Les Techs - Tome 2 : la Quatrième Guerre Mondiale

Partie 40 : quatre plans au moins

Ombre/Yulia :

Ombre sait qu'elle devrait être satisfaite. Sa stratégie a convaincu Naelya Tosrak et elle va pouvoir tenter sa chance en poursuivant son infiltration auprès des Techs. Ce ne sera sans doute pas elle qui aura 5, mais ce n'est pas grave si elle arrive à lever l'obstacle principal et à se rapprocher des autres. Utiliser Hindgame et la laisser s'évader sans l'interroger est très risqué, mais c'est un pari qui peut rapporter gros...

Mais elle s'inquiète. Et le fait d'être enfermée dans son rôle de Yulia avec Hindgame n'aide pas, alors que tout ce qu'elle voudrait, c'est une dose de morphine et vingt-quatre heures de sommeil. C'est finalement bien Bart qui s'est occupé de lui infliger des blessures convaincantes, et bien sûr ce psychopathe n'y est pas allé de main morte. Elle n'a rien subi qui l'entraverait dans son évasion, mais elle souffre le martyre.

La cellule est petite et complètement vide. Au centre, un trou d'une dizaine de centimètres de diamètre permet de se soulager. Ils ont nourri Hindgame pendant qu'Ombre était en "interrogatoire" et n'ont bien sûr rien laissé. L'ancienne attachée de presse est assise dans un coin, plaquée contre le mur comme si elle voulait se fusionner avec lui. Elle s'attend sans doute à être la prochaine à passer à l'interrogatoire...

Ombre prend une lente inspiration, comme si elle rassemblait tout son courage pour parler. Elle doit incarner Yulia, une jeune agente du B.A.G.N. idéaliste. Sa première réaction est évidente :

"Je n'ai pas parlé.

Hindgame se redresse immédiatement et boitille vers elle. On lui a enlevé sa canne, évidemment.

— Qu'est-ce qu'ils vous ont demandé ?

— Pas grand-chose, en fait. Ils savaient déjà pour Milley et les Techs dans la tour SRAM. Ils m'ont posé des questions sur Mok. Je n'ai rien dit. J'aurais dû leur mentir, mais je ne savais pas ce qu'ils allaient vous demander, je pensais qu'ils vous avaient posé les mêmes questions...

— Ils ne m'ont rien demandé. Et maintenant ils nous remettent ensemble... c'est mauvais signe.

— Mauvais pour quoi ? demande Ombre faussement naïve.

— Ils ne nous ont pas capturés pour avoir des informations, mais des otages.

— Mais ils m'ont frappée... Ce n'était pas pour rien, quand même !

Ombre sait pleurer sur demande, s'il le faut. À cet instant, avec la douleur lancinante qui parcourt son corps entier - surtout le bras droit, ce salaud lui a gentiment demandé si elle était bien gauchère avant de lui fêler l'os - ça n'a rien de difficile de faire couler quelques larmes. Et puis elle est fatiguée. L'évasion n'est pas prévue avant le lendemain, il faut vraiment qu'elle se trouve un peu de temps pour dormir, et de préférence pas à même de ce sol dégoûtant.

Hindgame ne répond pas. Il aurait peut-être été cruel de sa part de faire remarquer que terrifier une prisonnière n'est pas inutile, ça permet de démarrer un ascendant mental sur elle, pour mieux la briser ensuite. Au lieu de ça, elle enlace Yulia dans un geste de réconfort le plus délicat possible.

Bien. Au moins le lien commence à s'établir. Ombre s'appuie sur l'épaule de sa codétenue et sanglote encore un peu pour marquer le coup, avant de se reprendre :

— Vous... vous pensez qu'ils vont venir nous aider ?

— S'ils le peuvent, répond Hindgame. Et si c'est prudent. Pas si ça doit faire courir un risque aux Techs. Je suis désolée... Mais ils sont beaucoup plus précieux que nous.

— Je... je sais ça. Et ils sont si petits... il faut absolument les protéger. Mais... et l'autre petit ? Mok ? Qu'est-ce qu'on peut faire pour le tirer de là ?