Chapitre 10

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1 an plus tard:

La jeune fille était dans un parc, près d'un étang clair. L'herbe y était florissante et verte tout comme les roseaux qui lui chatouillaient les pieds. Les chants des oiseaux étaient agréables et semblables à des mélodies. Allongée et en débardeur, la jeune fille bronzait sous un soleil de plomb. Les nuages désertaient le ciel d'un bleu parfait. Le léger vent chaud venait caresser son visage. Puis elle se leva sur son séant pour se rafraîchir la nuque avec l'eau fraîche de l'étang. La jeune fille y glissa la main pour la porter ensuite à son cou. C'était vraiment une sensation de détente absolue qu'elle ferma les yeux de bien être.

Un léger courant d'air froid lui persécuta le bras droit ce qui la fit rouvrir les yeux. Elle se pétrifia devant le spectacle qui se dressait devant elle. Il n'y avait plus d'herbe verte ou de soleil chaleureux, seulement du givre et de la neige. Les flocons tombaient sur ses jambes et ses bras dénudés. Les oiseaux avaient déserté les lieux, leurs chants apaisants également. Grelottant de froid, elle s'approcha de l'étang qui étrangement n'était pas couvert d'une couche de glace. Au contraire, l'eau limpide et clair n'était pas troublée par la froideur de la température. Elle se pencha et elle vit son reflet. Une fille aux grands yeux aussi sombres que ses cheveux noirs qui flottaient au gré des bourrasques glacées.

L'eau se troubla légèrement dû à la tombée d'un flocon mais lorsque le reflet s'éclaircit de nouveau, elle vit autour de son cou une écharpe rouge. D'un rouge vif. Elle porta immédiatement la main à l'endroit où devrait se trouver l'écharpe et se rendit compte qu'elle en portait effectivement une.  Toutefois, elle avait toujours son fin débardeur et son short. La neige s'accumulait autour d'elle et recouvrait ses cheveux. Elle reposa les yeux sur l'étang quand elle vit un homme. Il marchait sur l'eau en sa direction, son long manteau noir flottant.

Majestueux, il avait un port altier mais la jeune fille ne l'identifiait pas. Pas à pas, il arriva à sa hauteur. Toujours sur l'eau, il lui tendit la main. Elle lui tendit la main et poussée par une force invisible, elle la saisit. L'homme la souleva comme si elle eût été une plume et la garda près d'elle. Il rabattit les pans de son long manteau, la protégeant de la neige qui tombait. La jeune fille sentit des effluves d'encens émaner de ce corps étranger et elle trouva cela très agréable. Levant la tête, elle perçut que l'homme la regardait également. Son aura rassurante la détendit et elle se laissa aller. Il la berçait telle une enfant. La jeune fille se pelotonna contre lui et s'endormit, entourée d'une écharpe rouge et d'un sourire bienveillant.

***

-Allez feignasse! Réveille toi et viens manger!

Erika posa sur la nappe bleue une quiche lorraine tout en jetant des coups d'oeil vers le poste allumé. Elle retourna dans la cuisine pour chercher le saladier et saisit les couverts dans le tiroir sous l'évier. Quand elle posa de nouveau le tout dans le salon, une jeune fille aux longs cheveux noirs était assise, rêveuse. Elle regardait la télévision d'un air distrait, son rêve fait de neige et d'écharpe rouge ne l'avait guère apaisé. Lorsqu'Erika s'assit à son tour, Daphne leva la tête vers elle et la remercia du bout des lèvres. Elle se saisit de la spatule pour servir quand elle se brûla en touchant le moule.

-Attention Daphne! Va te mettre de la crème. Il y en a dans la boîte à pharmacie, en haut à gauche.

Elle acquiesça avec reconnaissance et se dirigea vers le petit placard qui trônait dans la salle de bain. Elle dévissa le capuchon avant d'appliquer l'onguent sur son pouce. Efficace, il fit effet immédiatement  et calma les premières rougeurs. Comme un flash, cela lui rappela son rêve, l'écharpe soyeuse et rouge. Tandis qu'elle replaçait le tube de crème, elle se sentit frustrée de ne pas avoir toutes les pièces du puzzle. La jeune femme retorurna dans le salon et eût l'agréable sensation d'être choyée par sa colocataire car Erika avait garni son assiette de salade et d'une part de quiche. Cette fille mordue de maquillage était très attentionnée, parfois plus que sa propre mère.

-Merci.
-Mais ce n'est rien! Tu le sais depuis tout ce temps.

Daphne savoura le plat. Il n'y avait pas photo, Erika était sans conteste la meilleure cuisinière qu'il lui était donner de rencontrer. Cela lui changeait des choux-fleurs insipides d'autrefois. La télévision crachotait des informations sans interêt. Toutefois, quand elle entendit le mot Cirque, elle releva la tête vivement. Voyant que ce n'était qu'un reportage sur les coulisses d'un cirque populaire nommé "Polinto", elle repiqua du nez dans son assiette.

-Oh mais ils sont jolis ces costumes! Regarde c'est un extrait de leur spectacle! S'exclama  Erika.

Daphne, jeta un coup d'œil à l'écran pour faire plaisir à sa colocataire. Elle vit un numéro de trapèze et des dompteurs d'animaux. Rien d'exceptionnel. La séquence suivante  montrait des jongleurs sur des patins et des danseuses aux allures exotiques.

-Ça a l'air chouette! J'aimerai bien y faire un tour. Tu viendrais avec moi?
-Non.

Daphne refusa sans ménagement car elle avait décidé de ne plus mettre un pied dans un cirque. Si c'était pour revivre le sentiment d'abandon qu'elle avait vécut il a 1 ans, c'était hors de question. Le Cirque Mystique avait disparu sans laisser d'adresse.

-Allez! S'il te plait, allons y ce soir! En plus ce n'est pas loin!
-J'ai dit non!

Erika prit un air conspirateur, réfléchissant à l'argument choc qui ferait ployer son amie.

-Si tu refuse, j'inviterai Étienne pour le dîner...

Daphne, outrée, lui fit les gros yeux. Il fallait dire qu'Etienne était un jeune homme plutôt envahissant qui la harcelait pour un rendez vous. Elle s'apprêtait à répliquer lorsqu'un bruit sourd persécuta la fenêtre. Elle se levèrent de concert pour voir l'origine de ce bruit mais Daphne eût un mauvais pressentiment. Un oiseau au regard impertinent se tenait à la rambarde de leur balcon. Casper. Il tenait en son bec une feuille qu'il laissa choir. Ce bout de papier fut le signe de trop pour la jeune femme. Le Cirque Mystique était de retour... Son coeur se remit à battre.

 Son coeur se remit à battre

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Le Cirque MystiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant