Les Techs - Tome 2 : la Quatrième Guerre Mondiale

Partie 46 : sortie de secours

Edwige Indiana :

Edwige sait que, contrairement au gamin, elle ne va pas réussir à courir très longtemps. Déjà ses poumons la brûlent. C'est temporaire, en tout cas ça doit être ignoré, elle doit se concentrer sur une question bien plus pertinente : comment s'échapper d'ici.

Éviter le tech et les caméras, déjà. Éviter les rues principales. Ici, il y a peu de tech, juste de quoi connecter les ordinateurs et coordonner les stocks et les chargements. Beaucoup de choses sont automatisées en binaire, et il y a tout de même quelques humains pour surveiller tout ça. Ils ont leurs propres passages. Mais ces ruelles ne sont que des raccourcis, ensuite il faut trouver un autre moyen d'atteindre une zone sûre...

Un portail les arrête net dans leur course. Évidemment, même sans carte d'accès tech il faut des clés, des codes... Et pendant ce temps les voitures se rapprochent, les gens doivent commencer à sillonner la zone...

Elle se tourne vers Mok. C'est un préjugé forgé par des années de films et de séries, mais là-dedans les HR semblent tous savoir, de manière innée, forcer une serrure. Et vivre avec un flingue à la main. L'un ou l'autre pourrait les tirer d'affaire à présent...

Elle lui demande, hors d'haleine :

"Tu peux ouvrir ça ?

Il jauge la porte et répond :

— Oui, une fois je peux.

— Comment ça ?

Il montre la bille qu'il tient toujours à la main.

— Ça ouvre tout. Mais j'ai une seule me reste.

— Oh.

Donc, le portail serait une mauvaise idée, derrière il y a sans doute bien d'autres serrures, et au final ils déboucheraient à nouveau sur une rue avec du tech. Ils pourront jouer à cache-cache avec leurs poursuivants un certain temps, mais pas éternellement. La Voix ne semble pas capable de les cacher ou de les aider d'une autre manière. Edwige demande :

— Tu as une arme ? Un outil ? N'importe quoi ?

Il la regarde d'un air las et hausse les épaules. Après tout, c'est elle l'équipe de sauvetage. C'est elle qui est venue complètement inéquipée. Ce qui peut se comprendre, jamais elle n'aurait anticipé faire une chose pareille... Mais c'est une erreur qui ne pardonne pas.

Elle regarde tout autour d'elle, cherchant une solution, passant en revue tout ce qu'elle sait. Se rendre aux antiterroristes ? Ils ne feraient pas de mal à un enfant, quand même ? Au moins ils garderaient Mok à l'abri de ses kidnappeurs. Tout ça la dépasse tellement, comment a-t-elle pu croire qu'elle serait capable de...

Son regard s'arrête sur une plaque d'égout. Elle n'avait jamais imaginé les égouts au niveau de la mer. Il ne doit pas y avoir grand-chose de filtré avant de sortir dans l'océan. Mais c'est relié au même système que toute la ville, et c'est sans trace de tech, sûr et certain.

Impossible de l'ouvrir, la plaque n'a pas la moindre prise, et elle est sans doute scellée. La jeune fille demande à Mok :

— Ton truc... ça peut ouvrir cette plaque ? Même si ce n'est pas électronique ?

Il hoche la tête. Est-ce qu'il comprend tout ce qu'elle dit ? Est-ce qu'ils ont l'électricité dans les Ghettos ? Est-ce qu'ils ne vont pas gâcher un atout précieux ? Est-ce qu'ils ont le choix ?

— Vas-y, dit Edwige. Ouvre-la, on va pouvoir s'échapper par là.

Il attend quelques secondes, comme s'il voulait être bien sûr, mais avant qu'elle ne se répète il lance la bille.