Chapitre 16

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Ma tête tourne lorsque j'ouvre les paupières, qui se referment aussitôt. Dès que je sens tout ne tangue plus autour de moi, je me risque à observer les alentours. Je suis allongée sur le sol froid de la petite navette qui nous a emmenés ici. En grognant de douleur, je me redresse sur mes coudes. Hunter est en pleine discussion avec Trial, tous deux assis sur des sièges. Je suppose que j'ai dû m'évanouir à cause du choc reçu sur la tête. Lorsque je porte une main à l'arrière de mon crâne, une souffrance vive se ranime, et je grimace en silence.

Hunter semble remarquer mes mouvements, car sa tête pivote vers moi et un sourire s'orne sur ses lèvres. Trial et lui se sont tus, et il s'approche de moi. Sa lèvre est fendue et il porte un coquard à l'œil droit. Je ne dois pas être mieux, à priori.

-Comment te sens-tu  ? demande-t-il en s'accroupissant à mon niveau.

Je souris, même si mes muscles me font mal, avant de me mettre sur mes pieds.

-Tout va bien, le rassuré-je. J'ai dormi longtemps  ?

-La navette a décollé il y a cinq minutes, m'informe Trial depuis sa place. On arrive dans une heure, environ. Venez, il faut que vous repreniez des forces.

Elle frappe dans ses mains et quelques secondes plus tard, un homme apparaît, des plats de bouillie et des vitamines dans les bras. Après qu'il ait tourné les talons, je fronce les sourcils en désignant la bouillie devant mes yeux.

-Comment se fait-il qu'il y ait toujours autant de nourriture  ? demandé-je, curieuse.

-Les usines fonctionnent du mieux possible, répond calmement Trial de sa voix rauque. Malgré la guerre, les gens veulent continuer à vivre «  comme avant  », si on peut le dire. Et puis, il faut bien que quelqu'un gère ça, pour nourrir tout le monde.

-Et pour les vitamines  ?

-Les vitamines  ? répète-t-elle comme si je venais de prononcer quelque chose d'absurde. Ça ne sert à rien, ça. C'est encore un truc du Parcours, inutile.

Je m'apprête à riposter que les vitamines fonctionnent réellement, mais Hunter m'en empêche du regard. Alors je prends une bouchée de mon plat. Je n'ai pas dû manger depuis vingt-quatre heures, environ, et je meurs de faim.

-Où allons-nous, à présent  ? interrogé-je après que les plats soient repartis.

Trial se tourne vers Hunter, un air désespéré affiché sur le visage.

-Ne s'arrête-t-elle jamais de poser des questions ? s'enquit-elle.

-Non, répond Hunter en riant.

Il se fiche clairement de moi, et mon air agacé fait redoubler ses rires.

-On va sur Six, m'annonce finalement Trial. Ensuite, on terminera par Hydra. A chaque fois, je vous attendrai ici, mais je veux que vous fassiez vite. Les batailles de rue se font de plus en plus nombreuses et imprévisibles, et vous ne pouvez pas tomber dans l'une de ces bagarres.

Nous hochons simultanément la tête.

-Maintenant, reposez-vous un peu. Je serai dans la pièce à côté, si vous avez besoin de quelque chose. Vous n'avez qu'à appuyer sur le bouton à côté de vos sièges pour les faire s'allonger.

Elle quitte la pièce sans un mot de plus, et ferme la porte dans son dos. Aussitôt, le silence revient.

-Tu penses qu'on va se faire accueillir par les «  neutres  » de la même façon que sur Festa  ? demandé-je.

Ma tête se fait lourde, et j'étouffe un bâillement.

-Je n'espère pas. Dors un peu, petite blonde. On a encore du travail, après.

TERRIENNE (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant