Chapitre 5

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« Un jour j'ai demandé à mon frère de 5 ans s'il avait peur des monstres sous son lit.

Il m'a alors répondu que non car il avait déjà vu le diable. » , de moi-même.

*****  


La pluie fait rage à l'extérieur. Emmitouflée dans ma vieille couverture, ça fait maintenant une heure que mes parents m'ont envoyée dans ma chambre pour qu'ils puissent « discuter ». Je n'arrive pas à croire la facilité avec laquelle ils ont réussi à « gober » tout ce que l'autre leur a dit.

Après tout, elle leur a carrément annoncé que j'ai des « pouvoirs ». Ça n'a pas eu l'air de les déranger plus que ça, c'était comme si elle les avait informé que je n'étais pas blonde !

D'autre part je me sens aussi comme trahie. Mon avis n'a pas été demandé et j'ai comme l'impression qu'ils essayent de se débarrasser de moi ou quelque chose dans le genre.

Je me suis toujours efforcée d'être aimante, agréable, gentille, facile à vivre, malgré mes « insomnies », et c'était pour m'éviter ça. L'éloignement, c'est ma plus grande peur.

Quitter tout ce que j'ai connu pour aller ailleurs. J'y tremble rien qu'en y pensant. J'aime les habitudes que j'ai ici : mon chat (même si il est devenu un peu bizarre), mes parents, mes amies (malgré le nombre très restreint que j'ai).

Mon téléphone qui est près de moi vibre et j'étire ma main pour l'attraper. Lorsque j'ai l'écran sous les yeux, c'est le nom de Jane qui s'affiche. Je décroche alors :

- Allo ?

- Gillian Ross ? , me demande une voix qui n'est pas celle de Jane. Je dirais que c'est une femme et qu'elle est plus âgée.

- Oui c'est moi

- Je suis madame La Rose, la mère de Jane.

- Oh, fais-je et au bout du fil je peux l'entendre renifler. Je poursuis néanmoins : « est ce qu'elle va bien ? »

- Oui, dit madame La Rose en se raclant la gorge, et je me sens très mal à l'aise, « nous sommes toujours à l'hôpital mais Jane va bien par la grâce de Dieu. »

Je fronce les sourcils à ce qu'elle dit, mais je me garde bien de lui dire que c'est en partie grâce aux médecins que sa fille va mieux.

- Tant mieux. Est-ce que je pourrais lui parler ?

- Je suis désolé Gillian mais pas maintenant. Demain peut-être, rétorque-t-elle avant de s'arrêter de parler, puis continue d'un ton las : « nous serons certainement libérées demain et Jane te rappellera. »

Avant même que je ne puisse répondre, elle coupe brusquement la communication. Brusquée mais pas choquée je repose mon téléphone à mes côtés. Jane est populaire et elle a dû recevoir des tas d'appels aujourd'hui après son « accident ». Sa mère en a sûrement marre. Il est quand même 20h.

Deux coups brefs retentissent à ma porte. Le temps que je dise oui, elle s'ouvre sur mes deux parents.

Oh joie.

Je me redresse et mes yeux se plissent lorsqu'ils allument la lumière. Je déteste lorsqu'ils font ça.

- Qu'est-ce que tu faisais dans le noir ?, me demande ma mère. Ils restent près de la porte et ne s'approchent pas.

C'est quoi leur problème ?

- Je parlais avec les esprits, réponds-je et ma mère blanchit. Mon père est toujours droit et n'a pas l'air d'apprécier. Ce n'est pas le moment de faire mon effrontée je sais, mais ils sont très étranges.

NEAWhere stories live. Discover now