Chapitre 8

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Encore sous le choc de ce que je viens d'apprendre, de comprendre, je suis incapable de faire le moindre mouvement. Mes parents se trouvent face à moi, les bras ballants. J'observe leurs visages : ils ont l'air en forme, heureux de leur nouvelle vie sur leur nouvelle planète.

Peut-être aurais-je dû me lever pour les serrer dans mes bras, leur parler, après ces nombreux jours d'absence. Mais je n'éprouve que du dégoût envers mes géniteurs.Et de la haine. J'avais espéré, tout au fond de moi, qu'ils reviendraient vers moi, qu'on reprendrait notre vie comme avant.

Maintenant, je sais que ce sera impossible. Mes pensées s'embrouillent petit à petit. Je les déteste. Je les déteste pour ce qu'ils font, ce qu'il m'ont fait,ce qu'ils sont devenus.

-Brume, ma chérie, murmure ma mère au bout d'un long moment. Nous pouvons tout t'expliquer.

-Depuis quand ? Hein ? Depuis quand organisez-vous ça ? la coupé-je. Non, je ne veux même pas le savoir. Je ne veux rien savoir de vos manigances.

-Brume, répète mon paternel d'une voix ferme.

Mais je ne l'écoute pas. Hunter me tend une main pour que je me relève, que j'accepte avec grâce. Je tremble de rage de tous mes membres. Je serre les poings pour me calmer, et prends la parole d'une voix pleine d'une rancune que je ne cherche pas à cacher.

-Comment osez-vous faire ça à Neuf ?Comment osez-vous faire ça à ces personnes qui ont accueilli nos ancêtres ? Qui nous ont nourri, hébergés tout ce temps ?

Dans la pénombre, j'aperçois les yeux de ma mère briller de larmes. Avant, du temps où j'habitais sur Neuf, je l'aurais sûrement prise dans mes bras en lui disant que j'étais désolée. Maintenant, je m'en fiche totalement. Me tournant vers les garçons, qui assistent à la scène depuis le début sans rien dire, je leur fais signe d'avancer.

-Brume, Hunter, vous devez rester avec nous, impose mon père dans mon dos.

Je laisse un ricanement m'échapper.

-Pour qu'on fasse des expériences sur nous ? Même pas en rêve.

Alors que nous tournons au coin de la ruelle plongée dans l'obscurité, la voix de mon paternel parvient à mes oreilles.

-Attrapez-les tous les trois,ordonne-t-il d'une voix bourrue. Ils ne faut pas qu'ils s'échappent.

C'est à ce moment-là que nous recommençons à courir.



Je ne tiens plus qu'à l'adrénaline.C'est la haine que j'éprouve contre mes parents qui me pousse, me donne la force d'avancer, de mettre un pas devant l'autre sans regarder en arrière. Finalement, les vrais monstres, ce ne sont pas Hunter et moi, comme le pensent les Terriens, mais mes géniteurs. Je n'en reviens toujours pas ; comment peuvent-ils faire cela à notre planète ? Que leur est-il passé par la tête ? Je me souviens du visage paisible et souriant de ma mère lorsque je rentrais chez moi après l'école, et plus tard, lorsque je revenais du Parcours une fois par semaine. Comment a-t-elle pu changer autant en peu de temps ?

-Ça va aller, Brume ? me murmure Hunter tout en continuant de trottiner.

-Ouais, ne t'inquiète pas. La seule chose dont on doit se préoccuper pour l'instant, c'est leur échapper.

Au bout d'un long moment à suivre Noam dans le dédale de ruelles, il se stoppe devant un mur de pierres.

-Pourquoi s'arrête-t-on ?demandé-je en jetant un œil autour de moi. Je ne sais pas si quelqu'un nous suit ou non, et ne préfère pas prendre de risques.

TERRIENNE (édité)Where stories live. Discover now