Chapitre 45

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" Par la seule force de sa volonté, elle parvenait à rendre ses hallucinations plus puissantes que la réalité", De  Denis Lehane.

******* 

Après avoir quitté la chambre de Lau, je suis allée dans la mienne afin de me préparer. Une fois apprêtée, je me regarde dans le miroir de ma salle de bain. Je n'y vois que mon visage, cependant celui-ci me semble convenable.

L'estomac noué, je sors de ma chambre, traverse le couloir menant au salon, puis je sors du QG. Je m'engage dans le couloir de notre aile et comme toujours, son apparence lugubre me donne la chair de poule. Je presse alors le pas pour vite arriver à destination, cependant lorsque j'en suis proche, je ralentis, ma boule d'appréhension revenant au galop.

Enfin j'arrive devant le miroir qui mène de l'autre côté. Je reste plantée devant celui-ci comme une statue incapable de franchir un pas en avant. Je regarde mon reflet, je suis étonnée de voir que les vêtements de Lau me vont plus ou moins bien parce que lorsque j'ai mis le croque top, il m'a plus moulé que je ne l'aurais crû.

Quoi qu'il en soit, même si je trouve le résultat final pas mal, je suis plus que nerveuse. En règle générale je déteste les confrontations et encore moins quand elles sont préméditées de la sorte. Inspirant un grand coup, j'essaie de ravaler mon anxiété et trouve le courage de passer de l'autre côté.

A peine ais-je fais un pas que je sens sa présence.

Gabin est là. Automatiquement, je lève la tête vers les rambardes, mais ne distingue pas sa silhouette. Néanmoins, je sais qu'il est là. C'est comme un sixième sens.

Cependant toujours aussi peu éclairé, le ciel noir translucide voilé de ses drôles d'étoiles, donne à cet endroit une ambiance presque intimiste. Je me sens d'ailleurs rougir à cette pensée, car même si ce n'est pas la première fois que je m'aventure ici la nuit tombée, je n'avais jamais songé de cette façon et du coup ça me gêne énormément.

Je me sens brusquement mal à l'aise et je me retrouve à tirer sur le haut de Lau qui me semble tout à coup très inconfortable et très collant. Je continue à regarder fixement les rambardes attendant que Gabin sorte de l'ombre parce que je suis persuadée qu'il y est tapi.

Soudain, en une fraction de seconde, je le vois apparaître, avant qu'il n'enjambe les rambardes et ne saute d'en haut pour atterrir juste à quelques pas de moi.

Il ne bouge pas et moi non plus. A peine si j'ose respirer. Revoir Gabin dans la cour de l'institut, la salle commune ou alors la cafétéria est une chose. Me retrouver ici en tête à tête avec lui en est une autre.

- Gillian

Je fronce les sourcils et en un clignement des yeux Gabin disparait. Cependant ce n'est pas cette soudaine disparition qui m'intrigue et me surprend, mais plutôt la voix qui vient de m'interpeller.

Ce n'est pas celle qui vient me parler d'habitude. Celle-ci est totalement différente, mais je ne saurais dire si c'est une voix d'homme ou de femme. Cependant elle est tout aussi envoutante que l'autre.

La preuve c'est que, sans réellement le vouloir, je me mets à marcher en direction des escaliers lorsqu'elle m'interpelle une seconde fois.

Comme une litanie elle ne fait que répéter mon nom. Tout ce qui est autour de moi a l'air de ne plus exister. Il ne reste plus que la voix et moi.

Lorsqu'elle arrête de scander mon nom, je cesse automatiquement de marcher. J'ai l'impression de « revenir » à moi, et je me rends compte que je suis à présent à l'étage, en face du tableau des ancêtres.

NEADove le storie prendono vita. Scoprilo ora