Partie 83 : à travers Nava

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Yoro Samb :

Dans les films d'action, les héros ne s'arrêtent jamais pour reprendre leur souffle.

À présent, Yoro est certain que si, ils s'arrêtent, le plan doit juste être coupé au montage. Ils ne peuvent pas courir partout, se faire tabasser, se remettre à courir, franchir des gravats et courir encore sans jamais s'arrêter. Même John Walker s'arrête forcément à un moment ou à un autre alors qu'il est en pleine course contre la montre pour sauver la Terre.

En tous cas, Yoro Samb, espion, héros et présentement en train de sauver la Terre (au moins d'elle-même, et sans doute aussi de la première invasion alien qu'ils aient jamais connue), s'est arrêté pour reprendre son souffle.

La situation est merdique, il ne peut pas le nier. La ville de Nava est plongée dans le chaos le plus total, des gravats jonchent le sol même si la plupart des immeubles touchés sont encore debout, mais ça suffit pour qu'aucun véhicule ne puisse circuler à la part les secours. Les métros sont arrêtés. Et étant que les secours sont orchestrés par l'armée de l'AGN, Yoro n'a absolument aucune envie qu'ils réalisent qu'il y a deux sudiens dans leur petit groupe. Donc il faut quitter la ville à pied, sans se faire voir par les soldats. Et c'est compliqué.

Heureusement, Boris et Nora ont de l'expérience dans ce jeu de cache-cache et ils les guident assez efficacement. Courir, se cacher, guetter, courir, se cacher, guetter encore. Jusqu'à ce que Yoro demande une pause.

"On n'a pas le temps, répond Boris, plus on attend plus il y a de soldats qui viennent, et plus les routes sont dégagées.

— Justement, si on n'arrive pas à mettre la main sur un véhicule on va passer la nuit à marcher rien que pour atteindre la banlieue. C'est Nava ici ! C'est gigantesque ! Il nous faut un autre plan.

Nora lui demande, inquiète :

— Ça va ta tête ?

— Ça va, c'était qu'un coup de poing...

— Oui, mais tu as vomi deux fois et je n'aime pas la façon dont tu marches. Tu te sens bien ?

Non, Yoro ne se sent pas bien, et plus ils avancent, pire c'est. Sa tête commence à lui faire bien plus mal que le reste de ses blessures. Mais ce n'était qu'un coup de poing. Enfin, plusieurs coups de poing, il s'est quand même fait passer à tabac et ce n'est jamais une partie de plaisir de crapahuter dans une ville en guerre par la suite, mais le coup qui l'a vraiment sonné n'était qu'un coup de poing. Aucun héros n'a jamais fait un traumatisme crânien en se prenant un coup de poing - ce serait la mort des films d'action si ça arrivait. L'idée même est beaucoup trop ridicule. Donc Yoro agite la main en dénégation et répond :

— Je me sens aussi bien que n'importe quel gars qui s'est fait fracasser. Je suis juste fatigué. Et je suis sûr que le professeur Centauros aussi. On est à peu près à l'abri, on ne peut pas juste s'arrêter un peu et réfléchir ? On peut trouver un meilleur plan. Et il faut qu'on contacte Milley, aussi. C'est certain qu'elle n'est plus en ville.

— C'est dangereux, répond Nora, ils surveillent sans doute toutes les communications...

— Pas les miennes. J'ai mon ordinateur, non ? Aucun problème. Et peut-être que Milley pourra nous envoyer quelqu'un. Là, je ne...

Il s'arrête lorsque Boris lui fait un signe abrupt. Le géant s'est redressé et placé en protection devant leur petit groupe, tandis qu'un inconnu est apparu au bout de leur allée. Yoro tend le cou pour voir de qui il s'agit, visiblement ce n'est pas un soldat. L'homme est hagard et terrifié. Un civil. Il les aborde en disant :

— Vous... vous évacuez ? On peut... on peut évacuer, maintenant ? Quelqu'un sait quelque chose ?

— On ne sait rien de plus, répond Boris d'un terme et légèrement menaçant. Ils nous laissent avancer à pied.

Les Techs - Tome 2 : la Quatrième Guerre MondialeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant