Chapitre 29 : Je suis confuse!

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Il me culpabilise et manipule mes émotions

Bonne lecture

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Janvier 2012

Ils disent que le diamant est le meilleur ami dela femme, et moi je dis que le miroir est le meilleur ami de la femme. Comment ne pas l'être alors que c'est le seul fidèle qui lui avoue sa réalité tel qu'elle est, et l'aide, aussi, à cacher cette réalité avec perfection. Cet objet qui se présente sous toute forme et taille, petit ou grand, rond, carré ou hexagone, il accompagne la gente féminine depuis qu'elle connait son existence, que ce soit pour vérifier sa tenue, changer de coiffure, ou mettre du maquillage afin de se faire belle, ou camoufler un hématome sur sa joue, un œil au beurre noir, les traces des mains qui voulaient l'étrangler sur son cou, une cicatrice sur son front ou changer le pansement de son nez cassé comme celui d'un champion de boxe, sauf que ce dernier a reçu un trophée qui lui a fait oublier l'état de son nez, alors qu'elle n'a reçu que des coups pour lui rappeler sa vraie valeur dans les yeux de son homme, une femme qui n'a aucune utilité dans la vie sauf d'obéir et assurer la continuité de sa famille sur terre. Donc le miroir n'est pas seulement un objet inerte, mais un outil qui raconte l'histoire de la femme, son état d'âme à travers ces fenêtres qu'on appelle des yeux, l'effet de la diminution de la collagène avec le temps sur son visage, et la situation de sa vie conjugale.

En cet instant où je suis entrain de faire toute une théorie fondée sur le miroir et méditer sur son utilité, je regarde, en mettant une main sur le bord du lavabo alors que l'autre est emprisonnée dans une attelle, le reflet de mon visage sur le dit objet qui se trouve dans notre salle de bain. En analysant les traces de la "tendresse" de mon mari qui a embelli mon visage avec un hématome sur ma joue où il m'a giflé répétitivement, une blessure sur le coté gauche de mes lèvres où il avait l'habitude de m'embrasser, des hématomes et des traces des coups de ceintures qui ont rendu mon corps comme un tableau d'art abstrait, et ma mine funèbre digne d'une personne morte, je peux déclarer avec une "fierté" sans égale que désormais je fais partie des femmes battues, et le 25 Novembre 2012*, je ferai partie des statistiques de la violence contre la femme marocaine, ou peut être même contre la femme à l'échelle internationale, qui seront présentées dans le journal télévisé de 20 heure sur les deux chaines nationales, avec des sociologues qui vont décortiquer ce "phénomène"et son effet non seulement sur la femme mais sur la famille et la société, et des activistes féministes qui vont lever le V du victoire devant le visage des hommes avec de nouvelles lois en faveur de la femme et un numéro vert pour appeler en cas de violence conjugale, mais enfin de compte rien ne changera, les statistiques ne font qu'augmenter, et les femmes sont toujours les victimes d'eux même avec leur silence. Peut être que j'exagère dans ma réaction, ce n'est que ma première fois et peut être quelle sera la dernière, ou peut être quelle ne sera que le début? Je ne sais pas, mais je me demande comment vivent ces femmes qui sont dans des cas pire que le mien, et qui subissent la violence conjugale depuis des années ? Est ce qu'elles ont sentie la même chose que moi le lendemain de leur première fois? Une pitié et empathie envers soi-même? Ou est ce qu'elles se sont demandées si elles méritaient cette punition pour une raison connu seulement par le conjoint?

Maintenant je me rappelle de cette question que les autres femmes, non-battues, se posaient en parlant de ma "catégorie", comment peut-on avoir des enfants avec un homme qui nous frappe et nous rabaisse? Mais la vraie question cachée derrière celle-ci est : comment est ce qu'on peut se donner à cet homme violent et avoir un rapport sexuel avec lui ? Est ce que je serai moi aussi comme elles ? Accepter d'être frappée, rabaissée et humiliée, et au même temps accepter de partager mon corps avec lui? Je ne sais vraiment pas. Tous ce que je sais c'est que la première phrase que j'ai prononcée le lendemain de ma nuit agitée, sans pouvoir ouvrir mes yeux, ou bouger mes extrémités était: j'ai survécu, et sincèrement je ne suis pas prête à répéter la même phrase une autre fois. J'étais dans un état entre la conscience et l'inconscience que je me suis sentie comme une rescapée de guerre, je me sentais comme attachée et mon corps me faisait terriblement mal que je n'arrivais plus à bouger confortablement. Quand j'ai enfin ouvert ces deux sphères qui m'ont servis pour témoigner à la cruauté de mon accompagnant, ce dernier est venu pour inspecter mon état, et m'a donné un médicament que j'ai pris sans connaitre son utilité et quelques instants après je me suis endormie. Les deux jours qui ont suivi, j'étais totalement consciente malgré que les antidouleurs et somnifères que me donnait mon mari étaient forts, mais quand je me réveillais j'arrivais à me localiser, mais je ne parlais pas, je ne voulais pas parler à celui qui m'a mis dans cet état.

Wafa-J'ai tenté le diable (Série des femmes et des femmes, N°1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant