Chapitre 48.1 : J'ai bu du même verre que je lui ai servis

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Bonne lecture

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Pirée, Grèce, Aout 2016.

Un silence éloquent a pris place entre nous, un silence, comme celui qui précède une tempête attendue, lourd de tension, d'appréhension et surtout de préparation psychique pour ce qui va se passer après, ou en réalité raconté après, sauf que dans mon cas je connais ma tempête et j'ai déjà vécu ses conséquences. J'ai arrêté de parler pour me préparer à ce que je vais faire sortir de ma bouche, et pour donner un peu de temps à Khalil pour souffler avant de recommencer mon récit qui ne sera pas rempli des paroles des chansons d'amour, d'ailleurs je ressens déjà son inquiétude et je vois sur son visage une certaine incertitude sur sa volonté de vouloir m'écouter, donc je lui laisse un peu de temps pour se décider.

En effet, ce qui était difficile d'avouer à Khalil, avant ce moment, c'est mon adultère et la vraie raison de notre divorce, mais aussi le fait que je suis tombée amoureuse de l'homme qui était la raison de notre séparation, dont j'ai honte de me l'avouer, sans oublier bien sûr que j'avais une grande participation dans cette séparation. Par contre, ce qui est difficile, pour moi, dans ce que je vais raconter maintenant, peut être dans quelques secondes ou minutes, c'est de revivre les événements que j'avais décidé d'oublier, de ne plus y penser pour pouvoir guérir mes maux, qui sont encore là, sur mon corps et dans mon esprits, et que j'essaie de cacher par mes vêtements et de les fuir en prenant des somnifères et des antidépresseurs. Ce que j'ai vécu pendant et après ce voyage, était pour moi, plus pire que ce que j'ai vécu avant. Si avant j'avais perdu Khalil, et beaucoup de trait de ma personnalité, après notre voyage j'ai perdu ce qui restait de ma personnalité et j'ai su ce que c'est de vivre sans âme et sans but, si avant je me débattais pour ne pas perdre espoir dans la vie, après ce voyage j'ai perdu même l'instinct de la vie, il y avait des nuits où je souhaitais ne pas me réveiller le lendemain.

En réalité, quand je racontais à Khalil, qui baisse sa tête maintenant en fixant ses mains posées sur la table, perdu dans ses pensées, les erreurs et les horreurs que j'ai faite, je n'avais pas seulement honte de lui, mais j'avais honte de moi-même, et en ce moment je me demande où était ma conscience quand j'ai cédé à Lui et à quoi pensai-je en laissant un autre homme me toucher alors qu'il n'est pas mon mari? Comment j'ai pu espérer qu'une relation qui était construite sur une erreur et un mal infligé envers d'autres personnes, notamment Khalil et ma famille que j'ai trahis, peut avoir un avenir promettant? Comment j'ai pu fermer mes yeux sur tous les signes qui me disaient que notre mariage n'aura aucun résultat satisfaisant ? J'étais assez stupide d'espérer, mais est ce qu'on peut me reprocher le fait que je faisais de mon mieux afin d'unir ce qui est impossible de rassembler, le fait que je voulais vivre le bonheur au cœur du mal et la réussite au cœur d'une situation vouée à l'échec ? Est ce qu'on peut me reprocher que j'étais tellement concentrée sur le but de lui donner une famille que j'ai fermé mes yeux sur tout les signes, claires, de l'impossibilité de son changement et qu'il était entrain de se nourrir de ma force et il a fini par m'affaiblir? Je sais que j'ai fais beaucoup d'erreur, mais est ce que ma bonne intention en faisait partie? Depuis que les problèmes ont reconnu leur chemin, de nouveau vers ma vie, je ne cessais de me poser ces questions, mais jusqu'à maintenant je n'ai pas trouvé de réponses satisfaisantes, et de toute façon ceci ne sert plus à rien, la tempête est passé et ses dégâts sont encore là.

- Au fait, il n'y aurait pas de lumière dans ce que tu vas me raconter, n'est ce pas ?

J'ai levé ma tête, que j'avais baissée inconsciemment à un certain moment, pour regarder Khalil qui fixait encore ses mains, il n'arrivait même pas à me regarder, je sais qu'il est très empathique, mais je ne m'attendais pas à ce que mon histoire l'affecte à ce point, surtout la partie de ma vie conjugale et qui ne le concerne plus. J'ai respiré profondément avant de lui répondre.

Wafa-J'ai tenté le diable (Série des femmes et des femmes, N°1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant