TERRIENNE (édité)

Chapitre 10

Le ciel se lève doucement à l'horizon, les rayons du soleil caressent ma peau, me réchauffant quelque peu. Je m'assois en tailleur sur le sol, les mains posées sur la carte devant moi. Je lève un instant les yeux sur Noam, qui se tient de l'autre côté de la feuille, posée entre nous deux.

Les trois autres membres de notre groupe sont encore endormis, pas le moins du monde perturbés par la luminosité qui s'élève de seconde en seconde. Même Hunter, malgré ses réticences, s'est laissé emporté par le sommeil. Mon regard glisse sur lui ; les traits de son visage sont détendus, paisibles.

Je reporte mon attention sur le chemin que la carte nous indique. D'après Noam, nous devons aujourd'hui traverser le Bunker 7 - celui d'Isabella et Travis. Rien que d'y penser, mon cœur s'affole à une vitesse folle. Nous allons devoir nous montrer encore plus prudents que si nous passions dans un autre bunker, et ne pas nous faire repérer.

-On ferait mieux de partir dans deux heures, me propose Noam. Tout le monde sera à son travail, les rues seront désertes.

Il jette un coup d'œil à sa montre ; je parviens à apercevoir un bout de son tatouage, qui me rappelle le mien, présent sur mes côtes. D'une certaine manière, ils signifient tous deux que nous appartenons à un peuple, une nation. A l'exception faite que le blond n'a pas l'air fier de le porter. Moi, si.

Je me souviens encore du jour où le tatoueur m'a inscrit cette ancre sur mon corps, le jour de mes seize ans. Normalement, dans trois ans, je recevrai un autre tatouage, en forme de flèche, celui-ci. Si l'on parvient à retourner sur Neuf. D'où notre mission : rejoindre la Base.

Je ne sais pas encore comment nous nous y prendrons, une fois arrivés à la navette, pour monter à l'intérieur. Des gardes doivent sûrement garder la place et nous empêcherons de grimper. Peut-être même que nous sommes recherchés jusque là-bas et que l'on va nous livrer à mes parents et ceux qui veulent se servir de nous comme expériences.

Peut-être que Noam et Isabella ont raison, après tout. Peut-être que mon idée, qui me paraissait pourtant bonne, est en réalité une mission suicide.

Cependant, je veux y croire. J'ai l'espoir que nous allons y arriver. Peu importe les difficultés, nous y parviendrons coûte que coûte. Je le sais.

-Au fait, Brume, me lance Noam après un long moment où je regardais dans le vague, je ne sais pas si je te l'ai déjà dit, mais tu as une sacrée technique pour le combat en corps à corps. Je n'ose pas imaginer ce que ça donnerait, avec une arme.

Il a sorti ces phrases comme ça, sans que je ne sache pourquoi. Ce n'est pas dans ses habitudes de complimenter quelqu'un, pourtant.

Je pourrais lui renvoyer une pique, ou le complimenter à mon tour, mais tout ce que je trouve à dire, c'est un minable « merci » dénué d'émotion.

-Tu as passé combien de temps au Parcours ?

Ah. Il cherche à faire la conversation, donc. Peut-être que lui aussi trouve le temps long, en attendant que les autres se réveillent.

Mais je n'ai pas le temps de répondre qu'un bruit parvient à mon ouïe. Je jette un regard alarmé à Noam, qui me le rend.

Le bruit, une sorte de frottement, se reproduit quelques secondes après. Et il semble provenir du bâtiment.

Je me fige, le cœur remonté dans ma gorge. Noam ne me quitte pas du regard, et, du pied, il fait glisser mon couteau jusqu'à moi. Je l'attrape sans faire de bruit.

Isabella, Travis et Hunter semblent n'avoir rien remarqué. Noam se lève et me fait signe de le suivre.

-Ce n'est pas une bonne idée de les laiss..., commencé-je en murmurant.