Les Techs - Tome 2 : la Quatrième Guerre Mondiale

Partie 64 : réveil douloureux

Ombre/Myra :

5 émerge lentement du coma. Dès son arrivée au manoir familial, elle a été transportée dans la chambre sécurisée de leur hôpital privé et branchée à tous les équipements binaires en stock. Bart est à son chevet, en tant que médecin de la famille, mais il n'a pas pu faire grand-chose. Le temps que 5 ait été amenée jusqu'ici, son corps avait déjà commencé à s'autoréparer et il a préféré ne pas opérer pour ne pas perturber le processus. Processus qui le fascine, d'ailleurs. Il est resté des heures à fixer les plaies qui se résorbaient lentement. Ombre le comprend très bien. Elle en a fait autant, tout comme Naelya Tosrak, qui couve 5 d'un regard de prédateur.

À présent, la blessure n'est plus qu'une grosse masse cicatricielle encore un peu rouge. Aucun choc septique n'a démarré ni aucune inflammation. 5 semble dormir, même si ses ondes cérébrales indiquent un état de conscience bien plus faible. Peu à peu, elles aussi reviennent à la normale. Les humains de la pièce attendent son réveil d'un instant à l'autre.

"Tu peux y aller, Bart, déclare brusquement Naelya.

— Pourquoi ?

— Elle n'a plus besoin de toi. On t'appellera s'il y a un problème. Et dis à la cuisine de nous envoyer quelque chose. Elle va avoir faim quand elle se réveillera.

— Et si vous avez besoin de la faire parler ?

— Elle a huit ans, elle est seule loin du Réseau et de sa fratrie, et Myra est avec moi. Je ne crois pas qu'on aura besoin de tes services. Et si c'est le cas, on t'appellera."

Bart grommelle une vague protestation mais s'exécute. Ça ne sert à rien de discuter face à Naelya quand elle est aussi décidée. Ombre n'ajoute rien - ça ne ferait qu'énerver son cousin - mais elle est d'accord avec sa tante : mieux vaut utiliser la diplomatie plutôt que la violence dans un premier temps. Rien ne dit que la petite y croira, mais au moins ça devrait la rassurer assez pour qu'elle donne quelques informations. Ensuite, elle tentera sans doute de s'échapper. Se heurtera au désespoir de sa condition. Et là, elle sera mûre pour passer un accord. Tant qu'elle reste à l'écart du Réseau, elle reste gérable.

Elles attendent encore. Ombre estime en son for intérieur que sa tante aurait bien mieux à faire que de rester là alors que le monde est en pleine crise, mais elle ne risquerait pas à le lui dire. Naelya veut être la première personne que 5 verra dans sa nouvelle vie, et rien ni personne ne la feront changer d'avis.

La respiration de 5 est calme et régulière, tout comme les battements de son coeur d'après le bip des machines. Ses paupières frémissent. D'un instant à l'autre...

Enfin, elle ouvre les yeux. Et se met à hurler. Des hurlements perçants d'enfant, pas de peur, mais de rage, une crise de colère dépourvue de mots, tandis qu'elle tire de toutes ses forces sur ses bras et ses jambes pour les arracher à ses liens. Naelya lâche un petit rire devant le spectacle. Elle a toujours apprécié les enfants qui avaient du caractère - le but est de les éduquer à l'employer utilement, pas de les briser. Ni de les dorloter. Ce n'est pas le genre de la famille.

Naelya se penche sur 5, qui ne semble même pas avoir besoin de reprendre son souffle, et lui dit calmement :

" Inutile de crier. Tu es prisonnière et personne ne t'entendra.

5 la fusille du regard, et crie encore plus fort. Au moins ses poumons vont bien.

Naelya la toise avec un léger sourire.

— Allons, tu ne vas pas me faire croire que tu as peur ?

— J'ai pas peur de vous ! réplique aussitôt la fillette malgré ses tremblements.