Chapitre 17

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Le lendemain, lorsque j'arrive chez mes paternels, rien ne se passe comme d'habitude. Normalement, ma mère est là, mon père aussi, mais rarement, et nous discutons autour d'un bol de bouillie. Ensuite, je vais voir Beea - je ne parle plus à Meo, et elle non plus. Il paraît qu'il a trouvé sa moitié et qu'il n'a plus l'autorisation de fréquenter mon amie.

Mais aujourd'hui, tout est différent. La rue silencieuse m'accueille au moment où je descends du véhicule foncé. J'ouvre la porte, et j'entends des voix, plutôt fortes. Automatiquement, je m'arrête, ne faisant aucun bruit afin d'écouter.

Je ne suis pas de ce genre de personne qui écoute aux portes et qui fait sa fouine. Néanmoins, leur conversation peut sans doute m'aider à y voir plus clair dans ce que m'a dit ma mère il y a quelques temps.

Je tends l'oreille.

-Non. C'est hors de question. Elle ne peut pas !

C'est voix de ma mère.

-Écoute, Abby.

Et celle qui lui répond, celle de mon père.

-Pas question.

-Je t'en prie. C'est la chance de notre vie ! Il n'y aura pas d'autres opportunités. Nous devons la saisir.

-Elle ne voudra jamais. Et elle n'en a pas le droit. Nous non plus, d'ailleurs !

-Ce sont les Autorités elles-mêmes qui le permettent. Nous sommes les personnes qualifiées pour ! N'as-tu jamais rêvé d'y aller ? De voir ce que tes ancêtres ont vu ?

J'avouerai que je suis un peu perdue, mais je commence à avoir des doutes. Ils ne vont quand même pas... Non. Arrête de te faire des idées, me souffle ma conscience.

-Allons, Abby.

Je m'approche doucement, tous les sens à l'affût, de façon à voir où mes géniteurs se trouvent. La porte de la cuisine est entrouverte. Ma mère est assise à une chaise, la tête dans les mains, les coudes posés sur la table. Elle secoue la tête sans arrêt, comme pour chasser de mauvaises ondes. Mon père se tient adossé au plan de travail minuscule, les bras croisés. En face de moi.

Je me plaque contre le mur, de façon à ce qu'il ne m'aperçoive pas. Le silence s'est fait, à présent. Je n'entends que les battements de mon cœur et ma respiration.

-Elle les déteste, murmure ma mère au bout d'un moment. Elle ne voudra jamais.

Mon père bouge, je l'entends marcher à travers la pièce.

-Cesse de penser à elle un instant. Songe à toi. Voudrais-tu y aller ?

Ma mère semble hésiter.

Je sais qu'ils parlent de moi. Je le sais. Mais je ne parviens pas à savoir pourquoi. Il faut que j'arrive, que je sache de quoi il s'agit.

-Elle ne pourrait par rester ici. Elle ne -

-Qui ça elle ?

Autant feindre l'ignorance. Mes parents se retournent vers moi dans un sursaut et échangent un regard gêné. Un sourire se dessine faiblement sur le visage de mon paternel.

-Bonjour, Brume. Assieds-toi. Nous avons quelque chose à t'annoncer.

Je hausse les sourcils. Sa voix a un ton grave, et maintenant que je suis assez près, je vois que ses traits sont tirés et que ses yeux semblent fatigués. Il a des cernes violettes sous les paupières.

Ma mère prend ma main dans la sienne et la presse, un sourire qui se veut rassurant, mais faible, sur le visage.

-Depuis de longues années, commence mon père, de nombreux scientifiques font des recherches sur les autres planètes.
« Certains chercheurs se sont intéressés, au moment où nos ancêtres ont débarqué sur Neuf, à la Terre. Ils ont mené des études sur comment ces personnes avaient vécu, comment elles avaient pu survivre, ce qu'il y avait entre Terre et Neuf.
« Il y a trois ans, on nous a appris qu'un retour sur Terre serait possible dans les années à venir. Le voyage se ferait en une trentaine, une quarantaine de jours. C'est très peu comparé à ce que nos ancêtres ont fait pour venir jusqu'ici. Minuscule, même. Grâce aux avancées technologiques, on peut y arriver.

TERRIENNE (édité)Where stories live. Discover now