites pas ça ! Pas encore. Ne vous laissez pas faire si on essaye de vous écarter du Réseau, mais ne rejetez pas tout ce que les professeurs vous ont dit... Je sais que c'est dur, mais la situation est extrêmement complexe et il faut absolument que vous gardiez votre calme, d'accord ? Et que vous puissiez toujours compter sur les conseils de quelqu'un.

Le temps presse, et elle finit par conclure la conversation :

— Jedois y aller, mon contact ne restera pas connecté indéfiniment. Merci beaucoupde m'avoir donné de quoi négocier. Restez avec Anura pour l'instant, et nevous inquiétez pas. D'une façon ou d'une autre, on va retrouver 5 et tout fairerentrer dans l'ordre. Je te le promets."