Chapitre 13

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Je rêve que je me noie. Tout d'abord, le poids de mes vêtements me pousse vers le fond du bassin, alors que je tente désespérément de remonter à la surface. Sauf qu'il n'y a pas de fond. Juste un trou sans fin, noir comme la nuit.

Ensuite, je sens mes poumons me brûler. Je voudrais tousser, mais je n'y arrive pas. Lorsque j'ouvre ma bouche, un flot de liquide transparent entre dans ma bouche, et je suis obligée de la refermer. J'ai besoin d'air.

Après, je sens quelque chose de dur peser sur ma tête. Mes paupières entre-ouvertes ne me permettent pas de voir de quoi il s'agit, et cela me fait paniquer. Mes mains repoussent cet objet lourd, mais il est plus fort que moi.

Je voudrais crier, appeler à l'aide, mais je sais pertinemment que personne ne m'entendrait, ne me verrait.


La voix d'Ethan épelant mon nom me fait me réveiller en sursaut. Je me redresse sur les coudes, tournant la tête de part et d'autre de mes épaules. En premier lieu, je ne saisis pas où je suis. La pièce est blanche, mes draps également. Je suis allongée sur un lit semblable à celui que j'ai dans mon dortoir. Il n'y a rien sur les murs, juste un rideau ouvert devant moi, à quelques mètres, qui semble donner sur un couloir tout aussi blanc. Derrière moi, j'entends le bruit des machines, et lorsque je baisse le regard vers mon bras droit, je vois que je suis reliée à quelque chose par une sorte de tuyau.

Mes yeux vaquent vers Ethan. Assis sur une chaise près du lit, il a la mine inquiète et fatiguée. Ses cheveux blonds tombent sur son front, et il porte une chemise bleue, que je remarque comme étant la même que celle qu'ont les infirmiers.

Avant même que j'ai pu ouvrir la bouche, il me devance.

-Comment te sens-tu ? Tu nous as fait une sacrée peur, en t'évanouissant comme la dernière fois, Brume. Tes poumons te brûlent toujours ?

Je me redresse en position assise, tout en me débattant avec l'espèce de tuyau branché sur ma main. La douleur dans ma poitrine s'est atténuée, même si je sens toujours ma respiration siffler lorsque j'inspire.

-Je vais mieux, dis-je, puis je reporte mon attention sur sa chemise bleue. Ethan, je peux te poser une question ?

Le blond m'encourage d'un signe de tête. Cela fait depuis que je suis arrivée que je m'interroge sur son « rôle » au Parcours. Je pense avoir ma petite idée, mais elle n'est pas logique.

-Tu travailles pour le Parcours, n'est-ce pas ?

Il s'est déjà relevé et s'apprête à sortir de la pièce mais il se retourne.

-C'est exact. En tant qu'infirmier. Et j'ai du boulot, là.

Il me plante là, avec mes questions, me laissant seule dans la pièce froide et blanche. Comment peut-il travailler ici, puisqu'il n'a que dix-neuf ans, et non vingt-deux ?

« Arrête de poser des questions », me murmure en seule réponse une petite voix dans ma tête.


La sonnerie habituelle annonçant les Résultats retentit soudain, parvenant étrangement à mes oreilles comme bourrées de coton. Ethan apparaît à la porte, me faisant signe d'avancer.

Chaque pas dans les longs couloirs du Parcours est une torture pour moi. La douleur remonte le long de mes muscles endoloris, mes poumons me brûlent à chacune de mes respirations. Plusieurs fois, je dois me faire violence pour ne pas montrer trop que j'ai mal.

« Forte. Sois forte. Ne leur montre pas ta douleur. » La petite voix dans ma tête m'encourage au rythme de mon avancée.

Au bout d'un moment qui me semble une éternité, nous arrivons devant le réfectoire. Ethan pousse la porte, marquant le fin du silence du couloir sombre.

TERRIENNE (édité)Where stories live. Discover now