Chapitre 10

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Lorsque j'émerge de mon sommeil, la lumière déjà allumée dans le dortoir traverse mes paupières closes. Je roule sur le côté, m'entortillant dans ma couette qui m'apporte peu de chaleur et ouvre les yeux. Clo, près de son lit, enroule une écharpe autour de son cou. Il n'y a personne.

Je me redresse, encore courbaturée depuis la veille, me frotte les yeux.

-Pourquoi la cloche n'a pas sonné ? dis-je en baillant.

Elle lève ses yeux marrons vers moi en attachant ses cheveux châtains en une tresse.

-Bonjour à toi aussi. C'est le jour où l'on voit nos parents. Chacun se lève à l'heure qu'il veut.

-Ah. Tout le monde est parti ?

-Tu veux dire Xyla et Fara ? Oui, elles se sont levées tôt. (Elle achève sa tresse et attrape un manteau.) Je pars maintenant. Qu'est-ce que tu vas faire durant toute la journée ? Hunter doit être parti lui aussi, tu risques d'être toute seule.

Je hausse les épaules tout en réfléchissant. Suis-je la seule à rester ici ? Je pose les pieds sur le sol froid.

-M'entraîner sûrement. J'ai encore beaucoup à faire si je veux terminer le Parcours la prochaine fois.

Clo hoche la tête. Elle ouvre la porte, laissant l'air du couloir parvenir dans la chambre.

-Bonne journée alors, ajoute-t-elle en m'adressant un geste de la main, puis la porte se referme sur ses gonds.

Je passe à la salle d'eau pour examiner mes blessures d'hier. Le résultat me fait grimacer. Un bleu recouvre la partie haute à gauche de mon visage, ma lèvre inférieure est fendue, sans compter les bleus également présents sur le reste de mon corps. Je m'habille du mieux que je peux, tentant de ne pas réveiller mes douleurs.

Je me rends ensuite au réfectoire, que je trouve désert. Un bras mécanique me tend un plateau, un bouillon de bouillie beige arrive encore fumant, et des vitamines glissent jusqu'à ce que je puisse les prendre. Je jette un coup d'œil dans la salle, ne repérant qu'un garçon aux cheveux violets dans un coin de la salle, puis une voix m'appelle à ma droite.

-Hé, Brume !

C'est Hunter, qui m'attend devant son plateau, sur une table. Je me glisse avec soulagement sur le banc en face de lui, le remerciant mentalement de ne pas me laisser seule aujourd'hui.

-Tu ne vois pas tes parents ? demandé-je en avalant mes vitamines. Pourtant, tu as réussi ton Parcours ?

-C'est une longue histoire, répond-t-il comme s'il y avait des choses plus importantes pour lui.

-Eh bien, justement, on a toute la journée ! Alors ?

Il sourit en secouant la tête.

-Tu es têtue, toi. J'aime bien. Alors, poursuit-il en se dégageant la gorge, commençons par le commencement. Depuis que je suis petit, mes parents ne s'intéressent pas à moi. Mon père me hait, il me criait tout le temps dessus quand j'étais chez eux ; quoi que je fasse, ce n'était pas assez bien pour lui. Ma mère ne s'est jamais occupée de moi. J'avais vraiment hâte de venir ici. Je crois qu'ils auraient préféré avoir une fille, mais bon. (Il chasse ses paroles d'un mouvement de la main.) J'aime pas trop passer pour un petit garçon qui n'a pas grandi dans la bonne famille et qu'il faut plaindre. Et toi ?

Ma cuillère est comme suspendue dans les airs, en chemin entre ma bouche et mon bol. Comment est-ce possible ? Je pensais que les parents comme ceux de Hunter étaient interdits par la loi ? Je me retiens de poser la question.

-Moi ? Oh... Mon père n'est pas souvent chez moi à cause de son travail. Je ne sais pas ce que c'est, mais ça lui prend beaucoup de temps. Ma mère est vraiment protectrice avec moi, par contre. Elle veut toujours savoir où je suis, ce que je fais... Elle a toujours peur pour moi.

TERRIENNE (édité)Where stories live. Discover now