Les Techs - Tome 1 : les secrets du Laboratoire

Partie 117 : complets

1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7

À présent que les derniers Techs sont hors de danger, M. Edmund tient à ce que le groupe continue à avancer sans les attendre, assurant qu'ils les rejoindront facilement. Ce qui est vrai : les enfants sont reliés par le Réseau et n'ont aucun mal à se retrouver. Les autres repèrent l'arrivée de nouveaux venus au hurlement poussé par Josh dès le premier mort. Il n'est pourtant plus très impressionnant ni très reconnaissable, à moitié momifié par l'air sec du Laboratoire. Mais personne n'avait pensé à prévenir l'acteur. Mok ne dit rien, craignant de déclencher la colère du mort. Il est bien moins croyant que certains enfants assistants du Prophète, mais il y a des risques qu'il préfère ne pas prendre pour le moment. Il se contente donc d'effectuer un salut de la main en direction du cadavre, au cas où celui-ci n'apprécierait pas cette irruption impolie sur son territoire, et poursuit sa route.

Josh ne veut pas continuer. Il refuse de toute son âme l'idée de continuer. Il refuse tout autant celle de faire demi-tour et de se retrouver coincé par le conflit. 4, étonné, lui dit :

« Alors, tu viens ?

— Non ! Bon sang, c'est... c'est...

— Je ne sais pas, dit l'enfant dont le visage se ferme. Je n'arrive pas à le reconnaître. Mais il est mort et ça fait longtemps. Et nous on est vivant. Alors il faut avancer.

— Mais...

— Il faudra l'enterrer, dit 5. Je crois que c'est Allan. Il a les cheveux bruns.

— Ou Stephen, dit 3. Il est plus grand qu'Allan.

— C'est parce qu'il est couché...

— Je ne sais pas. Mais oui. Il faudra tous les enterrer. Ou quelque chose comme ça.

— TOUS ?! s'exclame Josh. Il y en a d'autres ?

Les trois Techs sont tristes. Ils ne le montraient pas, parce qu'ils sont enfin rentrés chez eux, parce qu'ils vont rejoindre les autres et les professeurs, parce qu'ils ont un but, parce que ce ne sont plus eux qui ont l'écrasante responsabilité d'eux-mêmes. Ça détournait leur attention. Maintenant leur chagrin reste sobre devant les morts. Ils ont l'impression que ce n'est pas le moment de pleurer. L'histoire n'est pas finie. Plus tard, peut-être, sans doute, ils pleureront. Pour le moment ils doivent avancer jusqu'à la conclusion. Et la réaction horrifiée de Josh, terrifié par ceux qui ont été leurs proches, les agace profondément.

C'est 4, le plus patient et celui qui connaît le mieux Josh, qui lui répond le plus gentiment qu'il peut :

— Oui. Quand les soldats nous ont attaqués, ils ont tué des gens. Je te l'ai expliqué. Mais les soldats ne sont plus là. On peut continuer.

— Mais... mais... vous les connaissiez ?

— On connaissait tout le monde sur l'île. Ils étaient tous là pour s'occuper de nous.

— Et ça ne vous fait rien de vous balader à côté des cadavres ?

— Si. C'est triste. Mais on ne peut plus rien changer. »

Ce qui fait enfin taire l'acteur et le décide à marcher sans faire plus d'histoires, c'est la sombre résignation de l'enfant. L'adulte se rend enfin compte que sa peine est réelle. Il s'en veut de son égoïsme. Cet endroit était leur maison, ces gens étaient leur entourage. Ce serait à lui de les soutenir dans cette épreuve, pas l'inverse. Il ne sait pas comment faire et se tait. Et malgré toutes ses bonnes résolutions, il ne peut pas s'empêcher de frissonner en passant à côté du mort. Ni de crier à nouveau quand ils tombent sur le suivant — une femme encore assise à son bureau, la tête renversée en arrière dans un angle impossible. 4 ne dit rien et prend la main de Josh. Il ne la lâche pas jusqu'à ce qu'ils arrivent à rejoindre le groupe de M. Edmund.