Chapitre 27: j'ai essayé de vivre mais ...

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Je m'excuse pour le retard, je n'avais pas le temps et j'avais un maux de dents atroce.

Attention : des propos de violences sont abordés dans cette partie.

Bonne lecture

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Mes yeux fermés, le son de la merveilleuse Symphonie n°6 ou « Pathétique » de Tchaikowsky en bruit de fond, cassant ce silence qui règne dans la voiture alors que nous sommes en route vers chez mes parents, mon cerveau n'arrête pas de penser à ce qui s'est passé hier soir et aux déclarations de Saphir, et je n'ai pas pu m'empêcher de me poser ces question sans réponse, pourquoi maintenant ? Pourquoi il fallait qu'il m'avoue ses sentiments exactement le même jour où les miens envers Khalil ont refait surface avec force ? Est-ce qu'il a entendu ma conversation avec ma sœur ? Ou est ce qu'il a su que Khalil est revenu ? Ou est ce que c'est juste une coïncidence? J'ai pris une inspiration profonde en invoquant Allah de me faire sortir de cet état pathétique où je suis maintenant, mon âme vient de se calmer, et franchement je ne suis pas prête pour un nouveau bouleversement dans ma vie, j'en ai assez !

Hier Soir

Les souvenirs, ces moments qui font de nous ce que nous sommes aujourd'hui et que nous allons, un jour, raconter à nos enfants et petits enfants. Les souvenirs, c'est le passé qui nous fait sourire en s'en rappelant, ou qui nous torture parce que nous avons perdu des gens qui ont fait de ce passé un temps trop agréable et qui ont participé à sa construction. Malheureusement c'est le deuxième cas que je suis entrain de vivre en ce moment, allongée sur mon dos entrain de regarder le plafond, après plusieurs tentatives pour dormir sans y parvenir. En cet instant je me sens comme une prisonnière de mes moments et mes souvenirs avec Khalil, j'ai tout fait pour les chasser et les éviter, mais rien y fait, elles sont persévérantes et veulent accomplir leur tache de me torturer et me faire culpabiliser, oui, je me sens coupable envers Saphir, je suis son épouse et je ne dois penser à personne d'autres que lui. J'ai éteint la lumière pour me forcer à dormir, mais quelques instants après je l'ai rallumé, l'obscurité de la chambre éclairée seulement par la lumière de la pleine lune, et mes yeux que j'ai fermé, n'ont fait qu'intensifier mon envie de voir et retrouver cet homme aux yeux bleus. J'ai pris une inspiration profonde et j'allais me lever afin d'aller faire mes ablutions pour prier quelques Rakaât, quand Saphir est entré dans notre chambre, ce qui m'a perturbé, je me suis sentie comme un voleur qu'on vient de trouver en flagrant délit, et je me suis rallongée en déglutissant.

- Je pensais que tu dormais! dit Saphir en fermant la porte de la chambre.

- Non, je n'y arrive pas, balbutiai-je.

Il a hoché sa tête en me regardant sceptiquement, il s'est dirigé vers le lit et il s'est glissé sous la couette.

- Je suis très fatigué, je ne veux que dormir, souffla Saphir avant de tourner sa tête vers moi et me fixer longuement.

J'ai détourné mon regard pour qu'il ne voie pas la culpabilité qui couvre mon âme en ce moment, et j'ai tendu ma main pour éteindre la lumière de la veilleuse, mais il m'a arrêté.

- Attends.

Je l'ai regardé, mais il est resté silencieux toujours en me fixant, comme si il essayait de me déchiffrer.

- Es-tu heureuse ? demanda Saphir en fronçant ses sourcils.

- Comment ? Balbutiai-je troublée par sa question qui m'a pris complètement au dépourvu.

- Est-ce que tu es heureuse? répéta-t-il en me regardant directement dans les yeux avant d'ajouter après une petite pause. Avec moi ?

J'ai baissé mes yeux me concentrant sur le Nike écrite sur son pull, je ne savais pas comment répondre à sa question, suis-je heureuse ? Sincèrement je ne sais pas, si être heureuse c'est de me sentir bien dans ma peau après mon rapprochement d'Allah, avoir un toit, ne manquer de rien, avoir un mari qui, malgré notre passé ensemble, me parait maintenant exemplaire, et une vie de couple que je peux qualifier de stable, avoir une bonne relation avec mon entourage, et un travail que je fais avec joie, donc oui je suis heureuse. Mais si être une femme heureuse c'est d'avoir à mes côtés la personne à laquelle j'ai donné mon cœur, en dépit des conditions de notre vie, donc non je ne suis pas heureuse.

Wafa-J'ai tenté le diable (Série des femmes et des femmes, N°1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant